je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mardi 25 janvier 2011

Frédérique Deghelt : La nonne et le brigand

Le titre fait référence comme le cite l'exergue, au poème de Victor Hugo "La légende de la nonne" : "Il était laid ; les traits austères, la main plus rude que le gant ; mais l'amour a bien des mystères, et la nonne aima le brigand." Le lecteur a déjà une idée de ce qui va se passer.
Le livre de Frédérique Deghelt publié chez Actes Sud (encore un très belle couverture) nous raconte des histoires d'amour, de celles qui bouleversent et ravagent une vie et apportent la renaissance.
Lysange, une jeune femme de quarante ans, démographe au CNRS est amener à parcourir le monde. Son mari, ses enfants se sont éloignés et quand elle s'y attend le moins, tombe dans une passion excessive et difficile pour Pierre . Suite à un courrier de Tomas, un inconnu, lui proposant d'occuper sa maison quand il partira au Brésil. Elle découvre alors un journal tenu par une jeune soeur, Madeleine, dans les années 50 pendant une mission humanitaire au Brésil et son amour pour un bel aventurier. Pour Lysange, ce carnet découvert devient un lien très fort dont les origines lui permettront de renaître.
Ce livre nous emmène dans une aventure de femmes qui vont se dépasser et tenter d'aimer totalement. De la jungle amazonienne au dunes du bassin d'Arcachon,en passant par les villes en guerre, l'auteur nous sert une écriture passionnée et décortique les sentiments amoureux. Dans un souffle d'une grande sensualité, le lecteur traverse l'enfer vert et avance dans l'exploration des sentiments amoureux.

lundi 24 janvier 2011

Paul Auster : Dans le scriptorium

Tout au long de son livre, Paul Auster aborde le thème de la symbolique. Son héros principal, surnommé Mr Blank (l'espace vide en anglais) se réveille dans une chambre inconnue. Désorienté, amnésique, il va tout au long de la journée recevoir des visites et vivre des moments qui le feront douter de lui et de la vie.
Les visiteurs de Mr Blank sont des héros de romans précédents de P. Auster. Anna Blume, Walt, Ben Sachs vont apparaître dans l'histoire et permettre ainsi à l'auteur de traiter de la place de l'écrivain et de la fiction et des rapports de l'écrivain avec ses héros. Une fois créés, ceux-ci ont leur propre existence, lui échappent et le retiennent prisonnier.
Le lecteur découvre que Mr Blank est l'écrivain subissant la tyrannie des personnages inventés. Il nous entraîne dans une chute vertigineuse où la fiction prend le pas sur la réalité.
Dans un exercice de style littéraire brillant mais déroutant, Paul Auster nous présente une fois de plus les questions qui lui sont chères. A savoir l'écrivain et la fiction, l'angoisse de la page blanche, l' enfermement, la solitude avec son effleurement de la folie.
Comme toujours Paul Auster manie le roman dans le roman en distillant et prolongeant un certain suspense obligeant ainsi le lecteur à porter un regard critique sur son rôle.
Les non habitués de l'auteur auront peut être un peu de mal dans ce livre à suivre ses labyrinthes littéraires, les autres retrouveront son empreinte.


dimanche 23 janvier 2011

Jeanne Benameur : Les insurrections singulières

Dans son nouveau livre, Jeanne Benameur, nous sert dans un très beau texte une histoire sur les chemins que l'on ne prend pas, sur les questions restées sans réponse, sur la vie qui n'a pas vraiment débutée ou qui n'a pas trouvé un sens.
Nous savourons alors infiniment les mots qu'elle sait poser. Ses personnages à la recherche d'eux-mêmes et des autres nous font vibrer par leur sensibilité.
L'histoire est celle d' Antoine, 40 ans, qui s'est toujours senti en dehors du monde, à côté. Après des études peu concluantes il intègre l'usine où travaillait son père. Ce n'est pas un choix, ni une contrainte. Il quitte son travail suite à un projet de délocalisation de l'usine au Brésil. Sa rupture de couple l'incitera à prendre du recul et à remettre en cause une existence où il se sent de plus en plus étranger.
C'est l'occasion pour Antoine de réaliser ses révolution intérieures, de partir enfin et de trouver les réponses à toutes ses questions.
Ecrit comme une quête, ce texte est lumineux par l'intensité des sentiments décrits. L'amitié que le héros noue avec un vieux libraire est tout simplement belle.
Sur les traces d'un aventurier parti au Brésil, Antoine essaiera de trouver sa place et d'exister vraiment.
Il est dit dans le livre :"On n'a pas l'éternité devant nous. Juste la vie." Alors ne perdons pas de temps.

lundi 17 janvier 2011

Leonard Michaels : Le club

Paru dans les années 80, ce livre vient d'être traduit en France révélant l'oeuvre de cet étonnant écrivain américain qu'était Leonard Michaels. Après Sylvia, un texte saisissant sur l'amour violent et fatal entre Michaels et sa jeune femme, l'auteur nous entraîne au coeur d'un Club crée par les hommes et pour les hommes.
A l'instar des groupes féministes des années 1970, il va permettre à des hommes se connaissant peu ou pas de passer une soirée entre eux loin des contingences familiales et conjugales.
Et que font et disent les hommes lors d'une soirée ensemble, sans femme ? ils font un bon repas, boivent beaucoup, fument des joints et parlent de femmes, de maîtresses et de sexe.
Tour à tour, ils prennent la parole pour raconter leurs expériences secrètes, des femmes rencontrées, de leur vie. C'est cocasse parfois, sans illusion souvent. Si les femmes sortent peu flamboyantes de ces échanges, les hommes ne sont pas mieux.
Confidences dans la nuit, confidences de leur vie. C'est la solitude infinie de l'individu qui est évoquée ici.
Sept hommes bien installés dans leur vie, pères et maris tout à fait convenables attendent de cette soirée autre chose. Ils aimeraient savoir si le mariage était vraiment la seule solution. En évoquant leurs rêves, leurs expériences, leurs manquements, ils se retrouvent dans une réalité qu'ils veulent souvent fuir.
C'est cru, choquant, cruel et drôle. Ecrit au rythme de la soirée et de la conversation, le lecteur assiste aux confessions de ces hommes souvent provocateurs.
Une nuit à écouter, sans être invitée, des hommes parler entre eux...

dimanche 9 janvier 2011

Mark Behr : L'odeur des pommes

Mark Behr nous raconte l'histoire de Marnus Erasmus, 10 ans, dans l'Afrique du Sud des années 1970. L'auteur alterne la période de Marnus enfant, avec de longs monologues de lui à 20 ans, pendant la guerre.
Le récit commence tout doucement, comme un récit d'enfant sur sa vie, ses parents, ses jeux, son meilleur copain. Nous sommes dans une vraie famille d'Afrikaners. Son père est le plus jeune général de l'armée et sa mère a abandonné une carrière de musicienne à son mariage.
Sûrs de leurs droits et de leur suprématie, ils assènent tout au long du roman leur idéologie raciste sous couvert de pratique religieuse. Des siècles d'éducation prônant un racisme pur et dur, mettant en avant une morale religieuse hypocrite, défendant des idées que le régime de l'Apartheid a poussé à son paroxysme. La société sud-africaine est bien décrite à travers les grandes phrases sentencieuses de cette famille remplie de certitudes sur sa légitimité.
Par le regard de Marnus,
nous
voyons cette famille se briser sous le poids d'un évènement dramatique.
Marnus vénère et admire son père et croit dans ses idées. Quand un jour témoin d'une scène d'une violence inouïe il comprendra que son père cachait une part d'ombre, il ne l'admettra pas et n'en parlera pas.
Pour Marnus, complice malgré lui, rien ne sera comme avant et brisé au fond de lui, quand il sera à la guerre ce sont les idées de son père qu'il emportera.
"Quand tous ces Noirs et ces Coloured vont se mettre à étudier, les choses ne vont plus être aussi faciles que maintenant."
C'est un livre choc, un livre d'une écriture forte qui ébranle par ce regard sans concession et sans critique porté sur une société qui se délite.