je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

dimanche 27 avril 2014

Herman Koch : Le dîner

Premier roman d'Herman Koch, écrivain néerlandais, à être traduit en français et dans de nombreuses langues, il a été vendu à plus d'un million d'exemplaires.
L'auteur sur un ton espiègle nous invite dans un restaurant très chic et très branché d'Amsterdam pour un dîner. De l'apéritif au dessert en passant par le pourboire, les héros de ce roman social et familial vont se déchirer dans un cynisme absolu.
Les frères Lhoman, Serge et Paul que tout oppose et leurs épouses respectives, Babette et Claire.
Une soirée en famille où il sera question de l'éducation de leurs enfants et de leur façon d'occuper leurs loisirs.
Serge est un politicien très en vue et très certainement le prochain premier ministre. Sa femme Babette joue le jeu, malgré les incartades de son époux, et tient son rôle de femme de futur premier ministre.
Paul, professeur d'histoire en disponibilité, narrateur et voix de l'histoire est accompagné de Claire, femme et mère protectrice pour qui tout doit rester dans la normalité et fera tout pour en préserver l'apparence.
Leurs fils, Michel celui de Paul et Rick celui de Serge et Beau fils adoptif de Serge ont commis un crime et des actes de violence gratuite qu'ils ont eu l'audace et l'indécence de filmer.
Le tout s'est retrouvé sur le net et fait la une de tous les journaux télévisés du pays, bien que les auteurs n'ont pas été reconnus sur les vidéos.
Comment vont réagir les parents, qui eux savent et ont reconnu leurs enfants.
Très vite, le ton badin s'imprègne de cynisme et d'ambiguïtés où les questions posées trouvent difficilement de réponses appropriées.
Par de nombreux retours en arrière, les personnalités sont mises à jour et détaillées :
Souvenirs de vacances dans le sud de la France dans la propriété de Serge, difficultés professionnelles de Paul où l'envie d'enseigner n'est plus vraiment la même, la fascination de Serge pour le pouvoir et la reconnaissance sociale, Claire et ses zones d'ombre, Babette femme meurtrie et ambitieuse, les enfants faussement sages et la famille trompeuse, très trompeuse.
L'enjeu est important et les thèmes abordés dérangent vraiment, la société est passée au crible et les questions de famille, inné et acquis, du bonheur à tout prix mettent le lecteur mal à l'aise.
La force de ce roman est que l'auteur nous manipule et on ne peut lâcher cette histoire très violente.
A travers la voix du narrateur, Paul, nous nous faisons une opinion des autres. Mais cette opinion est faussée en raison de la personnalité pychiatriquement compliquée de Paul.
Même si l'écriture n'est pas toujours à la hauteur, il reste un récit captivant, une histoire très forte où le lecteur, malgré lui,  se sent concerné par les évènements.




samedi 19 avril 2014

Audur Ava Olafsdottir : L' Exception

Dans la frénésie des feux d'artifice du nouvel an et du bruit des bouchons de champagne, un mari annonce à sa femme qu'il la quitte pour son ami et collègue de bureau.
Couple uni et comblé depuis plus de dix ans , ils sont parents de deux adorables garçons, faux jumeaux de 3 ans et rien ne laissait supposer cette brutale séparation.
Maria n'a pas vu venir ce "coming out" marital. Anéantie, elle espère tout de même que son mari, Floki, mathématicien spécialiste dans la théorie du chaos va retrouver ses esprits et surtout le chemin du foyer conjugal.
Dans ces moment douloureux, elle fait plus ample connaissance avec sa voisine, Perla, une jeune femme de petite taille qui est conseillère conjugale à ses heures perdues, et nègre pour un écrivain de romans policiers.
Apparaît aussi, un autre jeune voisin, spécialiste de la faune et plus particulièrement des oiseaux.
Pour couronner le tout, elle fait la connaissance de son père biologique et reçoit la réponse d'une demande d'adoption  pour une petite fille, demande faite avec son mari quelque temps plus tôt.
Tout cela peut paraître beaucoup, justement, mais c'est sans compter sur les talents de l'auteur, qui nous offre encore une fois un roman d'une réelle douceur dont la lecture fait le plus grand bien.
L'écriture est rythmée, vive et pleine d'humour. Le ton ne sombre pas dans le désespoir pathos, ni l'optimisme à tout va.
Tout est dans l'atmosphère, dans ces personnages complexes et un peu à l'ouest mais vrais et sincères que le lecteur a plaisir à suivre. Les descriptions de ces paysages islandais où les nuits n'en finissent pas, où la mer est noire et le climat rude, nous invitent à un voyage exceptionnel.
Le récit est rempli de références littéraires, de conseils d'écriture, d'interrogations sur la façon de percevoir la fiction et la réalité. 
Ici pas de leçon de morale mais de l'honnêteté, de la sincérité pour masquer les coups et continuer comme on peut.
Reste comme toujours avec Audur Ava Olafsdottir la possibilité que tout peut encore arriver.
C'est un livre lumineux et ça fait du bien.





jeudi 17 avril 2014

Gilbert Sinoué : La nuit de Maritzburg

Gilbert Sinoué écrit ici un roman d'une grande richesse historique en racontant  le parcours de Gandhi  en Afrique du Sud principalement et ensuite en  Inde. Il donne la parole à Hermann Kallenbach, juif allemand, brillant architecte et le compagnon fidèle de l'homme qui va devenir pour le monde entier le Mahatma.
Pendant plus de 10 ans, Hermann va accompagner Gandhi dans sa lutte pour que la minorité indienne en Afrique du Sud obtienne l'égalité des droits, partager sa vie et son intimité (ils vivront ensemble), et surtout croire dans le destin de cet homme.
Il nous montre aussi un côté sombre et inconnu de Gandhi. Celui d'un être égoïste, dur envers ses proches y compris sa femme et ses fils, ambiguë dans son comportement sexuel.
Gandhi  rencontre Hermann à Durban en 1904. Avocat ambitieux, il gagne beaucoup d'argent. C'est un despote familial qui règne en patriarche sur sa famille et son entourage.
Cette rencontre changera la vie d'Hermann et la relation d'amour entre les deux hommes les façonnera à jamais.
Pendant cette fameuse nuit de Maritzburg en 1893 où il est victime de la ségrégation, Gandhi prend alors conscience du combat à mener en Afrique du Sud pour défendre la minorité indienne offensée dans ses droits.
Trois mouvements d'écriture alternent dans le récit plaçant l'histoire de l'homme Gandhi  dans le contexte historique où il devient le Mahatma.
Celui de 1945, date à laquelle Kallenbach décide d'écrire son journal et raconte ses années passées auprès de Gandhi, la correspondance entre les deux hommes (Ton corps me manque écrit Gandhi à Hermann) et le temps du souvenir raconté par la voix même de Gandhi.
C'est un livre troublant parce qu'il fait le portrait d'un homme méconnu où la part d'ombre est parfois gênante.
Il n'en reste pas moins, que ce petit homme chétif , croyant à la bonté humaine jusqu'à en être naïf, a mené un combat pour la dignité des opprimés et  gagné contre l'Empire Britannique.

vendredi 11 avril 2014

Anna Gavalda : La vie en mieux

Deux récits composent le dernier ouvrage d'Anna Gavalda et racontent deux existences bien distinctes. Aucun point commun entre ce jeune homme et cette jeune femme,  si ce n'est  que chacun est malheureux et leur vie morne et qu'à un moment donné une rencontre inattendue va chambouler leur quotidien.
Le point commun de ces histoires est ce besoin vital qu'ils ont  de tout changer dans leur vie y compris "en se trompant de vie plutôt que de n'en vivre aucune".
Anna Gavalda sait utiliser les mots pour tous, sait bien raconter le quotidien banal, merveilleux et  agaçant, les sentiments, les histoires d'amour et de coeur. Elle nous embarque dans des vies difficiles où les personnages sont parfois encombrants, souvent nécessaires ou trop absents. La vie toute simple, celle de la solitude mais aussi celle des rencontres et puis la vraie vie quand une rencontre arrive qui bouleverse tout et qu'il faut savoir reconnaître. Un peu trop mièvre ?
Mathilde a 24 ans et a vécu une jeunesse douloureuse entre la disparition de sa mère et la fuite de son père. Placée chez sa soeur, elle plonge dans la déprime et l'alcool et osera tout pour pouvoir continuer à vivre quitte à se faire étiqueter de bonne fêtarde toujours partante.
Sa rencontre avec un homme taiseux, se baladant avec des couteaux de cuisine et une phalange en moins,  la fera chavirer et remettre en question son vide existentiel.
Yann, lui a 26 ans et a loupé sa carrière de designer. Commercial, il vend des robots ménagers. La rencontre qui va tout changer pour lui, c'est une armoire qui bloque le passage dans l'escalier de son immeuble.
Elle lui permet de rencontrer ses voisins et de prendre l'apéro avec eux. Au bout d'une nuit inoubliable, il se rend compte au contact de ce couple, amoureux, surprenant et surtout vivant qu'il faut qu'il change de vie.
Chose sera faite, puisque le lendemain il quitte tout et part vers de nouveaux horizons.
On peut aimer ce genre d'histoire qui finit bien et qui rassure parce que finalement il suffit de regarder et de trouver.
Le style de Gavalda est toujours là mais plus dilué, moins abouti.
L'écriture se veut jeune et trash pour coller à l'air du temps mais les personnages sont moins fouillés et les histoires deviennent vite des bluettes bien trop prévisibles.