je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

jeudi 25 août 2011

Claudia Pineiro : Les veuves du jeudi

Avec Claudia Pineiro, écrivain argentin, nous pénétrons dans une banlieue ultra chic de Buanos Aires à Altos de la Cascada. C'est une résidence très sécurisée pour riches avec golf, tennis, piscine, parc et un règlement intérieur dicté par la bienséance. Accrochés à leurs privilèges, ils ne regardent pas ou plus au-delà des murs, et n'imaginent pas un instant que leur monde est en chute libre.
A la manière d'une enquête, le livre nous entraîne dans un univers glauque où seules les apparences comptent. Les veuves du jeudi sont quatre femmes se réunissant le jeudi soir pendant que leurs époux passent la soirée entre hommes.
Le livre débute par la découverte de trois corps dans une piscine. Une des quatre femmes prend la parole. Curieusement elle raconte non pas l'accident mais la vie de cette société à laquelle elle appartient.
Agent immobilier, Virginia connaît toutes les maisons et ses habitants, elle possède même des fiches !
Elle nous fait découvrir la vie de ces familles derrière des façades clinquantes et un luxe affiché.
Dans une Argentine en pleine crise, l'auteur analyse une société décalée et dépassée ne vivant que dans le paraître, pataugeant dans une hypocrisie lamentable et un vide total de sentiments.
La vérité est effroyable.
Ecrit d'une manière fluide, l'auteur laisse la parole à plusieurs protagonistes. Le style reste bien rythmé et fluide même si parfois le lecteur peut se perdre dans les différents intervenants.







mercredi 3 août 2011

Agota Kristof : Le grand cahier

Premier volet d'une trilogie paru en 1987, son auteur est décédé en Juillet 2011. Immigrée hongroise, elle vivait en Suisse depuis 1956 et écrivait dans sa langue d'adoption.
Ce livre est l'objet d'une importante polémique en 2000, quand un jeune professeur le fait étudier à ses élèves de 3ème. Evoquant la 2ème guerre mondiale, au programme de l'année, l'ouvrage comporte des passages très violents, crus à caractère sexuel que les parents d'élèves n'ont pas tolérés.
L'histoire est celle de jumeaux, Lucas et Klaus. C'est la guerre, la ville devient dangereuse et leur mère les accompagnent à la campagne chez leur grand-mère maternelle.
Une grand-mère, affreuse, sale et méchante qui leur mènera la vie dure et à laquelle ils opposeront toujours une attitude soudée et unie.
Ils pendront en main leur éducation, une bien étrange éducation qui va les endurcir oubliant ainsi le peu d'enfance et de naïveté connus, afin de ne plus souffrir. Tout sera noté dans un grand cahier.
Avec froideur, détermination et sans remord ils organisent leur apprentissage de la vie et participent à des actes inouïs de violence. Consignés avec une précision diabolique, les jours se succèdent et le lecteur suit l'évolution mentale de ces 2 garçons.
L'écriture met la distance par son style simple et puéril. Les chapitres sont courts et le "nous" utilisé montre bien combien l'union de ces jumeaux est forte et atténue l'immoralité des faits.
Certains passages, s'ils ne font pas l'apologie de la zoophilie ou de la pédophilie, restent très dérangeants et très crus.
C'est un livre qui porte un regard d'enfant sur le monde d'adultes dépassés par leurs guerres, toutes leurs guerres. La fin est d'un cynisme à couper le souffle.










mardi 2 août 2011

James Salter : American Express

Onze très belles nouvelles composent le sixième livre de James Salter. Toutes ont en commun une chute à laquelle le lecteur ne s'attend pas. Les destins de grande solitude de ces hommes et de ces femmes ne possèdent ni début ni fin véritable. Salter nous décrit avec beaucoup de distance et de minutie, les tranches de vie qui sont beaucoup plus importantes qu'elles n'y paraissent.
L'écriture sublime de l'auteur nous laisse approcher sans pouvoir les saisir, des personnages se mouvant dans un univers souvent froid et glauque.
L'humanité y est désespérante et sans issue et les hommes se ressemblent tellement dans leur abîme qu'ils donnent froid dans le dos.
Le ton est donné et chaque nouvelle nous propose avec un mélange de mélancolie, de froideur et d'émotion une variation sur le temps.
Une chambre d'hôtel à Vérone, un oiseau mort dans sa cage, une jeune fille au pair un peu trop effrontée, un accident de cheval sont les thèmes sur lesquels Salter va développer sa mélodie.
Dans Crépuscule, la grande solitude de Mrs Chandler devant son plombier qui retourne chez sa femme est résolument dramatique.
"...C'était une femme qui avait un certain style de vie. Elle savait donner des dîners, s'occuper des chiens, entrer dans un restaurant......D'incomparables habitudes, pourrait-on dire. C'était une femme qui avait lu, joué au golf...qui avait de jolies jambes. C'était une belle femme dont personne ne voulait plus".

lundi 1 août 2011

Elisabeth Brami : Les heures secrètes

C'est un joli roman que nous offre cet écrivain plutôt habitué à la littérature jeunesse bien que je n'apprécie pas trop les étiquettes. L'auteur avec beaucoup de sensibilité dépeint les sentiments et les existences d'adultes qui ont eu de belles occasions manquées et qui se souviennent.
Comme Pierre, libraire à la retraite, il se trouve vieux et usé. Récemment veuf, il se sent responsable de la mort de sa femme, Régine. Les enfants sont grands et vivent loin de lui.
Régulièrement, il rend visite à Léa, sa belle-mère âgée de 90 ans, placée dans une maison de retraite. Une grande complicité les a toujours uni, peut être même plus qu'une complicité. Jamais ils ne sont avoué ce lien si fort entre eux. De confidences en confidences, ils vont pourtant enfin arriver à exprimer ce qu'ils ont toujours tu. Trop tard, le temps perdu ne reviendra pas et cet aveu bouleverse cet homme et cette femme.
Sur les conseils de Léa, Pierre va essayer de continuer la vie et ce qu'elle entraîne de regrets, de mensonges, de mélancolie mais aussi d'amour.
Un très belle leçon de respect de la vie, des autres et de soi sert ce texte limpide et audacieux qui donne à la vie l'émotion et le rêve possibles.