je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

lundi 29 janvier 2018

Jean-Philippe Blondel : La mise à nu

     Depuis son divorce avec Anne il y a plusieurs années, Louis Claret, professeur d'anglais vit seul et n'a pas refait sa vie.
     A 58 ans la retraite approche et après une vie passée à enseigner, à lire, arrive maintenant  le poids de la solitude et ce regard douloureux porté en arrière.
     A l'occasion d'un vernissage de peinture, il retrouve un ancien élève qui est devenu un artiste reconnu et célébré, Alexandre.
     L'artiste l'a invité et lui demande une requête toute particulière : accepterait-il d'être son modèle afin de réaliser son portrait ?
     En acceptant, Louis va être amener à renouer avec des souvenirs enfouis, à refaire le chemin à l'envers et ainsi se confronter à son  passé.
     Les heures de pause se transforment pour Louis en échappées belles qui lui permettent de renouer avec l'écriture et reprendre son journal intime.
     Pour Alexandre, aussi, le regard posé sur Louis, professeur jadis admiré, sera l'occasion de se confronter à une nostalgie troublante et douloureuse.
     Les séances représentent un moment d’introspection où l'un comme l'autre va  explorer son histoire.
     C'est un livre d'une grande élégance où l'auteur entraîne ses personnages dans une mise à nu faite de beaucoup de douceur et de tendresse.
     Jean-Philippe Blondel connaît l'âme humaine et le doute qui s'empare d'un homme à une étape critique  de la vie. 
     Il nous offre aussi un excellent moment de lecture quand il parle de l'importance de l'art dans l'existence, que ce soit l'écriture pour Louis ou la peinture pour Alexandre.
     C'est un livre sur l'intime tout en retenue, l'auteur possède une écriture feutrée et délicate qui sait si bien explorer les souvenirs et les chemins que l'on n'a pas pris.
     Une très belle lecture, la fin peut toutefois laisser le lecteur en attente, mais c'est une très belle réflexion sur la vie.
Jean-Philippe Blondel - La mise à nu - Editions Buchet-CHastel - Parution 4 Janvier 2018 - 252 Pages - 15 €






dimanche 21 janvier 2018

Olivier Adam : Chanson de la ville silencieuse

      Olivier Adam nous entraîne dans son dernier roman dans une quête mystique, celle d'une jeune fille, remplie de mélancolie et de solitude infinie.
     Tout au long du livre, on se saura jamais son prénom, d'elle on sait juste qu'elle est une fille de, inexistante.
     Son père était Antoine Schaeffer super star de la chanson. Alors qu'il était au sommet de sa gloire, il se retire  à la campagne, vit comme un ermite loin de la scène et de son public. Il disparaît du jour au lendemain, laissant une voiture abandonnée, l'enquête conclue au suicide. Il reste une légende.
     Quand elle voit une photo d'un chanteur de rue qui ressemble étrangement à son père,  la jeune fille décide d'aller à la recherche de son fantôme de père.
     A travers ses souvenirs enfouis et emmêlés, nous faisons la connaissance d'une enfance meurtrie par l'absence de parents et d'amour familial.
      Complètement absente, sa mère, une mannequin, l'abandonne à huit ans à son père. Elle découvre alors un monde d'adultes fait de fête, d'alcool et d'une insoutenable légèreté. 
     Elle découvre un semblant de famille chez le couple de gardiens de la maison de son père.
     Olivier Adam nous émeut avec ses thèmes habituels comme la solitude, l'absence et la disparition.
Ses personnages font face à une solitude et un mal être profond. Ils sont bouleversants dans leur fuite et l'errance.
     La ville de Lisbonne est magnifiée par la musique et le silence des mots. Une errance que le lecteur traverse pour mieux retrouver l'héroïne qui fait face à sa vie, seule et tente d'exister au mieux.
     La lecture est douce de cette musicalité et de ses références que nous joue l'auteur.
     Il saisit avec beaucoup de sensibilité l'intime d'un artiste et ce qu'il donne de lui au public et de la difficulté d'être compris.
     Un beau roman de sentiments sur des airs de fado. A lire.
Olivier Adam - Chanson de la ville silencieuse - Editions Flammarion - Parution 3 Janvier 2018- 224 Pages - 19 €
   

mardi 9 janvier 2018

Eric Holder : La belle n'a pas sommeil

      C'est en plein cœur des landes, dans le Médoc que l'auteur connaît si bien,  que s'est retiré Antoine loin de tout. Il  tient une "bouquinerie" au milieu de nulle part. La vie l'a rendu ermite mais amoureux de la nature, il cultive sa tranquillité et aime voir le temps s'écouler doucement.
     La soixantaine bougonne, il regarde le monde avec tendresse et sait apprécier la compagnie de Marie la belle boulangère du coin.
Un climat paisible que vient perturber l'arrivée d'un étrange voleur de livres dans sa boutique. Un intrus qui s'intéresse aux livres de Berthet.
     Et voilà Jonas qui entre dans la vie d'Antoine, jeune et rebelle, il picore la vie et les gens. Puis arrive Lorraine, une très jeune et trop belle conteuse professionnelle, et c'est une des plus belles et douces rencontres que va vivre Antoine. Même s'il sait bien que la vie emporte les contes et les amours.
     Les personnages ont la grâce des gens rares dans une vie comme Marie ou le fameux garde champêtre. Comme un monde qui se perd.
     Une parenthèse de douceurs, des mots de tendresse et la certitude que la vie peut être lumineuse quand on s'en donne la peine.
     Eric Holder nous offre la magie d'une fable tout à fait poétique. Les mots sont importants pour lui et on sent leur magie. Holder dit que "l'affection ne se manifeste pas par le langage mais par des gestes, des attentions..."
    Alors le lecteur le suit dans une contrée qu'il affectionne particulièrement, et met ses pas dans les siens.
     Holder, l'auteur qui nous apprend à regarder au delà des apparences, à soupçonner l'invisible. C'est pas mal déjà.
Eric Holder - La belle n'a pas sommeil - Editions du Seuil - date de parution 4 Janvier 2018 - 224 Pages - 18 €

lundi 8 janvier 2018

Richard Russo : A malin, malin et demi

     "A malin, malin et demi" de Richard Russo a reçu le Grand prix de la littérature américaine, une récompense bien méritée pour cet écrivain américain aux livres largement félicités par la critique et souvent portés à l'écran.
     Dans cet ouvrage l'auteur nous emmène à nouveau dans la ville chère à son cœur, celle de Bath dans le nord de l'état de New-York qui tombe dans la décrépitude et  subit une crise sans fin.
     La galerie de personnages tous plus paumés les uns que les autres sont pris dans un quotidien triste et sans vraiment d'avenir. 
    Richard Russo dont l'écriture est parfaitement maîtrisée, va leur faire vivre, ainsi qu'à nous lecteurs, une série d'aventures drôles et pathétiques sur une durée de 48 heures.
     Le roman débute dans un cimetière, le jour de l'enterrement du juge Flatt, occasion de rencontrer monsieur le maire, le chef de la police Douglas Raymer et d'autres personnalités locales.
     Douglas a la tête remplie de pensées sombres depuis la mort accidentelle de sa femme, pourtant elle avait rencontré un homme et avait décidé de  le quitter. Depuis rien ne va plus dans sa vie et dans sa ville aussi. Il faut dire qu'il possède des techniques de travail originales.
      A travers cette scène, Richard Russo nous plonge au cœur d'une ville qui se meurt et nous dépeint des habitants devennus des laissés pour compte parce qu'ici il n'y a pas d'avenir.
     Le lecteur s'attache à ces héros désespérés, de Sully le vieil habitué et  pilier de bar de celle qu'il a aimé follement, rusé et malin, il est un peu malade maintenant, en passant par Charice la collègue de Douglas, perspicace et se voulant très proche de lui mais aussi un repris de justice cynique et irrécupérable dans sa violence et d'autres pionniers d'une Amérique malade. Tous ont en commun la ville qu'ils connaissent et dont ils n'ont jamais pu s'en aller.
     Un roman brillant, bien construit, qui donne la parole à chaque chapitre à un personnage reliant ainsi l'histoire de leur vie en 48 heures.
     Social, humoristique, satirique ce roman nous donne à réfléchir sur une certaine société, celle des bas-fonds et donne la parole à ceux qui ne l'ont jamais.
     Au cœur de l'âme noire américaine, ici il n'y a pas d'espoir peut-être, mais l'auteur nous donne à lire à travers ses dialogues ciselés une certaine humanité.
     Un bon coup de cœur !
Richard Russo - A malin, malin et demi - Edition Quai Voltaire - Traduit de l'américain par Jean Esch - 620 Pages - 24 €