je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mercredi 29 novembre 2017

Colson Whitehead : Underground Railroad

     Dans son dernier roman aux critiques très élogieuses, Colson Whitehead, explore l'histoire de l'Amérique à travers son peuple aux  origines multiples.
     Au 19ème siècle, dans une plantation de coton d'un état du Sud où elle est née, Cora une très jeune esclave, décide de s'échapper.         La violence y est implacable et l'exploitation inhumaine des esclaves par  les frères Randall la pousse à sauver sa vie pour rêver d'un avenir meilleur.
     Avec un autre esclave et aidés par des abolitionnistes blancs, ils vont utiliser le réseau mis en place à l'époque fait de routes, de chemins, de chaîne humaine pour fuir : "L'Ungerground Railroad". 
     Réseau mythique et réel à la fois, sa métaphore nous plonge dans la terreur quotidienne d'une population asservie, battue, affamée, torturée,vendue dans une Amérique aux valeurs humaines oubliées.
     Un fouet dans une main et la bible dans l'autre, on marque au fer, on vend et brade dans un but de production intensive et de reproduction humaine.
     Les esclaves passent des mains de propriétaires impitoyables, à celles d'une population raciste pour finir traqués par des chasseurs d'esclaves brutaux, avides de récompense.
     C'est dans ce monde là, que Cora, la petite fille d'esclaves, courageuse et lumineuse nous emporte dans son échappée belle vers la liberté.
     L'auteur nous plonge dans l'histoire du mal et de la violence qui remontent loin sur ces terres du nouveau monde où les Indiens ont été massacrés.
     Le livre possède le souffle puissant du témoignage de l'histoire. Très bien renseigné, Whitehead n'a pas peur de livrer les descriptions des mouvements de haine et de violence à l'encontre des noirs.
     Le peuple blanc effrayé du nombre croissant de la population noire, s'abandonne légitimement au déchaînement des tueries et de la haine.
     L'écriture fluide est précise et l'histoire permet de mettre au jour le tournant de l'histoire de l'esclavage en Amérique, un pays qui n'en a pas fini avec la ségrégation raciale.
     J'ai trouvé particulièrement émouvant et glaçant les avis de recherche d'esclaves en exergue de chaque chapitre. Ils rendent les personnages sublimes dans leur profondeur.
Colson Whiteheak - Underground Railroad - Editions Albin Michel - Traduit de l'Américain par Serge Chauvin - Parution 23 Août 2017 - 402 Pages - 22.90 €















lundi 27 novembre 2017

Olivier Guez : La disparition de Joseph Mengele

     Olivier Guez est le lauréat du prix Renaudot 2017 pour "La disparition de Josefe Mengele". L'auteur fournit ici une oeuvre biographique romancée fruit d'un grand travail de recherches et d'une documentation précise.
    Dressant le portrait épouvantable et saisissant du plus infâme des criminels nazis, il raconte qu'en qualité de médecin, cet homme a torturé, assassiné et pratiqué des recherches "médicales" innommables sur des milliers d'êtres humains déportés.
   "Médecin de la mort" ou "l'ange de la mort", Mengele, l'abominable docteur du camp de concentration d'Auschwitz était fasciné par la gémellité et les yeux bleus dont sa collection ornait les murs de son bureau, mais il a fait  pire bien pire.
     L'auteur décrit ici sa fuite de l'Allemagne en 1949, vers l'Argentine en passant par le Brésil et le Paraguay.
    Il détaille ici le quotidien de Mengele,  après la guerre et comment le nazi le plus recherché a fini sa vie sans montrer aucun remords et sans s'expliquer dans un procès.
     L'homme est rempli d'orgueil pour le travail accompli quand il était le grand ordonnateur de la mort.
     Il tient à son aura mais les temps changent et les témoignages des rescapés éveillent les consciences mettant au grand jour la barbarie à visage humain. La traque des nazis débute et le Mossad qui n'oublie pas, capture Eichmann.
     Ebranlé, Mengele commence alors une vie de fuites, de caches, il devient ce qu'il a toujours été un être veule, gémissant de peur, paranoïaque et minable jusqu'à sa mort par noyade en 1979.
      L'Argentine de Pérone toute bienveillante et accueillante à l'égard des nazis et autres fous ce ce genre, les reçoit et s'organise à travers l'Europe leur fuite.  Mengele a le soutien financier et indéfectible de sa famille, des riches industriels qui ne seront jamais inquiétés.
     Mais tout ça on le savait. Le lecteur est  gêné par la présence tout au long du livre d'un tortionnaire plaintif, orgueilleux et trouillard. 
     Certes, le  devoir de mémoire est plus que jamais présent dans cet ouvrage et le livre détaille une situation géopolitique complexe entre une Argentine qui se rêve puissante et une Europe qui se remet de ses blessures sous les ombres encombrantes de l'Amérique et de la Russie.
      La lecture est fluide, même si on ne le lâche pas, on a hâte de  terminer le livre.
      Alors lisons le pour que la mémoire ne s'efface pas.
Olivier GUEZ - La disparition de Josefe Mengele -  Editions Grasset - Prix Renaudot 2017 - 240 Pages - 18.50 €