je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

lundi 2 juillet 2012

Edgar Hilsenrath : Le nazi et le barbier

Edgar Hilsenrath né en Allemagne en 1926 est un rescapé des ghettos. Toute son oeuvre évoque cette période. Ecrit dans les années 60, ce livre est paru aux Etats Unis et traduit dans de nombreuses langues. Il connaît un succès considérable et confère à  son auteur une renommée. En Allemagne, le livre est boycotté en raison de la manière dont il bouscule les consciences par sa vision burlesque et complètement décalée de la Shoah. Les allemands n'acceptent pas de tourner en dérision bourreaux et victimes ! surtout de la part d'un écrivain juif !  Ce n'est qu'en 1977 que le roman paraît enfin avec un succès teinté de scandale. Voilà pour l'histoire du livre.
C'est  l'histoire  de Max Schulz, aryen pure souche, bourreau sans état d'âme de milliers de victimes, ni regret ni remord,  anti-héros opportuniste qui finit dans la peau d'un Juif combattant pour la liberté du nouvel état d'Israël !
Max Schulz est barbier, un métier, que le père de son ami juif Itzig, lui a appris. Mais quand Hitler prend le pouvoir, il adhère complètement à ses idées et devient un nazi convaincu. C'est au camp de concentration où il est affecté qu'il trouve sa vraie nature : assassin, tueur, bourreau de milliers de juifs y compris son ami Itzig. Tout est bien  quand on est du bon côté. Aussi quand la guerre se termine et que les nazis doivent payer, il fuit pour sauver sa peau. Sans aucun scrupule, il prend l'identité de son ami Itzig et embrasse la cause sioniste. Il devient un farouche défenseur du peuple martyr comme il l'a été du Reich qui devait durer 1 00 ans. C'est un bourreau impitoyable, sans coeur, cynique qui veut uniquement sauver sa tête. Surtout ne rendre aucun compte à personne et tout faire pour rester du bon côté. Même devant Dieu, il trouve le moyen de ne pas être jugé. Le lecteur risque même de le trouver sincère et repentant, mais .... n'y arrive pas.
L'auteur, à travers un texte percutant et sous l'apparence d'une comédie, nous interroge sur la culpabilité et le salut.
Le rythme est fort et tenace et le livre devient inoubliable par le fait qu'il raconte la Shoah vue par un bourreau mais écrit par un Juif. C'est absolument fort par les situations cocasses et l'attitude impitoyable de ce Max Schulz alias Itzig.
A lire.