je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

dimanche 26 août 2018

Olivier Bleys : Nous, les vivants

    Une rentrée littéraire placée sous le signe de l'étrange et du dépaysement avec ce roman bref mais efficace d'Olivier Bleys.
     Marcheur amoureux du monde qui lui procure tant d'émotions,      Olivier Bleys enferme ici le lecteur dans un huis clos à 4200 mètres d'altitude dans les Andes, dans une petite maison prise dans une terrible tempête de neige.
     Perdu à la frontière du Chili et de l'Argentine, le refuge Maravilla abrite le gardien qui guette Jonas, le pilote de l'hélicoptère venu le ravitailler.
     Un étrange personnage vit là aussi, un dénommé Jésus, il surveille la frontière et fait des relevés. 
     La tempête de neige les surprend alors que  Jonas s'apprête à repartir.
     Condamné à rester là en attendant des temps plus cléments, Jonas se sent pris au piège et se voit embarqué dans une aventure qui lui échappe.
     Le lecteur est aussi pris au piège de l'ivresse de l'altitude et de l'implacable et sauvage beauté  de ces paysages andins.
     Olivier Bleys avec un style et une écriture épurée, raconte l'histoire de Jonas dans un univers hostile et envoûtant.
      A la fois thriller et roman initiatique, cette histoire distille un suspense et nous montre combien nous pensons et agissons mal face à une nature qui toujours prends sa revanche.
      Un moment délirant et anesthésiant comme le froid que nous fait vivre l'auteur à l'instar de son héros, Jonas.
      Une très belle découverte de lecture d'un écrivain voyageur et marcheur.
Olivier Bleys - Nous, les vivants - Editions Albin Michel - Publication le 22/08/18 - 192 Pages - 16 € 

J.M. Coetzee : L'abattoir de verre

     J.M. Coetzee, Prix Nobel de Littérature en 2003 sud-africain, met en scène son héroïne de fiction Elisabeth Costello. 
     La très talentueuse écrivaine aborde l'utltime chapitre de sa vie et n'arrive plus à capter le désir de l'écrire.
     Elle devient vieille et aigrie et inquiète ses deux enfants pour lesquels elle semble manquer de compréhension en cultivant un certain égoïsme.
     Composé par 7 chapitres ou 7 nouvelles que l'on pense distincts, le livre dégage une impression d'unité explosée comme la vie quand elle prend plusieurs chemins.
     Voilà le portrait déstructurée d'une femme qui se pose des questions qui resteront sans doute sans réponse.
      C'est aussi un regard sur le couple, l'infidélité, les rapports aux autres et ce que l'on est et devient. Et puis bien sûr les livres: Que nous apportent-ils ? Nous font-ils comprendre vraiment la complexité de notre individu ?
       Les questionnements que Costello  a tout au long de son existence nous parvient à travers des références des grands de la littérature.
     JM Coetzee convoque ici Saint Augustin avec le texte "Le chien" ou Musil avec l'histoire de la femme infidèle heureuse et bien sûr Coetzee lui-même dont les différents engagements vivent dans son oeuvre.
      L'auteur nous invite dans un roman (ou nouvelles) à la tonalité crépusculaire où la double lecture est de mise. Le basculement de la vie, le changement inéluctable parce que tout finit avec pourtant un dernier désir qui pourrait être possible. Comme celui de se teindre en blond pour être regardée une dernière fois comme avant (Vanité)
      Un texte difficile sans doute parce qu'il interpelle et que cette double lecture peut gêner.
      Mais ce sont les mots et le style d'un grand de la littérature et ça c'est bien.
J.M. Coetzee - L'abattoir de verre - Traduction de l'anglais par Georges Lory - Parution 16 Août 2018 - 176 Pages - 18 €

Serge Joncour : Chien-loup

     Nous emmenant dans les profondeurs du Lot, au cœur du Quercy, Serge Joncour nous fait découvrir le village d'Orcières et revisite ainsi les légendes et les superstitions qui habitent cette région.
     On sent l'auteur amoureux des grands espaces et intéressé par la faune qui y vit, curieux aussi des hommes qui pénètrent et découvrent cet univers de verdure sauvage.
     Les chapitres alternent deux périodes avec l'été 1914 et celui de 2017. 
     L'ouverture se fait par une nuit de l'été 1914. Une nuit sombre  où se produit un bruyant hourvari, annonçant la période de malheurs à venir.
      En l'absence des hommes partis à la guerre, les femmes travaillent et prennent en main leur destinée.
     Au cœur du drame historique l'intime se révèle et dans ce coin perdu, arrive un dompteur et ses fauves. L'étranger qui arrive va susciter la méfiance et remuer le petit village trop calme.
     L'été 2017, un couple de parisien, a loué pour les vacances une maison isolée et  remplie de mystère parce que perdue au fin fond  d'un paysage sauvage, elle représente le passé révolu rempli de mystères.
     Sans téléphone, sans wifi, sans télé ni contact avec la ville puisqu'il faut prendre la voiture, Franck contrairement à sa femme Lise, se sent perdu et l'anxiété le gagne.
     Pourtant c'est un réel émerveillement. Le silence de la maison, la vie intense et nocturne qui les entoure et l'arrivée d'un chien-loup sauvage et sans collier vont changer leur conception même de la vie.
     Des histoire d'amour aussi menées à des années d'intervalles dont le point d'orgue est cette maison, tout fait de ce livre un moment de lecture envoûtant.
     Une rentrée littéraire sous le signe de la dualité chez l'homme comme chez l'animal. Sauvage et cruel, doux et empathique comme le monde qui nous entoure.
     Une façon aussi de montrer l'importance du dérisoire dans notre vie et d'insister sur un retour aux sources plus que nécessaire.
      L'écriture de Serge Joncour à travers Franck qui est producteur nous dévoile l'envers d'un métier aux prises avec une certaine sauvagerie et nous conduit avec une plume brillante dans un suspense absolument maîtrisé.
      Un très bon livre pour cette rentrée littéraire.
Serge Joncour - Chien-loup - Editions Flammarion - Parution 22/08/18 - 480 Pages - 21 €

vendredi 24 août 2018

Christine Angot : Un tournant de la vie

  Voilà une piètre rentrée littéraire pour Christine Angot. 
     Elle inflige aux lecteurs un roman d'une insignifiance absolue où la narration est absente et les dialogues interminables d'une platitude extrême.
     L'histoire se résume ainsi : la narratrice qui vit avec Alex croise dans la rue son ex, Vincent, qu'elle a quitté il y a dix ans.
     Indécise elle hésite entre les deux, mais que doit-elle faire ? pour pimenter le tout, les deux hommes sont amis ! Quelle histoire!! 
     La forme du roman aurait pu surprendre par son style mais là non, Christine Angot nous montre ici un manque de talent surprenant.
     A oublier, l'histoire ne vaut même pas un roman.
Christine Angot - Editions Flammarion - Paru le 29 Août 2018 - 184 Pages - 18 €