je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mardi 23 décembre 2008

Sea, sex and sun.....

Je viens de terminer avec une certaine tension le dernier livre de Laura Kasischke, "La couronne verte". Découverte d'un auteur, découverte d'une écriture et d'une ambiance. Trois nénettes américaines sacrifient au rituel immuable de leur pays : les vacances de printemps !! Elles finissent le lycée et deviennent des grandes ! Alors voilà, elles ne sont jamais sorties de chez elles, elles ont en tête les recommandations de Papa et Maman et le monde en dehors de l'Amérique ne peut qu'être exotique. Donc direction Cancun, plage, soleil et flirts. Mais le Mexique n'est pas l'Amérique et l'exotisme n'est pas vraiment au rendez vous. Avec une description de paysages à couper le souffle, l'histoire se mêle lancinante, dangereuse et attirante. Le danger ne vient pas toujours des clichés que l'éducation nous a servis. Et cette jeunesse américaine nourrie de hamburgers et ne connaissant du monde qu'un exotisme complétement erroné, va payer cher son ignorance. L'auteur nous renvoie à ces jeunes américains ignorant tout de la vie, s'en allant faire la guerre en Irak pays dont ils ne connaissent rien, ceux là même capables de violer de jeunes filles venues juste faire la fête sur une plage. Pour connaître le monde il faut sortir de chez soi, aller vers les autres, découvrir sans cesse découvrir et ne pas se fier aux apparences. Sur fond de parcours initiatique, l'auteur dans une écriture d'une grande finesse, fait parler à tour de rôle Michelle et Anne et nous entraîne dans la jungle abritant les ruines Chichen Itz. Mort et renaissance, à lire absolument.

lundi 22 décembre 2008

Dernier voyage

Les éditions Grasset viennent d'éditer l'ultime nouvelle de Stéfan Zweig, "le Voyage dans le passé" et c'est avec une certaine émotion que l'on accompagne ce grand auteur dans un imaginaire si subtilement analysé. C'est en exil au Brésil que Stéfan Zweig a mis fin à ses jours avec sa femme un an après avoir fui la terreur nazie.
Après avoir été secrétaire d'un homme d'affaire très riche et amoureux fou de sa jeune épouse, en tout bien tout honneur, Louis étudiant brillant et pauvre, est envoyé par cet homme au Mexique pour le travail. La 1ère guerre mondiale l'empêche de rentrer en Europe au bout d'un an, il va y rester 10 ans se marier et avoir des enfants. Il rentre pour revoir cette femme par politesse, parce qu'il avait promis, parce qu'il n'a aimé qu'elle. Stéfan Zweig avec tout son art nous emmène au bout de cet ultime voyage, où les regards, les frôlements d'épaule valent tous les mots (maux) d'amour. Peut on aller à la recherche de son amour de jeunesse, peut on faire revivre le passé si beau soit il ? Zweig répond à ces questions avec subtilité, sensibilité et impuissance. Le présent est là balayant tout et ici il a l'écho des bottes sur le pavé et l'arrivée d'une nouvelle guerre.
C'est un récit très bref, les phrases, les mots nous touchent mais comme toujours l'histoire enfin la belle histoire reste sans issue...

vendredi 19 décembre 2008

Délicieuses frayeurs, une peur poétique

Maurice Pons est un auteur rare, il a publié environ dix livres en quarante ans. Mais ce sont des merveilles ! Je viens de terminer "Délicieuses frayeurs" et le titre porte celui d'une des neuf nouvelles de ce recueil. Avec un talent de conteur ses mots nous enveloppent et on se demande alors si ces histoires ont existées ou pas. L'écriture est fine, poétique, envoûtante et la chute en une phrase ou juste un mot d'une noirceur inquiètante est absolument délicieuse. Chaque intrigue nous emmène dans un lieu, une atmosphère complètement différente et on comprend mieux le titre. Un mot nous souffle l'horreur, une phrase nous distille l'angoisse. On avait envie de voir le paysage derrière cette fenêtre, on va le voir mais qu'y a t il derrière ? et cette porte elle va s'ouvrir mais sur quoi ?.... L'auteur se moque finalement de ces rêves de liberté qui nous portent et auxquels on croit si fort, alors que la réalité rôde. Ces nouvelles sont intéressantes, elles nous portent dans une poésie et la chute nous cloue sur place. Elles nous font penser à Poe pour le fantastique, ou Maupassant. A déguster comme tout ce qui est rare.

mercredi 17 décembre 2008

Le monde du silence...

Je désirais en savoir plus sur les écrits de Jeanne Benameur, sur la façon qu'elle avait de manier les mots avec sensibilité, à fleur de peau. Le roman que j'ai lu "les Demeurées" est surprenant tant le silence étouffe. Les Demeurées sont la Varienne, la mère, et Luce la petite. La mère est la simple du village, un soir de beuverie un homme la met enceinte. Mère et fille vivent dans une petite maison en symbiose, elles ne parlent jamais. Ce sont des gestes, des regards, un amour infini qui passent entre ces 2 êtres, seules au monde. Mais un jour Luce doit aller à l'école, elle refuse d'apprendre, refuse d'aller en classe, essaie d'oublier ce que l'institutrice lui transmet, parce qu'elle sait qu'elle perdra sa mère. Mais peut on oublier le savoir, la beauté que les mots nous font découvrir, le mystère de la connaissance ? Cet amour immense et exclusif peut il suffire à la petite Luce ? On est touché et ému de voir que c'est possible.... jusqu'à un certain point. Les phrases sont superbes de sensibilité. Pas un bruit, pas un mot, juste l'émotion.

vendredi 12 décembre 2008

j'ai quinze ans, je m'appelle Fatemeh....

Ainsi débute le très bouleversant roman de Chahdortt Djavann, "La muette". C'est le journal d'une condamnée. De sa prison, Fatemeh quinze ans écrit le récit de sa courte vie. Elle va être pendue, alors elle demande à son geôlier un cahier pour pouvoir mettre des mots sur son existence et celle de sa tante adorée surnommée, la muette, morte elle aussi et pour qu'on ne les oublie pas. C'est la vie de ces femmes dans l'Iran des Mollahs. La folie de ces hommes dont la religion relègue les femmes à une inexistence d'une brutalité sans nom. Rien ne leur est épargné : humiliation, violence, jalousie, soumission, viol. Même entre elles, ces femmes ne comprennent pas ce qu'elles sont devenues, elles se trahissent au nom d'Allah. Alors au milieu de ces interdits, de ces tabous et de ces hommes bourreaux, certaines ont levé les yeux, ont regardé le ciel, ont osé aimer et lutter à leur manière. Au prix de leurs vies ces femmes sont devenues des résistantes. Ce récit bref, intense, nous plonge dans l'horreur et une fois lu on ne ne peut pas l'oublier.

dimanche 7 décembre 2008

Atiq Rahimi : Un regard vers l'avenir

Ecrivain, poète et cinéaste, Atiq Rahimi a mis en scène dans un long métrage son troisième roman traduit du persan : "Terre et cendres", pour lequel il a obtenu le prix du Regard vers l'avenir au Festival de Cannes en 1984. En moins de 100 pages, Atiq Rahimi nous raconte l'horreur de la guerre dans un texte sec, halluciné, d'une tristesse infinie. Les mots sont comptés, les gestes et les larmes nous bouleversent.
Le récit se déroule pendant la guerre Russo-afghanne. Un vieil homme, Bâba Djân, et son petit fils sont les seuls survivants d'un village détruit par les russes. Près d'un pont, au bord d'une route ils attendent le passage d'un camion qui les conduira à la mine où le grand père doit annoncer à son fils la terrible nouvelle. L'horreur est là , visuelle, irrémédiable. Quels sont ces mots pour dire l'absurdité de cette guerre,de toutes les guerres ?
Atiq Rahimi à travers ce texte d'une beauté épurée nous livre un cri sans voix qui au delà du désespoir devient ainsi universel.

mardi 2 décembre 2008

C'est fini, l'Algérie c'est fini.

Voilà la certitude vécue par le narrateur en contemplant la baie d'Alger du balcon de sa grand mère en 1955, il a 15 ans. La guerre n'a pas encore fait des ravages et cette année là pour cet adolescent c'est la fin de l'enfance protégée et les "événements" assombrissent son quotidien doré.
"La baie d'Alger" de Louis Gardel, né en Algérie rend hommage à sa grand mère dans ce livre, nous transporte dans cette fin de colonisation quand des hommes ont été obligés d'appartenir à des camps que seuls les conflits savent malheureusement créer. Avec délicatesse,nostalgie il nous peint la vie de ces "Pieds Noirs" qui aimaient tant ce pays, leur pays et qui ne pensaient pas vraiment être des colonisateurs. C'est une peinture très colorée que la vie de cette grand mère adorée et de ses amis, qui aimaient avant tout la vie. Puis il regarde avec tendresse et compréhension ces colonisés souffrant dans leur chair de n'être pas reconnus. Un vent souffle, nouveau, violent et les hommes qui s'aimaient vont se haïr.
Beaucoup de nostalgie dans ce livre. Sans tomber dans les clichés, ce roman nous montre les souffrances, les espoirs de ces hommes embarqués dans un conflit qui les a dépassés trop violemment.