je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

dimanche 30 décembre 2018

Prodigieuse Année 2019 !


Chers Amis et Lecteurs,
Je vous présente mes meilleurs vœux pour la Nouvelle Année 2019 !
Qu'elle vous apporte joie, bonheur et santé à vous et votre famille,
Merci de votre fidélité sur ce blog,
Je vous souhaite une très belle année littéraire !

lundi 17 décembre 2018

Alaa El Asawany : J'ai couru vers le Nil

     "J'ai couru vers le Nil" est le dernier roman de l'écrivain égyptien Alaa El Asawany, qui d'après la quatrième de couverture est à ce jour interdit en Egypte.
      La nostalgie et la colère vibrent dans ce roman que l'auteur a voulu témoignage contre l'oubli.
     Aussi, avec une audace folle, il raconte les événements de 2011. Il raconte ces jours  sur la place Tharir au Caire,  qui ont porté enfin l'espoir pour un monde plus juste.
      Dans ce roman dense et prenant, beaucoup de personnages vont se fréquenter et s'aider, s'aimer ou se déchirer, vivre et mourir.
     L'auteur décrit les désillusions balayant la liberté portée par la révolution.   Violence et tortures vont être mises en place par les militaires aidés par les religieux entraînant le pays dans les heures sombres de son histoire.
     Nous vivons ces journées où tout était possible mais c'était sans compter sur la corruption dans laquelle le pays est plongé depuis toujours.
     Les chapitres s'enchaînent, courts et percutants. Tous les personnages participent chacun dans son milieu social à cette page de l'Histoire qui est en train de s'écrire.
     Nous faisons la connaissance en ouverture du livre d'un général très pieux et qui est responsable d'un centre de torture. Aidé par les frères musulmans, il entraîne à sa suite des hommes et des femmes qui sous prétexte de religion servent d'abord leurs intérêts. Une présentatrice de télévision est prête à tout pour réussir. Et puis d'autres de tous les âges qui sont l'Egypte de maintenant.
     Et puis ces jeunes, étudiants ou non, pour qui l'espoir était là et qui représentent pour l'auteur la liberté à venir.
     Ce roman qui est écrit avec le cœur et les larmes nous montre combien l'auteur est attaché à son pays et combien il souffre de voir que rien n'a changé.
     Répression, violence, hypocrisie, dictature :  tout est là, encore.
     Une écriture forte, un livre haletant qui ne nous épargne rien, pour mieux réfléchir et se rappeler.
     A lire vraiment.
Alaa El Asawany - J'ai couru vers le Nil - Editions Actes Sud -  Traduit de l'Arabe (Egypte) par Gilles Gauthier - Parution Sept. 2018 - 432 Pages  - 23 €

vendredi 14 décembre 2018

Jennifer Egan : Manhattan Beach

     Jennifer Egan a reçu en 2011 le Prix Pultizer pour son roman "Qu'avez-nous fait de nos rêves ?" (analyse dans ce blog le 08 11 12). 
     Sa dernière parution m'a semblé prometteuse et j'ai oublié mes impressions du prix Pultizer pour me plonger dans un nouveau roman américain.
     L'auteur situe son action à New-York et particulièrement à Brooklyn, un quartier en pleine effervescence.
     L'Amérique affronte la Grande Dépression. C'est dans ce contexte sombre que nous suivons la famille Kerrigan jusqu'à  la deuxième guerre mondiale.
     C'est par la voix d'Anna Kerrigan que nous faisons la connaissance de la famille.
     Elle a douze ans au début du roman et la disparition tragique et mystérieuse de son père lui donnera la force de se battre pour trouver sa place et la vérité.
     Qu'est devenu son père ? Son corps n'a jamais été retrouvé.
    Anna veut devenir scaphandrier pour réparer les bateaux de la Navy. Elle y arrive avec beaucoup de difficultés dans ce monde exclusivement masculin.
     Le roman est intéressant parce qu'il montre une période charnière pour les Etats-Unis. Ils rêvent de participer au cours  du monde, la guerre est une des étapes qui leur permettra de compter. 
     Ils y arriveront, rien ne sera plus comme avant et le monde change.
     Les femmes qui participent à l'effort de guerre, veulent aussi être reconnues. Les hommes sont partis et elles prennent leur place sans pour autant être valorisées. Leur combat ne fait que commencer.
     La première partie du roman est riche de l'histoire de ce pays à un moment précis et de ces hommes et ces femmes qui l'ont fait. Anna, une femme de son temps, de tous les temps, forte de ses convictions et audacieuse dans la vie nous transporte, un temps.
      La deuxième partie est nettement plus décevante. L'auteur et c'est dommage, décline dans le roman facile où les clichés abondent et lassent. Le lecteur se retrouve dans les mécanismes d'un roman d'amour plus que banal avec des personnages trop caricaturaux et prévisibles.
      L'intrigue disparaît et c'est dommage, le roman est ambitieux avec des thèmes forts quant à la fin...
       En lirai-je un autre de Jennifer Egan ?
Jennifer Egan - Manhattan Beach - Editions Robert Laffont - Traduit de l'Américain par Aline Weill - Parution 16 08 18 - 552 Pages - 22  €

vendredi 7 décembre 2018

Alice McDermott : La neuvième heure

       Nous sommes en Amérique au début du 20ème siècle, à Brooklyn un quartier qui accueillent de nombreux immigrés et notamment des irlandais.
     Jim, l'un d'eux, vient d'être licencié de son travail au chemin de fer et a décidé d'en finir. Il se suicide par le gaz laissant sa femme Annie, enceinte seule et démunie.
     La mère et la petite fille qui est née, Sally,  sont immédiatement prises en charge par la congrégation religieuse des sœurs soignantes. 
     Une vie de couvent s'ouvrent à elles. Annie y  travaille à la buanderie et Sally grandit à l'ombre du dévouement et de la foi.
    La mère essaie d'avoir une nouvelle vie malgré son veuvage et Sally est sûre d'avoir la foi et de servir les malades.
     Mais la vie réserve  beaucoup de surprises et de douleurs et la confrontation de la vie hors des murs du couvent remet en question beaucoup de choses.
     L'auteur met en scène les actions des communautés religieuses  ainsi que l'engagement et le dévouement des sœurs devant l'importante population de pauvres gens.
     Rien n'est épargné au lecteur de la maladie, de la mort et de la souffrance. 
     Les personnalités des sœurs sont nombreuses et diverses et nous perdent un peu. Leur questionnement sur la foi et l'abnégation reste intense.
     La narration est difficilement claire, l'auteur choisit de donner la parole à plusieurs personnes et le texte perd en intensité.
     Beaucoup de longueurs dans un style un peu trop classique, bref sans grande passion pour les personnages.
     L'histoire recentrée sur Annie et Sally dans un rapport mère-fille qui semble complexe, aurait été plus intéressant pour le lecteur et aurait donné un autre rythme à cette fiction.
     Récompensé par le Prix Femina étranger 2018, il se laisse lire.
Alice McDermott - La neuvième heure - Editions Table Ronde - Traduit de l'Américain par Cécile Arnaud - Parution Août 2018 - 300 Pages - 22.50 €

mardi 4 décembre 2018

Ivy Pochoda : Route 62

     Ivy Pochoda est une romancière américaine qui vit à Los Angeles.  La route 62 est son deuxième roman. Elle emporte le lecteur dans la cité des anges loin des étoiles et des paillettes et ça ébranle.
     C'est une plongée vertigineuse dans Skid Row, la cour des miracles des anges déchus où  les damnés de la vie se retrouvent.           Drogués, désaxés, handicapés, malades sont dans les rues, SDF ultimes d'une société qui ne veut plus entendre parler d'eux. 
     Tout ça à côté, d'appartements luxueux. Grandeur et décadence américaine.
     L'ouverture de ce roman est inclassable : le matin, un homme court au milieu des voitures dans l'éternel trafic infernal des autoroutes de la ville, il est nu. D'où vient-il ? Où va-t-il ?
     Tony, un jeune père de famille au bord de la crise de nerf, partant à son travail est sidéré à sa vue, il le suit et ne le lâche plus, comme nous d'ailleurs.
     A ce moment vont entrer en scène des personnages en partance de l'existence pour se retrouver ou se croiser au même endroit, Skid Row. Chacun avec son passé personnel, une histoire intime, un parcours chaotique.
     L'auteur nous offre un roman époustouflant où sont concentrés dans des âmes sombres et terriblement humaines tous les vices et les secrets.
     Ces hommes et ces femmes, Britt l'étudiante, Ren ex taulard à la recherche de sa mère ou Grace la femme du gourou et d'autres nous touchent dans leur perdition et leurs existences douloureuses.
     Route 62 est un roman sombre écrit avec une plume incisive mais bienveillante pour eux.
     Ils ne sont plus sur le fil, ils ont basculé. Vont-ils réussir et continuer ? Le roman ne donne pas de réponse et on est pris par ces histoires de vie au plus profond du désespoir.   
     A lire, un coup de cœur.
Ivy Pochoda : Route 62 - Editions Liana Levi - Traduit de l'Américain par Adelaïde Pralon - Parution le Sept. 2018 - 352 Pages - 22 €
   

dimanche 2 décembre 2018

Dave Eggers : Les héros de la frontière


     Dave Eggers est un écrivain américain sensibles aux bousculés de la vie. Ici, il dresse le portrait d'une jeune femme de 40 ans Josie qui quitte tout sans laisser d'adresse à bord d'un camping-car avec ses deux jeunes enfants.
     Josie est au  bord de la crise de nerfs. Installée dans l'Ohio, elle est dentiste. Séparée du père de ses enfants, elle cumule ses journées à son cabinet et à la maison, gère tous les problèmes, doit faire face à un procès avec un de ces patients. Bref, elle craque et décide de prendre la route pour l'Alaska,  vers l'Ouest et cette Frontière, mythe fondateur de l'Amérique.
      Pendant son voyage "sans retour", c'est aussi le bilan de sa propre vie qui s'égrène. Son existence terne dans l'Ohio, une cité pavillonnaire, son mariage avec un mari irresponsable et aussi le regret des chemins qu'elle aurait pu prendre.
     Les paysages grandioses ne l'apaisent pas et les rencontres ne sont pas toujours réconfortantes.
     Dans ce road-movie initiatique, l'auteur appose des touches d'humour qui rendent le personnage féminin assez touchant. On le sent empathique.
     Mais c'est surtout l'état des lieux d'une certaine Amérique dont le vide sidéral n'est plus comblé par ces paysages sans fin où la beauté de la nature est rattrapée par la bêtise des hommes.
     On fuit vers l'Ouest, mais il n'y a plus de rêves, l'Alaska est balayé par les incendies et Josie est une mère au bord de la maltraitance.
     C'est dommage que l'auteur rende cette épopée hallucinée par le prisme d'un comportement de femme fragile marchant sur le fil de la folie et du désespoir. Aurait-il fait la même chose avec un homme ?
     Par contre, il rend un portrait juste d'une Amérique à travers la description de paysages très précis et toujours cette conquête de l'Ouest que tant de récits ont magnifiée.
     L'écriture est vive et l'on sent l'intérêt que porte l'auteur à ces personnages qui n'arrivent pas à rentrer dans le rang.
Dave Eggers - Les héros de la frontière - Editions Gallimard - Traduit de l'Américain par Juliette Bourdin - Parution Novembre 2018 - 400 pages - 24 €


samedi 1 décembre 2018

Conor O'Callaghan : Rien d'autre sur terre

     Nous sommes quelque part en Irlande. L'histoire se déroule dans un lotissement en plein dépérissement où une famille, rentrée d'Angleterre, vient d'emménager dans une maison témoin. 
     Au milieu de nulle part, la poussière et la canicule rendent l'atmosphère encore plus suffocante et donnent à cet endroit un aspect de déliquescence totale.
     Le père Paul, la mère Hélène et leur fille ainsi que la sœur jumelle d'Hélène, vivent là et attendent l'arrivée d'autres famille dans le lotissement.
     Les journées se passent, Paul travaille avec Martina, la sœur de sa femme dans une entreprise d'informatique. Hélène reste à la maison avec sa fille, désœuvrées toutes les deux. 
     Une nuit la fillette frappe à la porte d'un prêtre habitant près de chez eux. Confuse, effrayée, perdue et sale elle raconte que son père vient de disparaître à l'instant. Elle connaît à peine son prénom, nous non plus d'ailleurs,  et parle un anglais particulier.
      Le prêtre appelle la police, et devient le narrateur de cette histoire qui le hante depuis quelques années. Des soupçons ont pesé sur lui et il tente d'expliquer les événements qui se sont déroulés ce fameux soir.
      Nous pénétrons dans l'histoire de cette famille mystérieuse qui intrigue leur entourage et nous rencontrons des personnages assez surprenants.
     On est happé par ce style poétique et envoûtant à la fois. Bizarre et magnétique voilà comment on peut résumer ce premier roman du poète irlandais Conor O'Callaghan.
     A lire, si vous aimez les romans d'ambiance à la frontière de la folie. 
     Mais rien n'explique rien et  seul le lecteur pourra comprendre, peut-être.
Conor O'Callaghan - Editions Sabine Wespieser - Traduit de l'Irlandais par Mona de Pracontal - Parution Septembre 2018 - 200 Pages - 19 €