je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mardi 26 mai 2009

Philippe Grimbert : La mauvaise rencontre

C'est un livre remarquable sur une histoire d'amitié entre deux garçons, Loup et Mando. Ils se connaissent depuis l'âge de trois ans et ont grandi ensemble. Il y a des histoires d'amitié qui ressemblent aux histoires d'amour, quand tout bascule c'est irréparable.
Le narrateur, Loup, nous raconte son album de souvenirs avec Mando : les jeux partagés, les lectures, les premières expériences sentimentales, la complicité et la présence toujours grandissante mais aussi les manquements, l'absence, le reniement parfois, les chemins que l'on prend seul et qui blessent l'autre sans le vouloir .
Mando a donné à Loup son amitié, sa présence, sa fidélité sans aucun partage. Une exigence dans la durée et la force que Loup ne pourra pas assumer. Il découvre la vie, la veut et n'a pas cette exigence.
Philippe Grimbert sait manier les mots et dire dans un langage net et précis les dérives que peuvent prendre les sentiments quand l'esprit a ses propres fêlures. On sent monter une angoisse tout au long de ce récit dans le passé, on pressent l'avenir , on sait que quelque chose de grave va se passer entre les deux amis. On reste en alerte, chaque chose a une importance, les incidents les plus insignifiants trouveront une explication dans l'ultime fin.
Une tristesse infinie nous prend à la lecture de ce roman, la tristesse des promesses non tenues, des sentiments qui se ternissent, des manquements, de la faiblesse et de l'impuissance de l'homme à répondre à une amitié aussi exigeante et indispensable.
Philippe Grimbert nous explique la confusion des sentiments et le fait que les incidents de parcours ont une origine et qu'une explication implacable se trouve dans les cassures psychologiques de la personnes.
Livre d'autant plus remarquable qu'on a envie de le relire une fois terminé, pour distiller à nouveau les indices insoupçonnables de l'ultime dénouement.



jeudi 21 mai 2009

Paul Auster : La nuit de l'oracle

C'est le deuxième roman que je lis de cet auteur et vraiment j'aime. J'aime son style, sa narration, les personnages, l'histoire ou plutôt les histoires sans vraiment de début et pas franchement de fin. Le lecteur participe à l'aventure de l'écriture et peut y inscrire ses lignes en finissant l'histoire à sa façon. Fabuleux écrivain qui fait de la littérature un savoir vivre. Je regrette de ne pas l'avoir découvert plus tôt. Je vais me rattraper.
Le narrateur, Sid, est écrivain, a failli mourir et comme une renaissance se remet sur les conseils d'un ami à réécrire. Il écrit l'histoire d'un homme Nick qui a failli mourir(aussi) et devant ce constat quitte du jour au lendemain sa vie et part. Le lecteur suit les bouleversements qui interviennent dans la vie de Sid et de Nick. L'histoire dans l'histoire. Les personnages sont touchants d'humanité et de faiblesse. L'univers austérien est là, quelle est l'importance de la littérature, son interaction avec la vie, le choix des personnages et de l'histoire sont ils une partie biographique de l'écrivain, enfin toutes ces questions que l'auteur s'est déjà posées. L'art de la narration est porté à un très haut niveau et nous le dégustons.
Surprenantes et peut être déroutantes aussi sont les notes du narrateur inscrites en bas de page pour préciser un fait, elles se lisent comme un roman à part et donnent un peu d'air à une atmosphère un peu lourde. Ces notes obligent le lecteur à revenir en arrière pour reprendre la lecture et créent ainsi un exercice littéraire intéressant.
Ces prouesses romanesques peuvent paraître difficiles mais justement la maîtrise est là et il faut vouloir se laisser porter, se laisser perdre un peu.
C'est un livre qui se lit et se relit, il n'impose rien, réel et fiction se mêlent souvent et ceci pour notre plus grand bonheur.