je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

jeudi 22 avril 2021

Emuna Elon : Une maison sur l'eau



 Entre Jérusalem où il vit  et Amsterdam où il est né, nous suivons les traces de Yoel Blum célèbre écrivain israélien venu justement dans sa  ville natale pour la promotion de son dernier livre.

En visitant le musée de l'holocauste, il découvre sur un court film de l'époque, sa mère tenant dans les bras un bébé qui n'est pas lui.

Commence alors pour lui une quête de la vérité sur sa famille, sur ce qu'il ressent depuis son enfance, sur ses peurs, ses angoisses et sa difficulté à dévoiler ses sentiments.

Sa sœur restée en Israël lui donnera quelques pistes sur ce passé dans ce pays où ils avaient promis tous les deux, à leur mère, de ne jamais retourner.

Une histoire bouleversante et éblouissante dans une ville ravagée par la guerre où les Juifs sont poursuivis, spoliés et déportés. L'histoire de cette famille s'inscrit dans l'incohérence absolue qu'engendrent les massacres des Juifs dans les pays occupés par l'Allemagne nazie.

La force et l'originalité de ce roman est la proximité des années de guerre dans une ville qui perd tous ses repères comme les familles juives qui y vivent, et les chemins empruntés dans cette même ville de nos jours par un écrivain à la recherche de son histoire familiale.

Un paragraphe sur une époque, un interligne et une autre époque prolonge la vie des protagonistes à travers la quête du héros.

Ecrit superbement, malgré quelques longueurs que l'on oublie vite, il  reste  la découverte ou redécouverte d'Amsterdam, une balade prodigieuse de nos jours et dans l'Histoire.

Un coup de cœur énorme pour cette découverte d'auteur, Emuna Elon, traduite pour la première fois en France et qui porte la voix des disparus.

A lire.

Emuna Elon - Une maison sur l'eau - Editions Albin Michel - Traduit de l'Hébreu par Katherine Werchowski - Parution mars 2021 - 336 Pages

samedi 10 avril 2021

David Zukerman : Iberio



Mercedes Montalvo a quitté l'Espagne pour fuir la misère et un père violent et alcoolique et une mère battue, qui enchaîne les grossesses. Elle a seize à peine quand elle gagne Paris son bébé sous le bras.

Commence alors la galère, les petits boulots et la vie d'une mère célibataire dans une ville où elle ne connaît personne.

Une vie qu'elle consacre à son enfant Iberio, "pour qu'il n'oublie pas d'où, il vient", une vie sans homme faite de travail. Mercédès est consciencieuse, et elle décroche une place de concierge dans un immeuble  du 16ème.

Y vivent un peintre célibataire à la gloire déclinante, un médecin coureur de jupons, une vieille voisine un peu trop curieuse. Un petit monde pour lequel travaille Mercedes et qui respecte cette jeune femme travailleuse, sérieuse et courageuse.

C'est le quotidien d'un immeuble huppé où l'art s'invite dans la personnalité d'un peintre revenu de tout sauf de l'amour éperdu qu'il éprouve pour la trop jolie concierge.

C'est aussi l'amour absolu d'une femme pour son enfant et d'un secret de famille.

Le secret est révélé à la fin et donne un peu plus de consistance au personnage de Mercédès et à ses choix de vie, rendant le récit plus palpitant.

Un roman sympathique mais sur lequel je suis restée parfois en dehors malgré des personnages fouillés, des thèmes intéressants, comme la création artistique.

L'histoire reste une succession de faits anecdotiques, mais c'est juste  mon avis.

David Zukerman - Iberio - Editions Calmann-Levy -  Parution Mars 2021 - 450 Pages -18.90 €


jeudi 1 avril 2021

David Vann : Komodo



     Tracy quitte la Californie pour une semaine avec sa mère, invitée par son frère Roy sur l'île de Komodo en Indonésie. A 45 ans elle est mère de jumeaux de 5 ans et cette semaine loin des charges familiales est la bienvenue. 
     Il faut dire que depuis la naissance de ses enfants, elle n'a plus une minute pour elle et se consacre exclusivement à eux. Son mari présenté comme un parfait égoïste ne l'aide pas, alors elle est débordée, fatiguée, et sombre dans un terrible burn out. 
     Une semaine exotique pour essayer de reprendre le souffle perdu et voir la vie d'une façon plus positive.
     Mais rien ne se passe comme prévu et les vacances exotiques se transforment en règlement de compte, décharge d'agressivité et de frustration.
     C'est son frère qui en fait les frais, lui  qui semble si libre et sans contraintes.
     Toute conversation démarre au quart de tour et la charge mentale subie par Tracy est trop forte.
     Entre dépression et folie, Tracy voit ses émotions lui échapper et sa famille est trop choquée par son attitude pour la soutenir.
     Alors, Tracy passera-t-elle de l'autre côté ? A lire bien sûr.
     Des thèmes chers à l'auteur. La famille, l'amour, la haine, la folie jamais bien loin et la tempête qui couve.
     Pour les amateurs de plongée, David Vann nous invite à des sorties en mer inoubliables. Les fonds sous-marin grandioses et la sensation de plénitude est ressentie réellement. Tout semble simple et pourtant le danger est là à chaque instant.
     L'auteur nous plonge dans le mental d'une femme, d'une mère à bout de nerfs, dépassée. C'est vrai l'arrivée d'un enfant en plus ici de jumeaux, change complétement la vie et la réaction de chaque femme est différente.
     Un petit bémol, Tracy est une femme qui a besoin d'être aidée, aimée, comprise mais j'avoue que je n'arrive pas à comprendre cette agressivité, cette non maîtrise de soi.
     La maternité est abordée d'une façon sombre et négative qui fait froid dans le dos parfois.
     Mais c'est ça aussi l'écriture de David Vann, il bouscule, il franchit la ligne.
     Un roman qui nous emmène loin sur le globe et dans notre âme.

David Vann - Komodo - Editions Gallmeister - Traduit de l'américain par Laure Derajinski - 304 pages - Parution Mars 2021