je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

dimanche 27 février 2011

Véronique Olmi : Cet été là

Véronique Olmi situe son dernier roman pendant le week-end du 14 Juillet en Normandie. Trois couples d'amis depuis des années se réunissent là pour passer une parenthèse dans leur quotidien usé par le temps. Cet été là est celui des bilans où l'on sent dès le début que ce sera le dernier.
Comme dans un film de Claude Sautet, l'auteur raconte une histoire simple, les relations de couple, les rires autour d'un dîner, le soleil, la mer, la fin d'une époque. Le couple à la réussite professionnelle et financière éclatante dont l'amour et l'intimité se sont envolés, un autre couple toujours étonnamment amoureux et l'éternelle célibataire présentant toujours sa dernière conquête.
Dans cet été qui s'annonce, un élément perturbateur dévoile les non-dits et les silences enfouis. Les révélations dénoncent l'amertume et les doutes et souffrances.
Dans une prose nostalgique, Véronique Olmi détaille avec beaucoup d'enchantements et de vérité, les sentiments, les regrets et la vie qui reste à venir.
Les couples se déchirent, broyés par le temps parce que l'immuable n'existe pas. Mais la vie c'est ça justement, le mouvement, alors il n'y a pas à hésiter.

dimanche 13 février 2011

David Vann : Sukkwan Island

Pour cet ouvrage David Vann a reçu le Prix Medicis Etranger en 2010. C'est l'histoire de Jim, complètement égoïste et paumé, divorcé il est père de deux enfants et vit actuellement séparé de sa dernière compagne. Il décide alors de tout quitter pour partir sur l'île de Sukkvann où il a acheté une cabane. Loin de tout et coupé de la civilisation, cette année d'isolement lui permettra de faire le point et de se reconstruire. Dans son aventure il emmène son fils Roy, 13 ans.
Dans un retour à la nature absolu avec pour seul lien avec les hommes une radio, le père et le fils vont essayer de se connaître et d'aller au bout de cette expérience unique.
Le décor grandiose tant par sa beauté que son hallucinant isolement entraînent le lecteur dans une situation difficilement soutenable.
D'autant plus que Jim se révèle très vite minable, aussi bien dans son rôle de père que celui d'homme.
La nature le rattrapera violemment par son implacable puissance et le lecteur sombre alors dans un huis-clos où la folie est présente du début à la fin.
Une atmosphère violente où l'on sent que la raison va basculer. Les scènes de chasse, de construction d'abris, les journées de pluie, de froid basculent dans l'irréel.
Servi par une écriture sèche, nette et efficace, l'ouvrage détaille bien la personnalité de ces pères (et mères) irresponsables qui voient dans leurs enfants des partenaires à qui tout peut être dit.
La première partie finit avec une phrase d'une violence extrême et laisse présager du délire dans lequel plongera ce père.
C'est un livre sombre, noir où les quelques passages lumineux nous broient tant le ton reste haletant. Roman du manque, de la défaillance, de l'immaturité qui laisse un certain malaise.



Jonathan Coe : La vie très privée de Mr Sim

Jonathan Coe renoue avec l'humour et l'ironie pour son dernier livre qui nous raconte l'histoire de Mr Sim (comme la carte), un anti-héros en grande difficulté dans sa vie très privée.
Depuis sa naissance non désirée Maxwell Sim est un vrai perdant, sa femme vient de le quitter, sa fille se moque de lui , il est en pleine déprime et ne travaille plus. Prêt à trouver des réponses à ce mal être, il va se confronter à des situations desquelles il ne sort pas vraiment brillant. De retour d'Australie où il est allée rendre visite à son père pour un ultime échange, il rentre à Londres et se voit proposer un poste de commercial dans une entreprise de brosses à dents écologiques.
C'est le départ pour une prospection dans le nord du pays et pour lui l'occasion de retrouver les lieux de sa jeunesse.
Dans un récit à la première personne, ce héros sans aucune superbe nous narre ses erreurs, ses manques et ceux de ses proches. Au rythme de ses souvenirs et de lettres retrouvées, de récits d'un certain navigateur et d'apparitions de personnages décalés, nous entrons dans l'univers de solitude de Mr Sim.
Jonathan Coe nous distille avec beaucoup d'humour les ratés de la société anglaise où l'être humain est désespérément seul. Seul avec Internet qui le relie pourtant au monde entier, seul avec tous ses amis de Facebook, seul avec son portable, seul avec son GPS à la voix rassurante.
Le livre nous interroge sur les moyens de communication mis à disposition et la solitude qui envahit malgré tout nos vies. Une certaine société codée où le Net viole et surveille notre vie privée et où l'écologie devient une nouvelle valeur marchande.
Autant de thèmes, de pièces de puzzle servis par une écriture vive, nerveuse, balançant entre le conte et la vérité. Mais l'écrivain reprend le dessus et nous réserve une belle surprise avec une fin aussi littéraire que talentueuse.