je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mardi 28 février 2012

Yoko Ogawa : La Petite pièce hexagonale

C'est un très court et beau roman, un texte très riche d'une grande sensibilité servi par l'écriture poétique de Yoko Ogawa.
Elle approche par une  jolie métaphore les aspects de la psychanalyse. L 'histoire est construite autour d'une petite pièce hexagonale qui voyage de ville en ville à la rencontre de gens qui ont besoin de parler, de raconter, et qui se ressourcent dans son silence ouaté. Ils en sortent épuisés mais plus attentifs aux évènements supposés anodins de leur vie.
Dans les vestiaires d'une piscine, la narratrice fait la connaissance de Midori une drôle de femme,  plus très jeune qui accompagne une amie. Son allure et  son apparence vraiment très banale l'attirent pourtant et l'intriguent. Elle a très envie d'en savoir plus sur son existence.
Un jour par hasard, elle la croise dans la rue et la suit. Elle découvre ainsi que Midori et son fils Yuzuru sont les gardiens de cette petite pièce, située dans un immeuble désaffecté perdu au milieu d'une forêt. Dans la salle où se trouve la petite pièce, des personnes attendent leur tour pour y rentrer.
Et c'est là  que toute la magie et la poésie de Ogawa opèrent et  nous rappellent  une fois de plus que tout a une signification cachée.
La jeune narratrice à son tour pénètre dans cette pièce et se confie, elle parle de ses proches, de son fiancé, de ces être perdus souvent dans un quotidien ordinaire. Elle raconte ses rendez-vous manqués et elle qui souffre terriblement du dos éprouve un grand réconfort et soulagement à exprimer ainsi ses sentiments.
Les mots peuvent guérir  les maux, on le sait bien.
L'auteur  revisite les petits riens de la vie, les êtres croisés et vite  oubliés, ce monde un peu absurde et parfois trop lisse. 
Un bijou de délicatesse.

mercredi 8 février 2012

Bruce Machart : Le Sillage de l'oubli

Pour son premier roman, l'auteur décrit une fresque familiale tragique jusqu'à la folie dans une Amérique pleine de promesse. Il ancre son histoire dans le Texas rugueux et aride où vit la famille Skala, originaire de Tchécoslovaquie.
Le père volontaire et aimant les paris est devenu un puissant propriétaire terrien. Sa femme meurt en mettant au monde son quatrième garçon, Karel. Inconsolable, il va élever ses fils dans une vie morne et brutale où toute marque de tendresse est exclue. Un homme violent qui préférera voir ses fils abîmés par le joug, au sens propre comme au sens figuré, mais qui vouera à ses chevaux de course une attention très particulière.
A la suite d'un ultime et insolite pari, qu'il perdra cette fois, avec un riche propriétaire mexicain, père de 3 ravissantes filles, il engage l'avenir de ses fils.
C'est le destin de Karel, le dernier fils, celui qui a tué la mère en naissant que nous suivons sur une trentaine d'années. Par de nombreux retours en arrière, Karel raconte les années marquantes de cette tragédie familiale avec ses passions, ses regrets, ses manques.
Porté par une écriture violente comme le vent qui souffle dans les plaines, c'est vraiment un roman haletant au rythme infernal. L'auteur nous fait revivre l'Ouest américain et ses grands espaces d'une grande beauté.
Si certains dialogues ou situations sont plus que cocasses, l'atmosphère bouleverse l'âme et le coeur jusqu'à la dernière ligne. Le ton est parfois poétique, souvent empreint de sensualité.




lundi 6 février 2012

Rikka Pulkkinen : L'armoire des robes oubliées

L'auteur finnoise nous retrace l'histoire familiale des Halqvist au travers de portraits brûlants de femmes qui ont aimé. Dans un récit psychologique d'une grande finesse, les voix s'intercalent pour se raconter, se superposent pour se souvenir et s'interpellent pour saisir la fêlure.
Elsa, psychologue reconnue et Martti artiste peintre sont mariés depuis plus de 50 ans. Ensemble ils ont eu une fille, Eléonoora. Dans les années 60, Martti est tombé fou amoureux d'Eeva. Jeune étudiante au pair embauchée par le jeune couple pour s'occuper de la petite fille pendant qu'ils menaient chacun leur carrière. Un vent de liberté et d'indépendance soufflait alors et Elsa s'absente souvent pour son travail. Les liens deviennent forts et la passion balaiera les moments lumineux entraînant Eeva dans un voyage sans retour.
50 ans plus tard, Elsa atteinte d'un cancer, désire mourir chez elle entourée de sa famille. Son mari, sa fille et ses deux petites filles, Anna et Maria. La maladie et l'approche de la mort vont les réunir et lever le voile sur les souvenirs et les non-dits. Anna dépositaire de ce secret, la liaison adultérine, prendra la parole pour raconter, questionner, se mettra dans la peau d'Eeva pour comprendre sa propre vie.
Il ressort de cette histoire de famille finlandaise un grand respect des personnages. Pour Martii, si lâche et si humain dans ses limites, ses doutes et ses remords, pour Elsa si prise dans son temps et si confiante dans son amour, pour Eeva jeune fille si fragile , morte d'aimer et Anna qui rentre dans la vie par des blessures d'amour. L'histoire se répète, se superpose comme les couleurs d'une toile.
La construction littéraire est très intéressante, l'auteur nous emmène dans un voyage entre Elsinki et Paris des années 60 à nos jours sur les traces d'une famille apparemment heureuse. Sans mièvrerie, elle met en évidence la fragilité de l'apparence devant le passé exhumé. Elle décortique les sentiments de chacun avec beaucoup de délicatesse. Le passé est là toujours, il nous bouleverse même si les chemins pris nous ont emporté ailleurs.