je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

lundi 27 octobre 2014

Nell Leyshon : La couleur du lait

     "Ceci est mon livre, et je l'écris de ma propre main" ainsi débute le livre de Nell Leyshon.
       Elle laisse donc la plume à une jeune fille de 15 ans à peine, Mary, aux cheveux "couleur de lait" dans l'Angleterre profonde du 19ème siècle.
       C'est le court récit sur à peu près un an, de 1830 à 1831, de son destin tragique.
        Mary vit avec ses parents et ses trois sœurs dans une ferme, elle a une certaine innocence qui n'empêche en rien sa vivacité d'esprit.
       Placée par son père, un homme violent, comme bonne chez le pasteur du village, elle est chargée de s'occuper de son épouse qui est très malade.
      C'est la découverte d'un autre monde à travers la vie dans une vraie demeure. L'épouse malade lui témoigne une grande gentillesse, elle prend la mesure de ses manques.
      Le pasteur en homme de bonté, lui apprendra entre autre,  à lire et à écrire. 
     Dans une confession écrite à la main, cette toute jeune fille de 15 ans, décide de raconter son histoire et avec la plus grande fidélité de dire ce qui s'est vraiment passé.
     Ressemblant aux romans anglais du 19ème siècle, l'histoire semble convenue et la petite bonne sera victime bien sûr de l'homme tout puissant et surtout sans scrupules.
    Elle sera écrasée et n'aura aucun moyen de s'en sortir.
    Ce qui fait la beauté et l'originalité de ce texte, c'est la façon dont l'auteur se sert du savoir tout neuf de l'écriture de Mary, pour tracer un portrait de femme émouvant, entre soumission et rébellion.
     Sans majuscules ni ponctuation mais avec quelques fautes de grammaire et beaucoup de répétitions, son récit possède le charme d'une poésie.
     Evidemment les femmes étaient soumises, évidemment les paysannes travaillaient dur à la ferme et l'homme restait intouchable même dans ses pires actions.
    Mais ce roman reste touchant par la simplicité  et la spontanéité des mots et du ton et  il dérange par la description d'une certaine société qui ne donnait pas souvent la parole aux femmes.
     A découvrir.
Nell Leyshon - La couleur du lait - Phébus - 17 Euros

James Salter : Et rien d'autre

    Dans son tout dernier roman, l'illustre et très rare écrivain américain, James Salter réunit à nouveau ses thèmes de prédilection : la guerre, le couple et l'amour ainsi que l'éphémère et l'inachevé.
    Même si ce n'est pas son plus grand roman, il représente bien l'excellence de son style et de son écriture ainsi que sa maîtrise parfaite de la prose. Simpliste et virtuose à la fois, sa plume enchante toujours.
      Saluons aussi, le traducteur qui a su en saisir toute la quintessence.
    "Et rien d'autre" nous emporte sur 40 ans dans une Amérique après la guerre du Pacifique où le jeune héros de l'époque, Philip Bowman, juste démobilisé commence sa vie professionnelle et sentimentale.
     De son expérience de soldat, Bowman en a tiré une leçon magistrale et souhaite donner à sa vie un sens et une morale.
     Après avoir voulu être journaliste, ce sont les livres qui répondront à son ambition professionnelle et intellectuelle.
     Recruté par la maison d'édition New Yorkaise Baum, il excelle dans ce travail de lecteur et de découvreur de talent et devient un éditeur reconnu et célébré dans de nombreuses soirées.
     Sa vie s'écoule entre son travail et la recherche de la femme de sa vie. Bowman espère l'amour, le vrai celui qui bouscule, emporte et ravage tout, corps et âme.
     Seulement après un mariage raté et des femmes qui se succèdent plus ou moins rapidement, avec plus ou moins de saveur, il renonce, accepte les échecs sentimentaux et continue sa vie où finalement rien de bien exceptionnel est arrivé.
     J'ai beaucoup aimé ce livre pour ses références littéraires, pour son style unique et pour ce personnage de Bowman qui ressemble peut être un peu à Salter et nous le rend attachant malgré son manque de passion évident pour les femmes rencontrées.
     C'est aussi une peinture de l'Amérique sur quarante ans, un regard sur le monde de l'édition américaine et ses rapports avec les maisons d'édition européennes.
      Mais c'est avant tout l'histoire que chacun se raconte pour trouver du piment à une existence souvent bien ordinaire. Les renoncements ou les prétextes que l'on se trouve pour donner un sens à l'ennui ou tout simplement au gris de la vie.
James Salter - Et rien d'autre - Edition de l'Olivier - 22 Euros 
     

jeudi 23 octobre 2014

Mo Hayder : Tokyo

     Après une enfance particulièrement protégée Grey, une jeune anglaise se trouve confrontée à l'âge de 9 ans à un choc profond  à  la lecture d'un petit livre à la couverture orange.
     Celui-ci raconte un événement historique réel,pendant la guerre sino-japonaise :  le sac de Nankin en 1937. Un épisode d'une barbarie inimaginable où les japonais ont fait preuve d'une cruauté sans limite pour massacrer de façon méthodique les habitants de la ville.
     A la lecture du livre, Grey apprend qu'un film de ce massacre existe. 
     Retrouver ce film, devient pour elle une quête forcenée qui la conduira au bord de tous les abîmes, avec au départ un séjour en psychiatrie.
    Elle débarque sans un sou à Tokyo, sur les traces d'un vieux professeur chinois qui possède un film du carnage de Nankin.
     Après avoir conclu un accord avec le vieil homme pour pouvoir regarder le film, elle sera confrontés à des personnages tous plus énigmatiques et troublants les uns que les autres et surtout à un terrible secret.
    C'est la découverte du Japon actuel, mélange de traditions ancestrales respectueuses et de cruauté  avec une société où les Yakusas des temps modernes appliquent leur loi.
       L'auteur, qui a elle-même vécu au Japon, raconte ici plusieurs histoires qui se télescopent, parfois brutalement et dont la révélation finale fait plus que frémir.
       C'est bien mené, même si le début est pénalisé par une certaine lenteur.
       L'histoire du Japon actuel est très vite captivante, l'intrigue est pesante et distillée jusqu'à la fin.
       Grey est une jeune femme complexe aux cicatrices profondes, tant physiques que morales. Le monde qu'elle fréquente est troublant, elle touche les profondeurs du mal et côtoie la folie et les superstitions. 
        Les passages sur le  sac de Nankin sont très intéressants. Racontés comme un journal , celui du vieux professeur chinois, ils permettent de faire le lien entre passé et présent.
        C'est aussi une profonde interrogation sur le devoir de mémoire, quand on sait que cet épisode de la guerre a  longtemps été rayé des ouvrages scolaires au Japon.
Mo Hayder - Tokyo - Pocket Thriller - 7.30 euros

lundi 20 octobre 2014

John Banville : La lumière des étoiles mortes

    Lors d'une interview, l'auteur irlandais John Banville  déclarait "être déçu par ses livres remplis de beaucoup trop d'imperfections et maladresses".
    Il n'en est rien. Soyez rassurés. Une fois de plus, l'auteur à la prose brillante et envoûtante attire et captive avec un récit riche et flamboyant.
    La construction littéraire entremêle le présent et le passé de façon à interroger le lecteur, à le faire participer.
    La lecture peut être ressentie difficile. Pourtant on se sent concerné par le surgissement des souvenirs. Embellis, arrangés, imaginés, ils reviennent hanter le présent.
    C'est l'histoire d'Alexander Cleave, pour les amateurs, il apparaît déjà dans l'oeuvre de Banville.
    Acteur de théâtre  vieillissant, il se voit proposer un rôle pour le cinéma, cette fois Il doit jouer le rôle d'un illustre imposteur, Alex Vander.
    Dans son couple avec Lydia, la distance et l'incompréhension se sont installées depuis le suicide de leur fille, Cass, dix ans plus tôt.
    Chacun de son côté tente de survivre.
    Le titre superbe et métaphorique, parle de ces étoiles qui malgré la lumière qu'elles envoient évoquent un passé qui n'est plus.
    D'une manière violente les souvenirs reviennent et se heurtent.
    Alexandre se souvient d'une femme en particulier, celle qui a sans doute représenté la seule passion de sa vie, Mme Gray. Il avait 15 ans et elle était la mère de son meilleur copain.
    Une rencontre qui tel un raz de marée a balayé sa vie de lycéen et lui a fait découvrir non seulement l'amour absolu mais aussi la femme et son corps.
    Une brève passion, le temps d'un bel et unique été suivi de l'abandon et du scandale et Alexandre replonge dans toutes ces émotions. 
     Les souvenirs de sa fille et de sa maladie, de ses rémissions et de ses crises jusqu'à la fin brutale et infinie, le visitent à nouveau dans les traits de sa jeune partenaire du film.
     Mais qu'en est-il vraiment des souvenirs et de leur véracité ?
     Chacun compose avec son passé, enjolive, améliore. Cachant ce qui blesse, il en ressort toujours le meilleur de nous mêmes et des autres. Mais sans doute est ce la seule façon de pouvoir continuer ?
     Ce livre est une étonnante réflexion sur le passé et son rôle dans notre vie, mais aussi sur l'amour et les mensonges. Un hommage à ces êtres que l'on a tant aimés et qui ne sont plus mais qui pour toujours restent ancrés dans notre mémoire.
      Un livre d'une grande poésie sur l'intime, l'indicible, sur ces lumières qui jamais ne s'éteindront.
John Banville - La lumière des étoiles mortes - Edition Laffont - 21.50 euros

vendredi 17 octobre 2014

Gaëlle Josse : Le dernier gardien d'Ellis Island

    Depuis la lecture de son livre superbe "Les heures silencieuses" suivi d'une rencontre littéraire magique à Paris, je suis avec passion le parcours de Gaëlle Josse.
    Sensible à la musique, à l'expression orale, à la délicatesse des mots, elle sait créer autour de ses œuvres une atmosphère unique qui devient une expérience littéraire savoureuse.
    Dans son dernier roman, elle nous emporte sur une île perdue et froide, Ellis Island, symbole de tous les désespoirs et de tous les exils, mais aussi la porte d'or vers le pays de la liberté et de tous les possibles : l'Amérique.
    Centre de contrôle de l'immigration, situé tout près de la statue de la Liberté, Ellis Island avant de devenir une prison et un centre d'entraînement militaire.
 "Je suis aujourd'hui le capitaine d'un vaisseau fantôme, livré à ses propres ombres."
    John Mitchell a été pendant longtemps le gardien de ce temple, vivant hors du temps, du monde et de ses fureurs.
    C'est l'automne 1954 et le centre va fermer dans quelques jours.     Il ne reste plus que son vieux directeur, Mitchell, et c'est à travers son journal  que le lecteur découvre sa vie mais aussi celles qui sont passées dans ce lieu.
         Revisitant le mythe américain, l'auteur rend hommage à ces vies multiples aux origines dont les souvenirs habitent encore ce lieu.
       Démunis de leurs biens et abandonnant leurs passés, ils subissent la sélection médicale et font face à une curiosité qui rappelle un racisme évident.
        On ne parle plus de folklore même si le photographe du centre  saisit ces familles sur le vif de leur désespoir infini.
       L'auteur raconte avec sensibilité et sa prose musicale et intime. Elle fait le portrait de Mitchell avec ses joies, ses drames personnels mais aussi sa rencontre faite de passion inavouée et secrète avec une immigrée italienne. Se servant de son pouvoir administratif et décisionnel, il abusera d'elle malgré tout.
        Le remord l'accompagnera jusqu'au bout et cette dramatique histoire se mêlera à celles des autres immigrés.
        Resté seul sur son île, il tiendra le journal des derniers jours, rempli de nostalgie, de regrets et de solitude.
        Il n'en reste pas moins, une histoire bouleversante parce qu'elle montre l''envers du rêve américain mais aussi l'espoir et la réussite qu'il a représenté pour des milliers de personnes.
Gaëlle Josse - Le dernier gardien d'Ellis Island - Editions Notabilia - 14 Euros

mercredi 8 octobre 2014

Valérie Trierweiler : Merci pour ce moment



Tout simplement :



N  O  N

Ceci n'est pas un livre, ceci ne représente pas la littérature française, ceci est un règlement de compte écrit dans un style de rédaction de CM1 (et encore sans la belle imagination !) pour faire pleurer dans les chaumières et prendre les lecteurs pour de parfaits imbéciles.

lundi 6 octobre 2014

Louise Doughty : Une femme sous influence

Si vous vous arrêtez à la couverture et au titre, effectivement vous risquez d'imaginer une histoire qui navigue entre espionnage et mélo.
Il n'en est rien, c'est une belle découverte littéraire au suspense psychologique prenant et habilement orchestré.
L'auteur décrit avec beaucoup de réalisme les difficultés émotionnelles rencontrées par une femme de cinquante ans aux prises avec la passion et l'infidélité et où à un moment donné tout a explosé.
Le livre s'ouvre dans une salle d'audience d'un tribunal. Une femme, Yvonne, se trouve dans le box des accusés face à un jury populaire.
Dans le prologue elle s'adresse à un homme, son amant accusé avec elle, en lui disant "tu" tout au long du récit.
Dans une sorte de journal intime, elle retrace les événements qui l'ont conduite ici et surtout le moment où toute sa vie a basculé.
Généticienne reconnue, elle vit à Londres avec son mari, elle a deux grands enfants qui ont quitté la maison,  une vie bien remplie et surtout bien convenable.
Jusqu'au jour où un regard suffit pour l'entraîner dans une spirale amoureuse et surtout sexuelle avec un parfait inconnu sur le lieu de son travail.
Avec sa logique cartésienne, elle pense gérer la situation. Mais l'addiction à ces pratiques délicieusement dangereuses et surtout l'attachement émotionnel à cet homme la font douter.
Et un événement d'une odieuse brutalité va l'atteindre au plus profond d'elle même et entraîner le dérapage complet.
Avec des retours en arrière astucieux et surtout bien menés, Yvonne explique ces mois de folle tension.
Elle se donne des explications mais elle en fournit aussi à sa famille. La réflexion est intéressante au sujet des enfants à la maison et dans leur vie, du poids des parents mais aussi des indélicatesses de leurs absences.
Mais surtout c'est la façon dont l'auteur construit l'histoire en ne lâchant que petit à petit les bribes d'explications.
Le style est fluide et l'écriture conduite avec beaucoup d'ingéniosité.
Le lecteur ne sait qu'à la fin l'identité de l'amant, sa vie, même si on l'imagine, on devine et la révélation finale à la toute dernière page est absolument brillante.
Louise Doughty - Portrait d'une femme sous influence - Belfond - 21 Euros

vendredi 3 octobre 2014

Eric Reinhardt : L'amour et les forêts

C'est avec son dernier livre "L'amour et les forêts" que j'ai fait la connaissance de l'écriture et du style étonnant d'Eric Reinhardt. Subtil, audacieux, intimiste et un peu manipulateur mais sans fioriture, mais quoi de plus normal c'est un écrivain. 
Dans son livre "L'amour et les forêts", il rend un hommage vibrant et sans concession aux femmes qui souffrent dans le silence et l'abnégation.
C'est à partir de son expérience personnelle, celle d'un auteur recevant  les lettres de confidences de lectrices, qu'il entame une fiction plus vraie que nature.
Dès la première ligne, Eric Reinhardt, se met dans la peau du narrateur, un écrivain, pour raconter sa rencontre avec une de ses lectrices, Bénédicte Ombredanne.
C'est  une belle jeune femme, agrégée de lettres, mariée avec deux enfants, bien dans son temps, intelligente et pétillante. Elle n'a qu'une envie vivre pleinement sa vie et surtout ses rêves.
Elle lui avait adressé une longue lettre émouvante et il a voulu la connaître et ainsi commence le roman.
Peu à peu Bénédicte se confie et l'auteur s'efface pour tracer le portrait de la femme qui se cache derrière cette apparence de bonheur.
Elle s'est mariée à un ami d'enfance, un pervers narcissique, infâme et odieux avec elle, elle souffre du manque de tendresse et d'amour.
Dévouée corps et âme à sa famille, à ses enfants égoïstes et inintéressants, elle s'oublie , sans cesse rabaissée et malmenée par son mari.
Un jour, poussée à bout, elle se rebelle et va faire un tour sur Meetic. Après moult conversations d'un réalisme forcené et tristement drôle, elle prend contact avec un bel antiquaire et passera  la plus belle après-midi de sa vie, dans son lit et dans ses bras.
Mais il est facile de rêver d'une autre vie, d'avoir envie d'en changer, il est difficile aussi de partir.
Bénédicte ne prendra jamais les chemins qui se présentent,et malgré l'aveu de son infidélité et la l'enfer conjugal, elle fait tout pour retourner auprès de son mari et de ses enfants.
Jusqu'au bout elle subira la violence et la jalousie maladive de son mari et le mépris de ses enfants dans l'espoir que tout s'arrangera.
La dernière partie où l'auteur cherchera à comprendre le silence de Bénédicte, est menée comme une enquête. C'est efficace et la découverte d'une sœur jumelle qui donnera les explications qui lui manquaient est surprenante.
Par contre et je ne peux pas tout raconter, mais cette fin est insoutenable, tant par les descriptions choc que par l'horreur humaine qui y est décrite. C'est vraiment un malheur immense ajouté à tous les autres  que ce livre contient et qui sonde l'abîme infini de  l'intime.
Il en reste un sentiment de malaise, une fois le livre refermé.
Eric Reinhardt - L'amour et les forêts - Editions Gallimard - 21 Euros


mercredi 1 octobre 2014

Claudie Hunzinger : La langue des oiseaux

Claudie Hunzinger nous offre dans ce livre son univers où l'importance de la nature, de l'écriture et des rencontres donne à cette histoire une ambiance légèrement floutée et voilée.
Cette atmosphère prend de l'ampleur par le goût immodéré de l'auteur pour les mots et la poésie qui s'en dégage.
En se mettant subtilement en scène, Hunzinger nous raconte Zsa-Zsa, une romancière qui vient d'être reconnue pour sa première oeuvre récemment éditée.
Pourtant, elle n'a de cesse de fuir la ville, la notoriété et son compagnon Thomas, pour se réfugier dans un coin perdu en forêt dans une cabane incertaine à l'histoire mystérieuse.
Pour quelques mois, elle va renouer avec la nature qu'elle aime tant, comme l'auteur, et découvrir des personnages étrangement seuls et surprenants.
Les souvenirs familiaux s'invitent dans sa retraite et c'est par le biais de l'ornithologie et de la traduction chinoise qu'elle replonge dans son passé de jeune fille souvent délaissée.
C'est une rencontre virtuelle, sur la page d'E-bay, par l'intermédiaire d'une annonce de vente de vêtements de la marque Comme des Garçons, qui bouleversera sa tranquillité.
Jusqu'au jour où cette rencontre devient physique et prend les traits d'une jeune femme japonaise en fuite de tout et surtout d'elle-même.
Toutes deux vont se perdre dans cette forêt et la fin comme un symbole d'ouverture, nous laisse dans un sentiment d'abandon étrangement délicieux.
C'est vraiment un roman étrange et plein de mystère.
Les petites annonces sont un régal de poésie et de questionnements, la délicatesse prend le relais pour décrire la forêt et les arbres, la couleur et aussi son absence.
L'imaginaire de l'Asie à travers la peinture de Zhao Zhiqian (à découvrir) donne une beauté très forte à un style littéraire somptueux.
C'est un roman audacieux, intelligent dans le fond et dans la forme et qui est pour moi une belle découverte.
Claudie Hunzinger - La langue des oiseaux - Editions Grasset - 18 euros