je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

dimanche 18 mars 2012

Kent Meyers : Twisted Tree

Kent Meyers, auteur américain,  a grandi dans une ferme du Minnesota et  vit actuellement dans le Dakota du Sud. Les grands espaces, les fermes, les bisons il connaît. 
Magnifiquement construit, son livre parle d'histoires intimes, de solitude, de culpabilité et de regrets avec une infinie sensibilité et des détails éblouissants.
Sur l'autoroute 91, un tueur en série assassine avec une violence extrême de toutes jeunes filles anorexiques. Il fait leur connaissance sur internet. Il sait tout d'elles, le reste suit. Sa folie meurtrière l'amène à Twisted Tree, petite ville du Dakota Sud, traversée par une route, silencieuse au milieu d'une nature sauvage. Des paysages à couper le souffle, sans rien à perte de vue. Haylay Jo est une de ses victimes.
Meyers va donner la parole aux habitants de la ville, mettre à jour les drames vécus, parfois cachés et les bonheurs, des hommes et des femmes  prisonniers de leur contrée.Les mots sont lourds, les confessions remplies de regret et de nostalgie. La violence n'est pas loin, l'amitié non plus, parfois l'amour illumine. A travers leurs histoires, le lecteur croise Haylay Jo, petite fille, prometteuse qui s'était perdue depuis longtemps.
Les mots ont manqué pour la réconforter. Ainsi va la vie à Twisted Tree.
Loin du rêve américain, ils forment une communauté humaine aux relations douloureuses et complexes dont les codes et la morale ne sont pas toujours exemplaires.
Un livre intense, où les voix entendues parlent encore longtemps.

Grégoire Delacourt : La liste de mes envies

Grégoire Delacourt dans un roman frais et original nous interroge sur nos envies et sur l'argent qui peut faire le bonheur ou pas. Jocelyne est mercière à Arras alors qu'elle se rêvait styliste à Paris.Elle aime les livres et tient un blog sur son métier où elle donne des conseils de dentellière et de vie aussi. Mariée depuis de nombreuses années à Jocelyn, elle a eu trois enfants, dont un décédé très jeune. Elle mène une vie simple et heureuse à force de volonté et de sagesse.Loin des rêves, elle a su créer une vie remplie et vraie.
Jocelyn n'est pas le prince charmant  mais il lui a dit les mots qu'elle attendait.Malgré des passages douloureux dans leur vie, ils s'en sortent bien, complicité et amour remplissent leur vie. 
Quand elle gagne 18 millions, au loto, elle sent que sa vie va être bouleversée. Que peut on faire avec tout cet argent ? Les sentiments des autres et surtout  ceux de son mari seront ils toujours authentiques ?
Alors avant d'encaisser le chèque, elle fait la liste de ses envies et constate que le pactole devient source d'angoisse et de mal être.
L'auteur, dans une écriture vive et efficace, sert  une histoire drôle, fraîche et pourtant dramatique avec une fin assez originale dans la lecture d'e-mails. Un style poétique et très moderne donne une profondeur aux portraits de ses héros ordinaires.
Les personnages sont attachants dans leur quotidien, leurs illusions et leurs rêves. Jocelyne est éblouissante de sincérité dans ses rapports avec les autres. Les passages où elle rend visite à son père sont lumineux. Elle est capable, parce qu'il perd la tête, de lui inventer une nouvelle et belle vie..toutes les six minutes.
Avec un bel hommage à "Belle du Seigneur", l'auteur nous invite à nous questionner sur le sens du bonheur et sa dernière phrase nous montre combien son livre est loin d'être léger : "Je suis aimée, mais je n'aime plus".




mercredi 14 mars 2012

Barbara Constantine : Et puis, Paulette

Le titre nous fait sourire, c'est la marque de l'auteur. Il en reste comme un joli refrain en tête.                       
Barbara Constantine revisite l'auberge espagnole au fin fond de la campagne française autour de Ferdinand, un veuf  bourru vivant seul dans une grande ferme.Quand  l'orage détruit le toit de la maison de Marcelline, sa voisine, l'idée lui vient alors de l'héberger.
Et ainsi vont arriver dans cette ferme des colocataires que la vie ou l'âge fragilisent, amis ou nouvelles connaissances, ils créent une chaîne d'amitié et de solidarité.
L'auteur dans son style très particulier, nous raconte que tout est possible même si la vie abîme. Elle sait raconter le quotidien avec toujours beaucoup d'espoir et ses personnages sont très attachants.
C'est plaisant et ça se lit très vite.


vendredi 9 mars 2012

Louis Gardel : Le scénariste

Louis Gardel nous entraîne  dans une histoire de vie et d'amour entre Paris et Alger, entre mensonge et vérité, entre fiction et réalité. François  est le lauréat du Prix Renaudot pour son dernier roman, Le Front Haut. Il a toujours souffert d'être né de père inconnu. Un vide que rien n'arrive à combler. Il a quitté l'Algérie en 1981 avec sa mère quand il avait 5 ans. 
Autour de lui gravite, Florette, jeune femme ambitieuse attirée par le monde littéraire et ses écrivains. Quand elle rencontre François, elle met fin à une liaison très audacieuse avec Pierre-Henri, vieil écrivain auréolé d'une ancienne notoriété. Pierre-Henri est le type même du vieil écrivain coquet et pervers qui aime séduire les toutes jeunes filles.
Le Prix Renaudot sera  pour François l'occasion de faire la connaissance de Fouad, jeune femme ministre en Algérie et de retourner à Alger sur les traces de sa mère et surtout de son père.
Sur fond de quête identitaire, dans un pays que l'auteur affectionne particulièrement, le roman nous dépeint subtilement le monde des prix littéraires et de ses enjeux.
Le livre, écrit au rythme d'un scénario, enchaîne les scènes, les dialogues, les situations avec précision et efficacité dans une écriture remplie de nostalgie. Nostalgie pour l'Algérie que le héros ne reconnaît plus.
Et puis, il y a les mensonges de la vie. Florette ment à François pour le protéger, François ne dit pas toute la vérité à Florette. Mensonges pour que la vie brille encore plus, ou peut être pour qu'elle ne s'éteigne pas.
Le retour à Alger, ville remplie de souvenirs et de murmures, méritait une véritable et longue histoire. Mais peut être que c'est mieux ainsi, la fin est belle et lumineuse.