je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mardi 27 décembre 2011

Hunter S. Thompson : Las Vegas Parano

Paru en 1971, le livre de Hunter S. Thompson, représente ce que la culture et la politique américaine de l'époque ont produit de plus corrosif et de déjanté. Sur fond de musique rock, le road movie délirant des deux héros dans Las Vegas à bout de souffle se transforme en épopée complètement hallucinogène. Un journaliste, Raoul Duck, accompagné de son avocat Dr Gonzo, est envoyé par son journal couvrir une course de buggy dans le désert californien. Ensemble et bourrés d'acide, de LSD, d'alcool, de substances plus ou moins planantes ils vont errer dans la ville frôlant crise de nerf et totale paranoïa dans un trip sauvage. De bars en casino, ils déboulent au congrès du procureur sur les drogues qui les plongera dans une recherche effrénée et perdue du rêve américain.
Leur quête est une façon de dénoncer cette société matérialiste et surtout de montrer Las Vegas, symbole clinquant et décadent du mythe américain : "Non, ce n'est pas une bonne ville pour les drogues psychédéliques. La réalité elle-même y est trop déformée."
C'est la nostalgie d'une époque révolue, celle des années 60, et une critique acerbe de la politique de Nixon avec l'évocation de la guerre au Vietnam. Un pavé lancé à la face d'une Amérique puritaine et bien pensante.
C'est aussi la fin d'une époque, celle des illusions de tous ces hippies qui croyaient qu'avec de l'amour, des chansons et un peu (beaucoup) d'herbe , la vie continuerait ainsi.
Le style de l'auteur explose dans ce roman par le ton, l'écriture hachée, rythmée, vulgaire et détonante. Avec férocité et humour, l'auteur constate sans concession, comme ses héros, la mort du rêve américain.


lundi 19 décembre 2011

Colum McCann : Les saisons de la nuit

Colum Mc Cann est un écrivain irlandais, établi désormais à New-York. Dans ce roman il raconte l'histoire d'une famille afro-américaine à travers le 20ème siècle.
Dans les années 1910, des travaux gigantesques sont menés dans la Grosse Pomme. Nathan Walker, jeune noir de 19 ans, fait partie de ces travailleurs qui creusent sous l'East River le métro qui reliera Manhattan à Brooklyn. Avec d'autres immigrés italiens, irlandais venus tenter leur chance dans le pays de la liberté, il se retrouve confronté à la dure réalité de ceux qui ne seront jamais reconnus socialement.
Dans les années 1990, Treefog vit dans les sous-sols, tunnels et autres trous de New-York avec d'autres sans abris, compagnons de galère, exclus d'une humanité qui leur hurle sa plus totale indifférence. Exclus de leur passé, de leur vie parfois pour rien, juste un mauvais pas dans une ville qui les oublie dans ses entrailles.
Sous terre, dans un froid glacial ils mènent une vie dont les codes sont impitoyables où l'alcoolisme, la drogue, le racisme, la violence, la misère sociale sont les seules valeurs que la très démocratique Amérique leur concèdent.
Ce sont les histoires de deux bâtisseurs, Nathan et Treefog. D'abord parallèles elles vont d'une façon prévisible se rejoindre donnant au roman une intense profondeur. Nous suivons les traces de ces hommes et femmes, dans un univers où les règles sont dures, qui conservent une authenticité lumineuse.
A ces exclus, ces sans abris, foule anonyme d'un New-York clinquant qui s'aveugle de toutes ses utopies, l'auteur donne la parole en leur dédiant ce roman.
A toutes ses vies mises au ban de la bonne société, entre parenthèses d'une certaine morale et d'une dignité bafouée, à ces hommes et ces femmes de l'ombre, ce livre est leur reconnaissance.
C'est l'épopée d'un siècle finissant bâti sur les ruines d'une liberté en faillite.
Un roman d'une grande puissance qui à travers les vies de ces hommes constate l'essoufflement de ce rêve américain.


dimanche 18 décembre 2011

Haruki Murakami :1Q84 (2)

Le livre premier mettait en place l'histoire et présentait aux lecteurs les héros de cette odyssée. L'alternance des chapitres entre Tengo et Aomamé se poursuit dans le deuxième livre. Murakami continue l'aventure en nous faisant pénétrer subtilement dans le monde parallèle de 1984 celui de 1Q84 où brillent deux lunes.
La Chrysalide de l'air, le roman écrit par Fukaéri et remanié par Tengo devient la réalité. Aomamé en tuant le leader de la secte entre dans ce monde parallèle. Les Little People, personnages inquiétants sans forme véritable, incarnent le Mal et mettent l'univers en péril.
Murakami nous sert une science fiction en utilisant les thèmes qu'ils affectionnent particulièrement : l' imaginaire et le surnaturel avec beaucoup de sensualité.
Certains passages sont vraiment très beaux, comme le voyage en train, Tengo lisant la nouvelle sur la ville des chats, la visite qu'il rend à son père plongé dans le coma et le long monologue où il lui raconte sa vie.
Malgré quelques révélations, l'histoire conserve des zones d'ombre. Si Murakami a donné quelques clés pour poursuivre cette aventure, le mystère demeure.
A suivre.
Un petit bémol, beaucoup trop de répétitions et de longueurs.