je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mercredi 24 mars 2021

Delphine de Vigan : Les enfants sont rois

 


Delphine de Vigan dans son dernier roman traite des conséquences de la téléréalité et du monde virtuel sur une famille et des ravages comportementaux sur les enfants qui en sont victimes 

A travers les parcours de Mélanie et de Clara, deux jeunes femmes ayant vibré à la toute première téléréalité avec Loana mais à des degrés divers et dont les chemins vont se croiser, l'auteur nous dresse un constat implacable de la société accro aux réseaux sociaux.

Mélanie, elle, a toujours rêvé de gloire et de paillettes. Aussi quand elle se rend compte du vide de son existence, elle décide de mettre en scène dans la vie de tous les jours, du lever au coucher, ses enfants, sa famille devenant trop rapidement des stars sur Youtube.

Enfin Mélanie existe, enfin elle est aimée, enfin elle est vue. Suivie par des milliers de fans sa vie quotidienne est devenue un véritable rêve et une vraie réussite professionnelle.

Jusqu'au jour où Kimmy est enlevée.

Clara chargée de l'enquête découvre le monde parallèle de la téléréalité, de Facebook et autres réseaux sociaux et découvre  l'argent que génèrent les vidéos postées par Mélanie. Un monde creux, vide d'émotions vraies qui kidnappent les enfants dans une fausse réalité en les rendant accros.

Un roman qui dresse un constat terrible de ce que la société a mis en place de plus nocif et toxique. L'intérêt de l'enfant n'existe pas sur les réseaux sociaux, c'est de la maltraitance  sans aucune surveillance ou lois pour encadrer cette situation.

C'est un livre très bien documenté, l'auteur nous plonge véritablement dans le vide sidéral d'un quotidien celui de Mélanie, jeune femme toujours à la recherche d'amour, de reconnaissance et d'argent. En suivant une enquête trépidante, le lecteur arrive dans les années 2030 où l'intelligence artificielle a bouleversé la vie mais le plus terrible c'est que c'est maintenant que ça se passe.

On ne lâche pas un instant ces enfants victimes d'une société qui devient folle et maltraités par des parents irresponsables.

Delphine de Vigan - Les enfants sont rois - Edition Gallimard  - Parution Mars 2021


dimanche 7 mars 2021

Daisy Johnson : Soeurs



A la suite d'un drame survenu au lycée de ses deux filles, Septembre et Juillet, Sheela est obligée de quitter précipitamment Oxford pour trouver refuge, dans une maison à l'abandon où flotte une atmosphère assez glauque perdue dans le Yorkshire.

Sheela est écrivaine de livres illustrés pour enfants, elle sombre dans une grande dépression et semble dépassée par les agissements de ses filles, surtout Septembre qui lui fait peur. Elle s'isole de plus en plus à l'étage dans sa chambre, seule.

Il faut dire que le comportement filles est très particulier. Avec à peine 10 mois d'écart elles sont très fusionnelles et fonctionnent comme des sœurs jumelles.

Septembre est plus dominatrice, plus violente et Juillet se laisse dominée. Elle se soumet aux ordres de Septembre et fait ce qu'elle lui demande même si c'est difficile.

Le récit est mené par Juillet qui raconte leur existence à Oxford et leur arrivée dans la nouvelle maison. Une existence hantée par l'absence d'un père dont on ne parle pas souvent, Juillet évoque avec le ton de l'adolescence les souvenirs d'enfance et les derniers événements qui ont bouleversé leur vie.

Daisy Johnson s'empare de l'adolescence et de ses bouleversements, de la cellule familiale, des rapportes entre sœurs pour nous plonger dans un drame oppressant.

Dans un paysage sauvage et perdu, elle tisse la toile qui va bientôt enfermer ce qu'il reste de cette famille.

La voix de Sheela prendra à la fin le relais de celle de Juillet pour donner des explications à ce huis clos très sombre.

Par moment déroutée par les délires d'adolescente de Juillet, j'ai  beaucoup aimé le style très percutant de l'auteur. Sa façon de mener une intrigue entraînant le lecteur sur les traces de personnages qui se perdent dans leur existence,  au bord de la folie. C'est assez envoûtant.

Un auteur que je découvre et un livre qui ne laisse pas indifférent.

Daisy Johnson - Soeurs - Editions Stock - Parution Janvier 2021 - Traduit de l'anglais par Laetitia Devaux - 216 Pages-


jeudi 4 mars 2021

Nathalie Kuperman - On était des poissons



Le douzième roman de Nathalie Kuperman nous emmène sur la Côte d'Azur sur les traces d'une mère, Alice et de sa fille 11 ans, Agathe. Un huis clos implacable sous le soleil du midi où la relation passionnelle et toxique entre une mère et sa fille entraîne le lecteur dans une histoire impitoyable.

Alice est une jeune femme à la beauté renversante  qui séduit les hommes. Elle est fantasque et pas toujours bien dans sa vie et sa tête. Quittée par son mari parti s'installer aux Etats-Unis avec sa nouvelle femme, Alice vit avec sa fille qui déborde d'amour et d'admiration pour elle.

Elle décide de partir avec Agathe pour des vacances près du Lavandou où elle a grandi. Pour cela Agathe manque la dernière semaine d'école et ne dira au revoir à personne.

On sent la relation fusionnelle entre la mère et sa fille. Dans le train l'ambiance est joyeuse et les vacances promettent la fête. Sa mère la couvre de petits noms d'animaux. Agathe est fascinée par cette femme si belle.

Mais arrivées à l'hôtel où elles sont hébergées,  tout semble se désagréger. Sa mère sombre dans une mélancolie méchante et Agathe en fait les frais. Les petits noms d'animaux se transforment en insultes blessantes pour la petite fille un peu trop ronde.

L'amour maternel n'existe plus et Agathe fait tout retenir sa mère qu'elle ne reconnaît plus. D'autant plus qu'il y a des moments de grâce où celle-ci redevient si gentille et aimante.

Au bord du gouffre et de la folie, la mère danse sur un fil qui va se briser et une phrase l'annonce avec une énorme émotion.

C'est un roman qui nous happe, on a envie de donner la main à Agathe et de la protéger. 

C'est le roman d'une voix, celle d'une petite fille de 11 ans qui ne reviendra pas indemne de ces vacances au soleil. Parce qu'aimer mal c'est aussi maltraiter et on ne peut rester insensible face à un enfant qui doit grandir vite pour se protéger des adultes incapables de le faire.

A lire et par forcément sur la plage.

Nathalie Kuperman - On était des poissons - Editions Flammarion - Sortie Janvier 2021 - 272 Pages