je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

vendredi 29 avril 2016

Alessandro Baricco : La jeune épouse

     Alessandro Barrico a l'habitude de créer des ambiances et univers très particuliers et parfois même étranges et d'y inviter ses lecteurs.
     Il le fait avec beaucoup d'élégance et son écriture rassemble à la fois un style envoûtant et singulier.
     Dans son dernier opus, il nous fait pénétrer dans une grande maison d'aristocrates, dans le nord de l'Italie, à l'arrivée d'une toute jeune fille venue d'Argentine.
    Promise au fils de la famille, absent pour le moment, elle est accueillie comme la seconde fille de cette famille totalement excentrique.
     Elle doit s'habituer à leur quotidien très original. Le petit déjeuner se termine dans l'après midi et le champagne y pétille souvent; des invités surgissent et continuent des conversations commencées le matin. C'est un festin très raffiné et un peu hors du temps.
     Le soir réserve d'autres rites, d'autres secrets et la jeune fille qui ne voit toujours pas arriver son futur époux sera initiée à d'autres moeurs, d'autres promesses.
     L'absence et le retour donnent à Alessandro Baricco la possibilité d'autres ailleurs. Hors du temps, il nous plonge dans une initiation sexuelle, poétique, philosophique avec des aristocrates en fin de race.
     Il écrit avec originalité sur un sujet brûlant mais sans aucune vulgarité.
     L'auteur se permet de se perdre dans ce récit pour en sortir et parler de sa vie, se contempler en train d'écrire. Le lecteur se perd un peu. La vision du roman se fait différemment.
     Mais les passages sur la création littéraire vue par l'auteur sont fort intéressants.
     Pourtant, et je regrette quoi qu'aimant beaucoup Barrico, je n'ai pas accroché à la magie de cette histoire. Je n'ai pas eu une once d'intérêt pour ces personnages. Et je ne voyais pas pourquoi un tel roman.
Alessandro Baricco - La Jeune Épouse (La sposa giovane) traduit de l'italien par Vincent Raynaud - Editions du monde entier Gallimard - 224 Pages - 19,50 Euros



mercredi 27 avril 2016

David Foenkinos : Le mystère Henri Pick

     David Foeokinos nous surprend encore une fois par sa faculté de varier les genres dans son oeuvre.
     Son "Charlotte", poème écrit en prose, nous avait ému et emporté dans la fulgurance d'une vie, celle d'une jeune peintre juive assassinée à 24 ans à Auschwitz. 
     Le dernier roman de l'auteur, "Le mystère Henri Pick", nous fait pénétrer dans une intrigue littéraire intelligente, au ton drôle et vif.
     Une jeune éditrice parisienne, ambitieuse et carriériste, Delphine, rend visite à ses parents à Crozon. Elle se rend à la bibliothèque municipale et y découvre une pièce consacrée aux livres refusés par les maisons d'édition.
     Elle trouve la perle rare, l'oeuvre remarquable, le roman bouleversant sur la fin d'une histoire d'amour, attribué à Monsieur Pick, pizzaiolo local.
     Mais comment a t il pu écrire ça, lui qui n'écrivait que sa liste de courses ?
     Le mystère qui entoure sa vie et son oeuvre va créer un phénomène de promotion littéraire et apporter le succès.
      Les personnages qui gravitent autour de l'homme et du livre vont voir leurs destins complètement chamboulés.
     C'est un hommage aux livres, au cinéma, à la culture que nous offre ici David Foenkinos.
     Les références littéraires sont nombreuses, les clins d'oeil aussi. Il tacle gentiment certains de ses contemporains, et c'est avec plaisir que nous retrouvons dans ce livre les écrivains présents ou passés.
     Foenkinos connaît le monde de l'édition, le travail de création, les journalistes impitoyables et il le raconte avec beaucoup de délicatesse.
     Un très bon roman de détente intelligent, avec un suspense qui tient jusqu'au bout.
     Lisez et vous découvrirez le mystère Pick.
David Foenikinos - Le mystère Henri Pick - Editions Gallimard - 228 Pages - 19.50 Euros
    

vendredi 22 avril 2016

Patrick Lapeyre : La splendeur dans l'herbe

     Patrick Lapeyre possède une écriture pleine de charme et de délicatesse. Après " La vie est brève et le désir sans fin", il nous comble avec l'histoire d'une rencontre amoureuse hors du temps, dans les délices de conversations murmurées.
     C'est une rencontre surprenante, celle d'Homer et Sybil. Leurs conjoints respectifs, Emmanuelle et Giovanni, viennent de les quitter pour vivre leur passion amoureuse à Chypre.
     Seuls tous les deux, ils prennent l'habitude de se retrouver, ils s'accordent avec tendresse et tendent à un sentiment plus fort.
Mais les souvenirs et les nouvelles des nouveaux amants les condamnent au doute et à une certaine prudence.
     Peut-on vraiment retomber amoureux quand tout est parti en fumée ?
     C'est la question que pose Patrick Lapeyre à travers le portrait de ces personnages très décalés et très attachants, pour lesquels l'auteur ressent de la tendresse.
     En filigrane, se glisse l'histoire des parents d'Homer, Arno et Ana. Ana était une femme belle et rebelle, peu faite pour une vie de couple restreinte.
     Le lecteur comprend mieux l'immobilisme et les atermoiements d'Homer. Patrick Lapeyre aurait pu nous raconter la passion flamboyante d'Emmanuelle et Giovanni, il a préféré nous entraîner dans le jardin où les deux "quittés" se découvrent et apprennent à se connaître.
     Des mots lumineux, des silences apaisants, une attente de lendemains heureux, le lecteur savoure une certaine lenteur.
Patrick Lapeyre - La Splendeur dans l'herbe - Éditions P.O.L. - 384 Pages - 19.80 Euros

mercredi 20 avril 2016

Fabrice Colin : La poupée de Kafka

     Fabrice Colin nous emporte sur les traces de Kafka en se servant d'une énigme littéraire, celle des lettres que Kafka aurait adressé à une petite fille qui avait perdu sa poupée, dans un parc à Berlin en 1923.
     Malgré le fait confirmé par Dora Diamant sa dernière et dévouée compagne, ces lettres perdues restent un mystère pour les admirateurs de l'homme au chapeau.
     Trois personnages  se retrouvent liés et bousculés par cette histoire et vont livrer ici leurs secrets et faisant ainsi face à la réalité de la vie.
     Mais le livre n'est qu'un long mensonge. Celui de  l'homme et de ses manquements, de ses silences et de ses loupés mais aussi de ce dont il est capable d'inventer pour rendre acceptable son existence.
    Abel est professeur à la Sorbonne et spécialiste de littérature allemande, il voue une admiration démesurée à Kafka. Mari peu fidèle, père peu modèle, il utilise le mensonge pour masquer l'homme de peu d'envergure qu'il représente.
     Sa fille, Julie quant à elle est consciente de l'absence total de son père mais l'aime toujours. Pour combler le fossé qui les sépare, elle part à la recherche de cette petite fille aux lettres.
     Il semble qu'elle l'ait trouvée en la personne d'Else, vieille dame abrupte qui s'amuse à infliger son mauvais caractère à tout le monde. Les protagonistes vonts se retrouver au pied du Mont-Blanc dans un rendez-vous à l'ombre de Kafka, pour dénouer une vérité très compliquée.
     Trois personnages, trois générations, un mystère et une très belle couverture, de quoi convaincre.
Si le style est sensible l'histoire mérite une réflexion plus approfondie sur la difficulté des rapports entre les trois personnages.
     L'histoire d'Else, écrite en italique, demande plus de détails, elle est trop dure pour être trop survolée.
     Peut-être aussi, que le grand absent est Kafka, même si on le sent tout près, j'aurais aimé plus sur son énigme, sans doute une descente dans ses enfers.
     Mais l'écriture est subtile et nous invite à réfléchir à la puissance de l'imaginaire dans nos vies, sur l'espoir qu'il nous donne.
Fabrice Colin - La poupée de Kafka - Editions Actes Sud - 272 Pages - 20 Euros

lundi 18 avril 2016

Olivier Bourdeaut : En attendant Bojangles

     Premier roman réussi pour Olivier Bourdeaut. "En attendant Bojangles" s'est vu récompensé et reconnu par la critique littéraire.
     Les premiers romans ont quelque chose de fort et d'attachant, le lecteur pénètre pour la première fois dans l'univers d'un auteur et quand le contact émotionnel se fait, il en reste quelque chose.
     Surprise d'abord d'une couverture originale et colorée,  et d'une fin saisissante, l'histoire subjugue par le ton décalé et la poésie qu'elle dégage.
     C'est une histoire d'amour fou, absolument fou, dans tous les sens du terme et le lecteur est pris dans le vertige  de cette passion amoureuse entre un homme et une femme.
     Pas de place pour la tristesse, la vie n'est que fête, champagne et danse.
     L'amour fou entre une femme imprévisible et fantasque et un homme totalement son contraire. L'enfant est le témoin de cette fête perpétuelle avec quelques ratés, quelques questionnements. Mais si peu, le tourbillon reprend, toujours plus chimérique.
     Même un oiseau exotique y a sa place.
     La mère entraîne ses deux amours, mari et petit garçon, dans un monde à part rempli de poésie et de tendresse folle.
     C'est la fascination de cet enfant qui est racontée, une enfance marquée par l'amour et la fête.
     Mais les lecteurs, comme le petit garçon, comprennent que tout tourbillonne trop, trop vite et la folie est présente.
     Père et fils feront tout pour préserver leur quotidien fantasque mais la chute est inévitable.
     Merveilleux récit, tendre, drôle et émouvant. Et on danse, on danse. La musique et la voix chaude de Nina Simone nous accompagnent. L'écriture est rythmée et poétique.
     C'est beau tout simplement, et c'est beaucoup.
     A lire.
Olivier Bourdeaut - En attenant Bojangles -  Editions Finitude - 160 Pages - 15.50 Euros