je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

samedi 20 février 2010

Véronique Olmi : Le premier amour

La quatrième de couverture est un élément important du livre, il va nous accrocher ou pas. Celle du dernier livre de Véronique Omi "Le premier amour" est très prometteuse et attirante. Une femme prépare un diner pour l'anniversaire de mariage, elle remonte de la cave, éteint le four, claque la porte et prend le volant de sa voiture.... soudain sa vie bascule.... Sa vie bascule après avoir éteint le four !!!
Et nous partons avec elle. Cette femme, la cinquantaine, apparemment bien dans sa vie, dans son couple (25ans de mariage ce n'est pas rien...si ?) 3 filles..une vie. Elle prend la route pour retrouver en Italie son premier amour Dario. Il était beau, 17 ans un brin poète surtout romantique.
Voilà c'est parti. Le chemin est long et Emilie s'arrête souvent et se souvient. Les souvenirs remontent par flots, sa vie étriquée dans une famille sans amour, sa grande soeur handicapée mais si aimante si touchante, et puis Dario son premier et bel amour.
Tout au long de ses flash backs et de son périple elle rencontre des êtres paumés et surprenants, le lecteur est tenu en haleine. Que va t-elle trouver en Italie ? Que va t il se passer ?
L'écriture est claire, vive, nostalgique et arrive à nous faire vibrer sur les chansons passées, sur les premiers émois si dérisoires et si ineffaçables.
Courir après le temps ? Rechercher les émotions passées ? Il restera toujours des mots qu'on n'aura pas dit, des regrets, des manques et à un moment donné la mélancolie n'est plus supportable. On reste souvent inconsolés et parfois peu raisonnables.
J'ai beaucoup aimé le rythme du livre, l'évocation nostalgique de cette jeunesse enfuie, des serments donnés mais j'ai malgré tout été très déçue par la fin de l'histoire.
La rencontre avec Dario et le pauvre secret qui va avec. L'écriture et l'émotion s'enlisent, traînent et on s'ennuie. C'est décevant. C'est long pour rien.
Mais peut être que c'est comme ça, après tout Emilie continuera sa vie paisiblement en acceptant le temps qui a passé et les nostalgies qu'apporte une vie. Même si elle ne l'accepte pas, elle fera tout comme.

lundi 15 février 2010

Kim Thuy : Ru

"Ma naissance a eu pour mission de remplacer les vies perdues. Ma vie avait le devoir de continuer celle de ma mère".
C'est d'abord un livre que l'on prend plaisir à tenir dans les mains. La couverture est très belle et la typographie excellente. Ensuite l'émotion nous porte tout au long de ces pages écrites avec une rare élégance. Kim Thuy égrène ses souvenirs avec beaucoup de délicatesse.
Elle a mis 40ans pour écrire, elle a pris le temps et donné de l'ampleur à son témoignage. C'est avec des mots légers et parfumés qu'elle raconte son passé de rescapée de la guerre, survivante des "boats people" et son accueil chaleureux au Québec.
De son univers doré et feutré à Saïgon en passant par un camp de réfugiés en Malaisie, l'auteur fuit un pays où la liberté et le rêves ne sont plus permis.
C'est un vrai récit de vie mais sans la rancoeur, sans la violence des mots, sans l'apitoiement et sans leçon donnée. Avec un certain humour et beaucoup de détachement pour continuer de vivre Kim Thuy nous raconte son parcours d'exilé du Vietnam, son pays, qu'elle emporte avec elle malgré tout. Elle nous présente ces hommes et ces femmes qui ont fait un bout de chemin avec elle.
Des odeurs, de la musique, une certaine lumière nous touchent tout au long de cette évocation.
Page après page sans ordre chronologique elle rebondit sur un mot et évoque ses souvenirs.
Le lecteur a l'impression de bavarder avec elle.
Kim Thuy nous offre des pages d'une grande beauté entre hier et aujourd'hui, une vie de contrastes. C'est aussi la parole d'une femme sur la mémoire et la transmission de ces rescapés de la guerre, une confession intime de femme que la vie a façonnée.
L'écriture , dans un continuel va et vient entre Vietnam et Québec, nous balade entre chaud et froid, entre guerre et paix, entre larmes et rires et devient poétique.


jeudi 11 février 2010

Ricardo Menéndez Salmon : L'offense

Dans un récit très bref, l'auteur nous confronte à l'histoire de Kürt jeune allemand plongé dans l'horreur de la guerre et ensuite dans un passé oublié mais qui ne cessera de le hanter. Il aurait dû vivre (comme tant d'autres) une vie paisible mais Hitler en envahissant la Belgique fera de lui un soldat.
Alors qu'il assiste à la destruction d'un village français par ses troupes, il s'évanouit et perd la mémoire il devient alors insensible à tout. Enfermé dans son mutisme, il finira la guerre avec pour seules visions celle du martyre du village français et de l'exécution de ses compatriotes par des résistants français dans l'hôpital où il est en convalescence . La barbarie et l'horreur dans les deux camps. Il finit sa vie en Angleterre en ayant pris l'identité d'un autre et un jour, attiré par son passé replongera dans ces visions d'horreur avec une scène finale qui fait froid dans le dos et laisse le lecteur, enfin moi, parcouru de frissons.
Ce livre est dérangeant. Il n'accuse pas. Il ne dénonce pas. Écrit froidement dans un style journalistique et analytique précis, il explique l'état d'esprit d'un homme qui ne veut pas regarder, sentir, qui veut s'anéantir dans un moi où le passé, la douleur n'ont pas pris. Mais peut on vraiment oublier ? ne plus se souvenir permet il de ne plus se rappeler ? Que reste il des choses qui ont fait de nous ce que nous sommes quand nous n'en voulons plus ?
Peut on alors devenir un autre nouveau sans passé surtout quand celui ci est cinglant d'horreur ? L'apparence oui, les gestes peuvent nous le faire croire mais l'âme quand elle est noire le reste. Un mot évoqué dans sa langue maternelle va entraîner Kürt dans un impossible retour et dans une ultime mise en scène cinématographique notre héros succombera une fois encore au mal.
Ce n'est pas un livre gai, mais c'est un livre dérangeant et nous le sommes par ces monstres humains qui ont pu continuer à vivre après la barbarie.
C'est un auteur à découvrir, son style est précis avec des phrases parfois un peu trop longues , froid comme peuvent l'être les souvenirs. A lire quand même.

Bulbul Sharma : Mes sacrées tantes

L'auteur met en scène des femmes indiennes à travers huit nouvelles qui nous emportent dans l'Inde en ce début du XXème siècle. Elles sont filles, mères, tantes et femmes avant tout. Ecrasées par le poids de la soumission et des traditions ancestrales, elles vont décider à un moment donné de prendre leur vie en main. Le fil conducteur est le voyage. Subi ou choisi, il sera le point de départ pour elles d'une nouvelle existence.
Ecrites de façon drôle, nostalgique, elles décrivent une société indienne où la femme tente, malgré les difficultés imposées, d'acquérir une certaine liberté. Mariages arrangés, veuvages, belle-mères omniprésentes, maris tyranniques, traditions, autant de carcans dont elles essaient avec douceur mais fermeté de se libérer. Ces femmes sont touchantes dans leur combat et leur prise de conscience.
La lecture est agréable, les couleurs et les odeurs de l'Inde sont là. Un livre charmant.

samedi 6 février 2010

Carla Guelfenbein : Le reste est silence

D'abord il y a la rencontre avec le livre et elle fut belle. La très belle couverture de la très belle édition "Actes Sud" m'a interpellée. Ensuite en qualité de lecteur, je découvre un auteur et le livre de Carla Guelfenbein m'a beaucoup émue au delà de l'histoire même.
Trois récits, trois drames de la vie quand les mots manquent, quand les silences ravagent.
Tommy, petit garçon de 13 ans malade du coeur enregistre les conversations des grands et au détour d'un enregistrement il apprend que sa maman s'est suicidée. Alors il va partir sur ses traces, apprendre ses silences, ses fêlures.
Juan, le père, chirurgien, veuf, taciturne et pourtant rempli d'amour et de sentiments, mais incapable de les exprimer protège maladroitement son fils.
Alma, la nouvelle épouse jeune et belle, assiste au naufrage de son couple, insatisfaite elle recherche avec Léo, un ancien amour, des émotions perdues ou oubliées, tout en réglant ses comptes avec sa mère.
Les mots manquent à ces êtres, on voudrait les souffler, ils se manquent aussi de peu. Le lecteur assiste à ce moment où tout bascule. Les personnages sont attachants, troublants dans leur doute. Ils nous renvoient à la vie, à notre vie et l'émotion est là. Nous sommes juste spectateurs, nous savons que les protagonistes n'en sortiront pas indemnes.
Le texte est digne, sobre. L'auteur met des mots sur ce silence qui brise. Elle arrive à donner des sentiments à des êtres qui n'en peuvent plus d'arriver.
C'est vrai il y a la vie et le reste est silence.
Un très beau livre comme un rendez-vous à ne pas manquer.