je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mercredi 28 août 2013

Larry Brown : Fay

     Chantre de la littérature du  sud américain, Larry Brown aime donner la voix aux paumés et laissés pour compte que la vie n'a pas épargnés.
     Ses héros sont alcooliques, miséreux, incultes, violents, abrutis par le vide sidéral qui les hante. Ils ruminent dans leur pick-up, fument à n'en plus finir, pratiquent le sexe à outrance et finissent raides morts au pub du coin.
     Une certaine image de l'Amérique.
     Dans ce cinquième roman, l'auteur choisit de suivre les pas d'une toute jeune femme de 17 ans, Fay, et d'en faire son héroïne.
     L'histoire débute par sa fuite de la maison familiale. Ouvriers itinérants  dans les fermes, elle a dû très tôt travailler dur. Sa mère, femme anéantie par une vie de misère et de maltraitance, laisse les pires choses arriver. Son petit frère a été échangé contre une voiture. Son père boit et tente de la violer.
     A moitié illettrée, elle ne connaît rien des codes de la vie, ne sait pas qu'elle est une redoutable dévoreuse d'hommes. Malgré son expérience, elle reste naïve, dans un Sud rempli de personnages abusant des clichés : sexe, drogue, alcool, violence. 
     Tout le long de sa route, hommes et femmes rencontrés l'aideront ou abuseront d'elle plus ou moins, feront un bout de chemin avec elle. Le pire arrive toujours dans les livres de Larry Brown. Il est au rendez-vous plusieurs fois ici.
     Chaque personnage possède une petite vie qu'il remplit comme il peut. Le rêve n'existe pas vraiment et la réalité rattrape beaucoup trop vite.
     Que ce soit le flic Sam, homme sympathique, qui l'aidera en l'installant chez lui et la mettant enceinte, ou Amy son épouse alcoolique qui la considérera un peu comme sa fille ou bien Aaron, beau mec s'éclatant dans la défonce, chacun lui apportera quelque chose à ses dépens. Fay prend des coups mais elle apprend vite.
     Le livre nous entraîne sur une route surchauffée à bord d'un pick-up, bercé par une musique country, nous découvrons un Sud typique et une ambiance très vénéneuse.




 

vendredi 2 août 2013

Larry Brown : L'usine à lapins

A Memphis, Tenessee, l'avenir est plutôt sombre pour les personnages de ce roman du talentueux romancier Américain Larry Brown, disparu  en 2004.
Larry Brown a écrit d'une façon remarquable sur cette Amérique profonde et reste une référence dans la littérature du Sud.
Ses héros dramatiquement humains côtoient la misère, l'inculture, la folie et se trouvent confrontés à la solitude la plus profonde.
A la lisière de tous les chemins, ils essaient de s'en sortir mais sont vite rattrapés par la réalité sordide.
Dans ce roman aux voix multiples, la vie se précipite parce que la mort n'est jamais loin.
 De Melle Muffet, unijambiste employée de maison au service d'un petit chien bizarre et vicieux à Mr Hamburger dont les affaires sont pas très nettes ou  Arthur septuagénaire impuissant mari d'Hélène plus jeune que lui et buvant trop à force d'ennui en passant par Anjalee, mi-prostituée mi-coeur d'artichaut qui collectionne amants et déconvenues ainsi que Wayne, marin boxeur obsédé par Anjalee et rêvant de l'épouser et d'autres aussi paumés et touchants, nous décrivent  une société où le rêve a disparu.
A la recherche d'amour, ces héros malmenés et blessés par la vie  se trouvent confrontés à un quotidien glauque et un avenir inexistant.
Sous la plume de Larry Brown, directe et efficace,  ils deviennent humains dans une normalité effrayante.
La construction littéraire est intéressante, chaque chapitre est consacré à un personnage et même s'ils ne se connaissent pas vraiment, leurs vies se ressemblent dans leur désespérance.
S'ils se croisent c'est pour partager un instant de lumière ou de violence.
Un livre étonnant que l'on ne peut lâcher. Une belle découverte.
Classé dans les polar, je trouve qu'il correspond plutôt à un roman de société noir.