je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

lundi 6 février 2017

Alain Blottière : Comment Baptiste est mort

     Pour son dernier livre "Comment Baptiste est mort" Alain Blottière a reçu le Prix Décembre 2016.
     C'est un roman à la construction très originale où l'émotion est contenue dans les blancs, ceux de la page et ceux laissés par le jeune Baptiste.
     Baptiste a été kidnappé par un groupe de djihadistes, avec ses parents et ses deux frères dans le désert d'Afrique. Seul rescapé, l'histoire débute par un interrogatoire où un homme, sans doute un psy, lui pose des questions sur sa captivité et auxquelles Baptiste ne peut ou ne veut répondre.
     Les chapitres vont alterner, dialogues brefs, succincts où les silences racontent l'horreur et où le lecteur sent un souffle une présence avec le récit de l'enlèvement de la famille raconté à la troisième personne, 
     Rebaptisé Yumaï par ses ravisseurs, Baptiste n'existe plus et  éprouve des sentiments confus vis à vis de ses bourreaux.
      Amir, le chef, le repère et lui apprend à se comporter comme un soldat, il ne doit pas avoir peur, ne doit pas craindre la solitude et surtout il doit être fort.
     Il a souffert et a subi beaucoup de violence : simulacres d'exécution, peur, faim et drogue. Cette maltraitance entraîne des gouffres noirs dans sa mémoire.
     Mais petit à petit les échanges avec la personne vont l'aider à refouler l'effroi et évacuer le lavage de cerveau.
     C'est alors que lui reviennent des bribes de la barbarie subie mais aussi des actes effectués sous la contrainte alors qu'il était en proie à la peur et sous l'emprise de drogues.
     Les descriptions du désert sont sublimes et glaçantes. Les séjours forcés que fait Yumaï tout seul dans une grotte  ornée se transforment en quête initiatique.
      C'est un roman très sobre et dérangeant. L'auteur mène un récit très épuré,  même poétique. Il nous dévoile avec retenue la manipulation et la fascination de Yumaï pour son chef mais tout bascule dans l'horreur la plus totale. 
       Un roman lu d'une traite, on souffle après.
Alain Blottière - Comment Baptiste est mort - Editions Gallimard - 208 Pages - 18.50 €

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