je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

samedi 25 avril 2009

petite absence

je ne serai pas là pendant 3 semaines mais je lirai quand même, ailleurs...
j'aurai des livres à vous dire à mon retour,
alors à bientôt

jeudi 23 avril 2009

Tom Rob SMITH : Enfant 44

Le premier roman de cet écrivain est un thriller oppressant et haletant où la peur est présente à chaque ligne.
L'histoire se déroule dans la Russie stalinienne en 1933 et 1953, Léo travaille pour le MGB police d'état chargée du contre espionnage. Zélé, impitoyable il applique à la lettre les principes dictés par l'Etat. Il arrête, torture, humilie sans état d'âme, véritable machine à broyer les consciences. Quand le fils de son ami est retrouvé mort, Léo doit faire face au doute de la famille qui pense à un assassinat. Mais dans un état sans classes, le crime n'existe pas. Avec la traque de ce tueur en série, commence alors pour Léo la remise en cause de l'intérêt du pays et de la grandeur de la révolution, véritable
La réussite de ce livre est la description de la vie d'un homme Léo, farouche défenseur du communisme stalinien, et de sa prise de conscience qui fissurera ses certitudes et fera basculer sa vie.
Un roman très fort et très fouillé avec un regard très implacable sur une longue page d'histoire de la Russie. Portraits d'hommes et de femmes pris dans la tourmente d'une politique, qui pour survivre seront capables de mensonge, trahison avec un dégoût de soi toujours plus fort.
Peinture sombre et témoignage poignant sur une société où l'homme devient le plus grand danger pour l'homme, ce roman est saisissant. A lire absolument.

vendredi 17 avril 2009

Yasushi INOUE : La mort, l'amour et les vagues

Petite merveille que ce recueil de trois récits qui nous parlent de couples unis ou désunis dans une comédie de l'amour qui ressemble à tout sauf à de l'amour, enfin le vrai !! . Dans "Anniversaire de mariage", le héros veuf depuis deux ans reste fidèle à la mémoire de sa femme. Il se pose des questions sur les sentiments qui les unissaient. L'union dans la médiocrité, la complicité dans la même avarice, l'entente dans le refus de toute fantaisie entraînent ce couple peu sympathique dans une illusion de l'amour. La description de cette fameuse lune de miel ressemble plus à une hallucination, elle reste le seul moment sentimental dans leur vie.
Dans "Le jardin de pierres", Uomi et Mitsuko terminent leur voyage de noces par la visite de ce très célèbre jardin à Kyoto. Cette promenade dans ce jardin d'inspiration zen rappelle des souvenirs à Uomi. Oui il se souvient. Il est des lieux, comme des rencontres qui révèlent des sentiments enfouis. Ce sont des instants magiques où le besoin de loyauté est très fort. Uomi le paiera cher, l'amour ne supporte pas la trahison.
Le récit éponyme de ce recueil, raconte l'histoire d'un homme et d'une femme qui se rencontrent dans un hôtel sur une falaise. Ils sont là pour la même raison, ils doivent se suicider. La jeune femme veut mourir à cause d'un chagrin d'amour, lui c'est un homme d'affaires rattrapé par une faillite financière et il se donne deux jours de délais pour terminer un livre. Rien ne se passe comme prévu, et il y a une grande désespérance dans cette rencontre. Où est l'amour ? pas loin...
Dans un pays où la notion de suicide reste la valeur suprême de courage et de réparation, Inoué montre que l'on peut vivre encore pour l'amour de la vie, de la rencontre, de la connaissance.
Ces personnages, ces couples profondément antipathiques dans leur façon d'aborder la vie et les sentiments sont troublants et nous surprennent par leurs fêlures. Trois récits d'une grande tristesse et d'un profond pessimisme, écrits d'une manière limpide et poétique nous montrent que finalement la vie ressemble souvent à de l'amour mais n'en est pas.

lundi 13 avril 2009

Duong Thu Huong : Au zénith

L'auteur a travaillé pendant 10 ans à ce livre, elle le dédie à un ami, assassiné par le régime communiste en place au Vietnam, qui lui révèle cet étonnant secret qui compose la trame de ce bouleversant roman. Le héros dont elle parle sans jamais dire son nom et qu'elle appelle "Président" on l'a deviné est le Président Ho Chi Minh, le Père de la nation.
En 1953, à plus de 60 ans il tombe éperdument amoureux d'une jeune montagnarde, Xuan. Avec elle il a 2 enfants, il songe enfin à une vie de famille et il demande d'officialiser cette relation. Mais ses camarades, assoiffés et étourdis de gloire et de pouvoir, ne peuvent accepter que le symbole de toute une lutte, de leur existence même, puisse avoir une vie trop personnelle. Bafouant ainsi l'amitié, la fidélité envers leur maître,la politique, l'Histoire, ils font assassiner la jeune femme et placent les 2 enfants dans des familles, sous surveillance.
C'est un formidable et courageux travail de mémoire que fait Duong Thu Huong en racontant l'histoire de cet homme, le Président, qui a porté jusqu'au bout les valeurs de son peuple et qui a été trahi par le régime communiste qu'il a lui même mis en place.
Pour donner du poids à cette tragédie, elle met en place quatre intrigues qui donnent une image plus humaine à ce personnage historique très controversé.
Véritable témoignage d'amour envers son pays et son peuple, courageux et fidèle, Duong Thu Huong rend hommage à ses hommes qui ont défendu l'espoir, les coutumes et les traditions, et qui ont été condamnés au silence et la souffrance.

Peuple meurtri dans un pays qui n'aspire qu'à l'harmonie et à la paix.
C'est la dure réalité qu'ont mis en place des hommes qui ont été dépassés par leur propre ambition. La gloire coupable de ternir les plus beaux idéaux, a fait de ces hommes des pantins d'une terrible comédie humaine. C'est le sort des héros qui deviennent trop humains.
C'est un beau livre avec une écriture fluide, même si à la fin j'ai trouvé le rythme trop lent, le paysage trop beau et les remords du Président trop littéraires.


samedi 4 avril 2009

Christophe Lafitte : A trop tendre l'oreille...

...on n'entend plus ses rêves. Voilà un premier livre pour cet auteur, 12 nouvelles très surprenantes qui balancent entre humour et frisson.
Ces histoires ont un lien très fort avec le passé, l'enfance, les souvenirs sont fortement présents. On est bien et pourtant il en faut peu et tout bascule et pourquoi d'ailleurs ça bascule ? Il y a beaucoup d'amour aussi dans ces histoires, de l'amour fort et vrai et pourtant il dérape aussi. Des petites histoires de vie, de la vie. Plusieurs chemins se présentent et puis le choix est là, et puis non pas vraiment un choix. C'est très beau, l'écriture est douce un peu ironique et parfois amère. Les personnages sont purs, trop peut être et attendent des réponses que la vie ne peut pas leur apporter.
Distillées avec beaucoup de nostalgie et quelques regrets ces histoires nous montrent la fragilité des sentiments et le mal que l'on peut faire involontairement.
Le texte est écrit avec beaucoup de sensibilité et d'émotion. A lire et relire encore.

vendredi 3 avril 2009

Jacques Chessex : Un juif pour l'exemple

L'auteur nous raconte dans un récit bref, dense et d'une violence inouïe l'histoire d'un crime qui s'est déroulé en Suisse en 1942, dans une jolie petite ville paisible digne d'une carte postale, et dont la victime avait le tort d'être Juif.
Voilà c'est tout. Court, bref et cruel.
Dans un récit dense, lourd, écrit d'une façon remarquable, l'auteur nous raconte son pays, sa ville. C'est vrai, c'est la guerre, mais elle est loin, on est en Suisse. C'est le printemps, la campagne est magnifique et même si la crise économique frappe encore, la vie s'écoule paisiblement.
Seulement le mal rôde, et les esprits extrémistes, antisémites sont échauffés par les discours de Hitler promettant un règne millénaire débarrassé des juifs
parasites. Le chômage, le manque d'occupation et de culture font de ces quelques hallucinés, rongés de jalousie et illuminés de folie, des petits héros d'opéra de l'horreur. Au nom d'une idéologie , des hommes ont sauvagement assassiné.
Le récit est froid, dense, glacial, un compte rendu relaté avec une implacable précision. L'écriture est magnifiquement sobre. On ressent la stupeur et l'incompréhension de l'auteur face à ce drame, il avait 8 ans au moment des faits, et il lui a fallu toute une vie pour trouver les mots pour le dire.
En lisant ce livre, la fureur des criminels grandit, submerge tout, on se sent en danger. Bien sûr les meurtriers ont été arrêtés, très peu condamnés. C'est sans aucune compassion pour les victimes que la vie a continué,
pas de soutien à la famille, pas de demande de pardon. La ville a poursuivi sa vie paisible dans la plus totale indifférence occultant l'horreur qui a eu lieu. Surtout ne pas en parler.
Sur la tombe du Juif assassiné, il est gravé : Dieu sait pourquoi.
Heureusement, parce que toute compréhension humaine est à jamais impossible.