je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

dimanche 28 octobre 2012

Nina Killham : L'art d'accommoder les restes

Jasmine est une cuisinière hors pair, toujours à la recherche de nouvelles recettes. Elle goûte, respire, boit  et jouit de la vie et de la nourriture avec une bonne et belle humeur. Elle adore le gras, le sucre, la crème fraîche, le beurre et traque les produits modernes insipides et basse calorie.
Bref une femme épanouie, aux formes rebondies qui tout au long du livre, salive et mange avec un bonheur communicatif. 
Son mari, en pleine crise de la quarantaine, vit une relation torride avec une de ses étudiantes, accro de tofu et de salade, mince comme un fil.
Sa fille , une adolescente rebelle et sombre,  balance entre  anorexie débutante et envie d'en finir avec sa virginité mais réalise surtout qu'elle ne veut  pas ressembler à sa mère.
Tout débute par la découverte du corps de la maîtresse dans la cuisine. L'auteur avec humour nous sert une succession de situations drôles sur fond de crise de couple, de trouvailles culinaires succulentes et de refus de la nourriture allégée. 
Le dénouement est très surprenant  et inattendue,  digne d'un grand roman policier.
C'est drôle, sensuel, odorant, visuel et surtout on passe un moment de détente gustative !!!


samedi 27 octobre 2012

Catherine Mavrikakis : Les derniers jours de Smokey Nelson

      Smokey Nelson attend dans le couloir de la mort d'une prison près d'Atlanta. 20 ans plus tôt; il a commis le massacre d'une famille dans un motel. 
      Un acte d'une barbarie inouïe pour lequel, à l'époque,  un homme , Sydney, avait été condamné à tort et purgé une peine avant que le vrai meurtrier ne soit arrêté.Il était noir comme lui et représentait un coupable idéal.
      Une jeune femme au moment des faits, avait croisé la route Smokey Nelson et avait même plaisanté avec lui en fumant une cigarette. Un intermède charmant avant d'aller faire le ménage dans la chambre et découvrir une scène qui restera à jamais gravé dans sa mémoire. Se rendant coupable d'avoir pu le trouver sympatique.
      Un père, celui de la jeune femme assassinée, a aussi perdu  ses deux petits enfants et son gendre dans le carnage. Dieu a été son unique secours et l'a aidé durant ces années de douleur , d'ailleurs c'est à lui qu'il parle directement.
      Le livre nous fait entendre l'écho de ces quatre voix, entre chuchotement très intime et incantation hallucinatoire et poignante.
      Les récits alternent et évoquent "les derniers jours de Smokey Neson" dont on ne sait rien , sauf la date de son exécution : le 15 Août 2008, dans quelques jours.
      Les voix se succèdent pour parler d'un drame vécu et qui revient les hanter. Chacun raconte les faits, comment les années ont passé, ce qu'ils ont fait. La répétition devient insistante et lancinante.
      Mais personne n'échappe à son  destin, et le jour de l'exécution sera pour chacun l'ultime attente.
      L'auteur nous sert un style et un vocabulaire différent pour chaque personnage, appartenant tous à des milieux divers, ils représentent pourtant l'image de l'Amérique.
      Une Amérique qui se veut  blanche et puritaine, éprise de liberté, mais qui reste raciste envers les noirs et les laissés pour compte du rêve américain et qui condamne toujours à mort des hommes.
      Un livre étonnant, un véritable coup de poing dans cette rentrée littéraire.



vendredi 19 octobre 2012

Philip Roth : Némésis

     Dernier et ultime livre de Philip Roth, l'auteur lui-même a annoncé qu'il arrête l'écriture. Il n'y aura plus de nouveau Philip Roth, Némésis clôt l'oeuvre prolifique d'un des plus grands auteurs américains encore en vie.
     Newark, New Jersey,  dans l'été étouffant 1944, Bucky Cantor est  professeur de sport à la Chancellor Avenue School (Roth aussi y a étudié) et considère le devoir et la responsabilité au-dessus de tout.
     N'ayant  pu être mobilisé à la guerre comme ses amis, il donne tout son temps aux gens qu'il aime, à sa grand-mère qui l'a élevé,  à sa fiancée avec qui l'avenir est déjà tracé, à son quartier et  surtout aux enfants à qui il apprend à travers le sport, la virilité, l'audace, la pugnacité.
     Alors qu'une épidémie de polio s'abat sur le quartier pauvre italien situé juste de l'autre côté de la ville, Cantor fait tout son possible pour épargner les enfants de la tragédie.
        En bon petit soldat, il mène sa guerre contre la maladie et la mort et se fait un devoir d'être là pour aider, soulager et combattre et tenir tête à un  Dieu totalement absent et cruel.
        La maladie commence à frapper l'école et le quartier. Il doit affronter l'hystérie, la peur et le racisme qui frappent les familles devant une telle injustice. Il veut être là, même devant l'impuissance de son combat, il ne veut pas se résigner.
      Mais bien sûr, intervient la part du désir, représentée par Marcia et à laquelle le héros succombera. Ce désir, le sexe,  cet humour dans  la vie malgré la mort et la maladie, ces thèmes chers à l'auteur et qui ont fait vibrer son oeuvre, dans ce roman Roth prend précisément le choix de leur tourner le dos.  
      Il fait de son héros, un homme aveuglément faible dans son devoir, sans pulsions si caractéristiques des personnages de ses romans. Peut être qu'une fois, Roth voulait voir ce que ça faisait d'être un bon petit garçon juif et de ne pas céder à ses envies.
            Le récit est mené par une voix, que l'on peut supposer cette de la cité, et qui sera attribué à un homme que le lecteur découvrira  vers la 100 ème page, où l'on retrouve notre héros 30 ans après. Une construction très habile qui apporte l'interrogation et la spéculation sur le combat mené.
            "parfois on a de la chance, et parfois on n'en a pas. toute biographie tient du hasard et, dès le début de la vie, tout relève du hasard, de la tyrannie de la contingence."
           

    
    

vendredi 12 octobre 2012

Jim Harrison : Grand Maître

      Dans son dernier livre, Jim Harrison notre Big Jim met en scène un héros vieillissant, Sunderson, un inspecteur de police tout juste retraité. Il veut terminer sa dernière enquête, capturer Le Grand Maître, un gourou complètement pervers.
      Du Michigan, pays cher à l'auteur, au Nebraska, cette poursuite sera  pour Sundernson l'occasion de faire le bilan de sa vie  et de noter sur un carnet, à la manière d'un vieux sage, ses impressions sur le monde. Aidé par une jeune voisine de 16 ans, spécialiste informatique, et d'un vieil ami il mène sa dernière traque.
      Ce n'est pas un roman policier, le récit donne la parole à un héros déprimé suite à son divorce, victime de crise de goutte et capable de tous les excès et abus qu'ils soient culinaires, alcoolisés ou sexuels. Jim Harrison , par la voix de son double littéraire amoureux comme lui des grands espaces, de la nature, des oiseaux et passionné de l'histoire des Indiens, en profite une fois de plus de fustiger une Amérique depuis longtemps sur le déclin.
       Jim Harrison nous explique que face à la vieillesse, un homme peut entreprendre une quête spirituelle.
Tout au long de ce voyage à travers un paysage à couper le souffle, il nous sert une prose claire, lucide et d'un humour féroce pour dénoncer les mensonges d'un pays face à ses crimes, son histoire ancrée dans la violence et l'argent comme seul moyen de reconnaissance.
      Harrison n'a rien perdu de son énergie maniant le ton cru et même vulgaire, et  les descriptions d'un grand niveau littéraire de l'Histoire et la nature sont d'un grand niveau littéraire. Il fait de ce roman un témoignage impitoyable d'une société américaine, uniquement capable "de prendre son flingue et de tirer sur tout ce qui bouge".
   .

lundi 8 octobre 2012

Gaëlle Josse : Les heures silencieuses

         A partir d'un tableau d'Emmanuel de Witte (Intérieur avec femme à l'épinette), Gaëlle Josse imagine la vie et l'univers de cette femme représentée de dos, Magdalena pour le roman; à Delft au 17ème siècle.
        Qui était elle cette femme et pourquoi ne montre-t-elle pas son visage ?
        C'est sous la forme de son journal intime que nous découvrons, les souvenirs,  confessions intimes et frustrations qui ont jalonné la vie de Magdalena.
        Elle est la fille de l'administrateur de la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales de Delft et ne pourra pas à ce titre succéder à son père. Brillante elle sera toujours un conseil efficace pour lui et continuera avec son mari qui remplacera ce père admiré. Dans son ombre, elle se tiendra toujours au courant des affaires.
        Mariage d'amour, enfants toute une vie qui passe avec ses joies et ses inquiétudes. Son mari la délaisse et elle assiste aux premières passions de ses enfants se sentant plus que jamais prisonnière d'un siècle qui abandonne les femmes à l'intendance de la maison.
       De ces heures silencieuses, Magdalena nous raconte une page d'histoire, celle de la vie dans les ports. Les nouvelles marchandises rapportées de pays inconnus, mais aussi des hommes qui sont vendus et dont le commerce enrichit. Elle nous parle simplement, un peu lyriquement, de la vie quotidienne de l'époque et de la déception de constater combien l'être humain est imparfait.
         Une centaine de pages de poésie et de sensibilité qui font le plus grand bien. Un premier roman de cette jeune auteur absolument superbe.