je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

vendredi 30 juillet 2010

Henry Bauchau : Le boulevard périphérique

Dans ce roman, l'auteur nous raconte le destin d'un homme, peut être le sien. A travers différentes étapes de sa vie, il entraîne le lecteur dans les souvenirs de cet homme qui a connu la guerre et pendant laquelle son meilleur ami, Stéphane, a connu une mort tragique. Alpiniste, lumineux, il est entré dans la résistance. Le narrateur a rencontré son bourreau, un certain Shadow. Etre démoniaque, fasciné par sa victime.Tous ces souvenirs reviennent le visiter à chaque fois qu'il prend le périphérique pour aller voir sa jeune belle fille mourante à l'hôpital. La mort, le lien entre les vivants et les mourants, ceux qui sont déjà partis et ceux qui vont suivre.
Henry Bauchau ne donne pas des réponses, il pose des questions. Rechercher en soi, toujours plus loin et essayer de trouver un équilibre entre espérance et désespérance. Trouver ses portes et pouvoir les ouvrir afin que l'imaginaire rejoigne la vérité et le quotidien.
Les mots simples, la quête de soi, son dépassement parfois, Henry Bauchau nous les livre d'une façon poignante dans un récit obsédant à suffoquer.
Bonheur d'exister dans une vie que l'on sait déjà condamnée. Alors, comme sur le périphérique qui se déroule en continu, la vie nous offre aussi la possibilité de prendre des sorties pour de nouvelles histoires.
Ce n'est pas un livre très gai, il nous met face à la jeunesse qui n'est plus, à la mort que nous portons tous en nous, aux mots qui nous manquent parfois, souvent même, à la lâcheté aussi.
Le lecteur est quand même porté par cette fabuleuse façon d'écrire et de décrire de l'auteur.




mardi 27 juillet 2010

Sylvie Germain : La chanson des mal-aimants

L'auteur nous raconte la vie d'une femme, Laudes-Marie, abandonnée à la naissance, reniée par un père, une mère qui malgré elle lui manquera toute sa vie. "Après elle, j'ai claudiqué à perdre haleine toute ma vie".
Le ton est donné. Les êtres que Sylvie Germain par le biais de son héroïne croise, sont ceux que la vie a laissés de côté, ceux que nous croisons sans prêter attention, qui ne possèdent que leurs rêves et souvent que leurs cauchemars.
C'est l'histoire de Laudes-Maris, enfant albinos, blanc comme la neige en Août , mois de sa naissance. Une neige que personne ne souhaite, n'imagine même. A la fin de sa vie, elle retourne vivre dans les montagnes près de ses animaux. Elle nous raconte sa vie misérable du manque d'amour. Elle a croisé des gens, travaillé comme servante dans des bars, hôtels, famille même dans un bordel de campagne.
Une vie de femme qui n'était pas dans les normes et qui pourtant n'a fait qu'aller vers les autres pour les aider, les comprendre. Elle a vécu une vie de compassion tout en préservant sa solitude et sa marginalité.
L'écriture de Sylvie Germain est belle, limpide et nous décrit à travers ces personnages notre monde et ses douleurs. Le récit se parcourt calmement, sereinement et à travers sa poésie donne une note d'espoir.
Un petit bémol concernant les visions de Laudes-Marie. Je les trouve trop hermétiques, obscures et finalement en trop dans le récit.
Et puis la compassion, un certain fatalisme, fil conducteur du livre, à un moment donné entraîne le lecteur dans une finalité convenue.
Par contre j'ai aimé la rencontre de Laudes-Marie avec l' écrivain de romans policiers et son travail chez lui . Elle va enfin trouver dans les livres, les mots qui lui ont toujours manqué pour répondre à ses silences.


jeudi 22 juillet 2010

Jean Paul Dubois : Les accommodements raisonnables

L'histoire commence par un enterrement, celui de l'oncle de la famille Stern, Charles. Les protagonistes de cette saga se trouvent à un moment donné de leur vie dans un profond chaos.
A commencer par l'oncle qui décède, fortuné, vaniteux, détesté et pourtant si envié. Le frère Alexandre devient l'héritier et endosse son nouveau rôle de riche avec une facilité surprenante, lui qui haïssait tellement la façon de vivre de son frère. Et puis il y a Paul, fils d'Alexandre, écrivain-scénariste, un peu raté. Anna sa femme complètement dépressive fuit dans le sommeil la réalité de son couple inexistant.
Paul saisit une opportunité et part travailler à Hollywood. Pendant une année nous assistons aux bouleversements dans cette famille à un moment critique. Chacun tourne autour de l'autre, s'observe, se quitte, revient pour mieux repartir, bref s'accommode , de la vie et des autres.
Jean Paul Dubois analyse finement la société américaine où l'homme se perd dans l'illusion, où le rêve devient cauchemar et nous met en garde contre cette société , copie exacte de la nôtre mais en pire...
Et puis surtout il est question d'accommodements, ceux que l'on fait par lâcheté, toutes les compromissions, les non-dits, les manquements tous ces arrangements pour s'accommoder de soi mais aussi des autres, de la vie pour continuer raisonnablement.
Dans la vie, à certains moments critiques, douloureux, des parenthèses s'ouvrent où tout semble bouleversé sauf le fondamental.
L'écriture est mordante au début, drôle , pathétique dans la description des hypocrisies des personnages elle se perd un peu trop dans ses accommodements. C'est dommage, l'histoire méritait d'être plus percutante, mêmes dans les doutes, les remords, les personnages auraient gagné plus de profondeur.





John Updike : Villages

Le dernier roman de Updike, décédé en Janvier 2009, est paru en France quelques mois après sa mort. L'univers et la thématique chers à l'auteur sont présents dans ce livre, à savoir le sexe et ses plaisirs dans une Amérique en constante évolution.
Le héros, Owen, au soir de sa vie nous fait revivre à travers ses rêveries près d'un siècle de l'histoire américaine. Avec lui nous suivons ce que vivre veut dire dans ces villages du début du siècle d'une Amérique provinciale, celle des classes moyennes.
Marié à Julia, sa deuxième épouse, Owen, retraité et génie de l'informatique, se rappelle surtout des femmes toutes les femmes, mère, épouse, voisines, maîtresses qui ont vécu dans ces lieux et l'ont aidé à grandir, vivre, s'affranchir.
Il a aimé les femmes et a recherché dans ses aventures sexuelles une façon de continuer sa vie d'époux insatisfait auprès de Phyllis sa première femme.
Arrivé au bilan de sa vie, Owen n'arrive pas à clôturer tous les comptes.
Dans une écriture forte, crue et torride Updike nous dresse le portrait d'une Amérique ordinaire, bourgeoise bien pensante pendant la deuxième partie du XXè siècle et qui se cherche des modèles dans une vie d'une banalité quotidienne cruelle.
Avec une nostalgie pleine d'humour, l'auteur nous dépeint des soirées et dîners entre amis et voisins. Il n'est question que d'adultère, il n'y a que ça et l'argent qui les fait vibrer, derrière les conventions. C'est absolument impudique et délectable.
Les portraits des femmes rencontrées, aimées, séduites et délaissées sont tout simplement ambigus mais humains, surtout humains.
Dans une description efficace d'une société américaine qui balance entre regrets, puritanisme, révolution et liberté sexuelle, l'auteur nous entraîne dans une chronique où la fiction amoureuse et sentimentale se mêle à la réalité de l'évolution économique et sociale.
Un très beau livre, cruel et émouvant.