je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mercredi 30 janvier 2013

Julie Otsuka : Certaines n'avaient jamais vu la mer

L'auteur s'empare de l'histoire vécues par certaines japonaises, au début du 20ème siècle, mariées par correspondance à des japonais vivant aux Etats Unis. Elle raconte dans une litanie sans fin, leur rêve d'épouses et de femmes dans un pays neuf et prometteur.
Episode d'histoire peut être méconnu, il est un témoignage vibrant sur l'exil, le déracinement et la solitude de ces femmes un peu trop naïves.
A travers  une construction littéraire répétitive et lancinante, Julie Otsuka nous livre la vie et le combat pour la reconnaissance, mené par toutes ces femmes. En s'emparant du "nous" elle donne au récit la force du collectif et de l'universel.
Par des phrases simples, elle arrive à montrer  l'incompréhension de ces femmes livrées à des maris qu'elles ne connaissent pas, dans un pays qui ne les reconnaît.
Un quotidien disséqué et tragique où chaque jour éloigne à jamais la possibilité d'un retour au pays.
La surprise, au début, du rythme narratif donné par ces phrases qui reviennent sans cesse rappeler ce qui s'est passé pour les unes et les autres peut lasser à la longue.
On peut regretter aussi que le "nous' collectif empêche une approche individuelle et plus personnelle des évènements.
Mais le ton romanesque novateur d'une certaine façon et l'histoire donnent à ce livre un certain intérêt.



mardi 22 janvier 2013

Philippe Besson : De là, on voit la mer

Dans son dernier roman,  Philippe Besson met en lumière la Toscane, chaude et sensuelle, dans un été qui n'en finit pas.
Et une superbe maison, sur les hauteurs de Livourne, de là, on voit la mer....
Et puis un couple en crise.
La femme écrivain bien sûr, très célèbre, a besoin de solitude pour créer. Laissant à Paris un  adorable mari, très compréhensif, elle part pour...la Toscane et la belle maison.
Seule, Louise s'abîme dans l'écriture d'un livre fort prometteur, l'histoire d'une pseudo veuve d'âge mûr qui succombe à la passion pour un jeune homme.
La femme de ménage italienne, seule autorisée à pénétrer dans son domaine, a un fils, Luca et c'est le coup de foudre. Il a vingt ans et lui redonne goût à la vie, à son corps, à tout.
Le mari resté à Paris est hospitalisé suite à un terrible accident de scooter, elle revient et là....
Philippe Besson, dans une écriture très très ramassée, nous sert des dialogues simplistes et niaiseux.
Les personnages deviennent des caricatures avec la femme mûre et le jeune homme très beau, la représentation de la morale par la mère italienne, et la description du  pauvre mari souffrant dans son corps et son âme.
Louise est antipathique et égoïste et le livre ne fait même pas ressortir son talent littéraire.
Quant aux autres...L'auteur ne prend pas la peine de fouiller des fêlures ou des questionnements profonds, ils sont insipides comme cette histoire.
Quelques thèmes chers à l'auteur sont présents, comme la place de l'écriture dans une vie amoureuse, la désillusion de l'amour, la création.  Même les images récurrentes de l'accident de voiture de Piccoli dans "les choses de la vie" ne rendent pas ce texte attachant.

lundi 21 janvier 2013

Claude Pujade-Renaud : Dans l'ombre de la lumière

Dans son dernier roman, Claude Pujade-Renaud dresse le portrait ardent et passionné d'une femme meurtrie et délaissée, qu'elle nomme , Elissa. Par ce portrait brûlant, nous rencontrons la destinée d'un homme hors du commun, Augustin , Evêque d'Hippone, brillant philosophe et rhéteur.
D'elissa, l'Histoire ne sait rien, seulement elle a existé. En 371 à Cathage, elle rencontre Augustin jeune étudiant à Carthage, sous domination romaine. Une passion amoureuse naît, très vite ils ont un enfant. Avec lui elle va partager 15ans de sa vie et sa foi manichéenne.
Concubine d'origine modeste,  elle sait qu'elle ne pourra jamais se marier avec lui. Mais la passion semble si forte. Ensemble ils partent pour Milan, où Augustin entame une brillante carrière de rhéteur. 
Afin de satisfaire aux ambitions de sa mère, Augustin accepte un mariage avec une toute jeune fille de famille bourgeoise. Elissa, répudiée, retourne vivre à Catharge en laissant son fils.
L'auteur s'empare de la vie d'Elissa à partir de ce moment où tout bascule pour elle. Elle a tout perdu, son amour et son fils. 
Elle en fait une femme qui va se relever pour que subsiste la mémoire et conserver intact l'amour qu'elle porte toujours à Augustin.
Dans un perpétuel retour vers ce passé fiévreux et amoureux, elle se raconte et parle de l'homme de sa vie.
Devenu  Evêque d'Hippone, Augustin délivre ses sermons de foi aux fidèles en Afrique, alors qu'Elissa découvre à la lecture des Confessions, les changements  survenus dans la pensée et la vie de l'homme qu'elle a aimé.
Claude Pujade-Renaud dans une écriture enflammée, nous fait revivre la chute de Rome et l'invasion  barbare ainsi que la vision spirituelle et temporelle d'un homme prodigieux à l'intelligence forcenée en proie aux doutes, tout en donnant la parole à une femme blessée qu'elle fait revivre avec sensibilité et beauté.



jeudi 17 janvier 2013

Marie Sizun : Un léger déplacement

Marie Sizun nous raconte dans un roman subtil et délicat rempli de mélancolie, l'histoire d'Hélène qui revient à Paris après  35 ans d'absence.
Elle vient régler la succession de l'appartement de son enfance où sa belle-mère tant détestée a vécu seule, à la mort de son père.
En prenant possession des lieux,  elle remonte le temps et  les souvenirs  de cette famille  recomposée  qu'elle a fuie en s'installant à New York. Les fantômes du passé  la hantent.
Dans cette parenthèse de vie, elle se sent fragile, oppressée,  au bord d'elle-même, comme en léger déplacement.
Cette étrange sensation l'accompagne, depuis ce malaise survenu dans l'avion, une sorte d'absence, et dure encore.
Même dans les rues de Paris qu'elle affectionne tant. Elle court, parcourt, se retourne, oublie et rencontre les témoins d'un passé à jamais disparu.
La découverte d'une photo dans un tiroir lui permettra de découvrir un secret de famille. Elle pourra pardonner à son père si peu expansif,  et  comprendre sa belle-mère à la beauté  si vulgaire. Elle metttra enfin des mots sur les manques de son enfance et sur la perte de son amour de jeunesse.
Avec un léger déplacement, fil conducteur de ce livre, le lecteur accompagne Hélène sur les chemins du souvenir et de la mémoire.  D'ailleurs, ce léger déplacement, tellement répétitif , rend la fin un peu trop prévisible.
Avis aux amateurs d'action, il n'y en a pas. C'est une plongée dans un univers en suspens où non-dits et souvenirs douloureux sont finement analysés dans une recherche d'apaisement.





mardi 15 janvier 2013

Catherine Cusset : Indigo

Pour son dernier roman, Catherine Cusset nous invite à un voyage dans le Kerala au sud de l'Inde, magique et envoûtant.
Les personnages,  représentant  la culture française au bout du monde,  vont se trouver confronter  à leur passé et  à la force de la nostalgies quand elle surgit loin du quotidien. Ils vont affronter leur peur, leur démon amoureux et se retrouver dans un avenir à jamais remodelé.
Indigo, couleur aux mille nuances, comme le ciel avant l'orage ...
Invités au festival culturel par Géraldine , directrice de l'Alliance Française de Trivandrum,  ce sera pour chacun l'occasion de fermer ou d'ouvrir une parenthèse douloureuse de leur vie. Que ce soit, Charlotte scénariste, française vivant à New York, qui marchera dans les pas de son amie disparue. Raphaël, écrivain sombre et taiseux et Roland, écrivain également,  la soixantaine  flamboyante et aguicheuse, tous deux témérairement parisiens, ils vont à la recherche d'un temps passé essayant de rattraper ce qui ne peut l'être.
De Delhi à Kavalam, les tensions sont exacerbées et les sentiments en alerte, dans un pays encore secoué par les attentas terroristes à Bombay en 2008.
Catherine Cusset donne le ton dans une écriture fluide et captivante à un récit sur les sentiments amoureux.
Elle donnent une consistance intéressante et profonde à ses personnages au bord de toutes les tentations et  rendez-vous manqués
Humainement faibles ou odieux, ils incarnent un certaine légèreté et un sens du dramatique dans un pays aux moeurs réglementées.

vendredi 11 janvier 2013

Gérard Mordillat : Ce que savait Jennie

C'est un roman qui plonge le lecteur dans un abîme de noirceur intense que rien n'éclaire ou atténue.
Gérard Mordillat dresse le bilan d'une société en crise où les plus faibles se font broyer impitoyablement. Il n'y a pas d'espoir, jamais, l'histoire nous le rappelle jusqu'à la dernière ligne.
Jennie évolue dans un monde d'adultes assez irresponsables dans une zone désertée de vie cohérente. Seule, incomprise, elle éprouve une passion maternelle pour ses frères et soeurs. Elle remplace leur mère qui brille par son absence en tout.
Dans un enchaînement de situations plus catastrophiques et dramatiques les unes que les autres, Jennie voit son univers s'effondrer quand elle est séparée de ses frères et soeurs suite à un drame familial.
Seule face à la vie,  âgée de  23 ans elle tentera dans un voyage aux limites de la folie, de rendre les coups reçus.
Dans son parcours dangereux, elle fait la connaissance d'un jeune homme que la vie a aussi meurtri.
Ensemble, ils entament le voyage de la dernière chance.
C'est lourd, pesant. L'accumulation excessive des drames dans toute cette folie humaine, empêche une certaine crédibilité dans les portraits des personnages. 
Le texte sans concession,  devient à la longue une caricature de misérabilisme social qui n'apporte rien.
La quatrième de couverture, importante pour donner l'envie de lire,  est très déconcertante puisq'elle raconte la deuxième moitié du livre.




lundi 7 janvier 2013

La nuit tombée : Antoine Choplin

Avec une écriture toute en retenue et délicatesse, Antoine Choplin nous livre dans un souffle,  un texte concis et poignant sur une humanité en souffrance.
Sans jamais nommer la catastrophe, Choplin nous délivre un message saisissant d'amitié.
Sa région natale étant devenue une terre d'horreur,  Gouri vit à Kiev où il est devenu un  écrivain public. Pour faire plaisir à sa fille malade, il va récupérer un objet dans son ancien appartement situé dans la zone sinistrée et contaminée et revoir ainsi sa ville.
 Investi de cette mission, sur une moto à une vieille remorque,  il s'enfonce dans  la campagne ukrainienne, où petit à petit tout n'est que danger et cauchemar. Voitures et hommes ont déserté et même les arbres rappellent que le mal guette encore.
 Il fait une halte le soir,  chez des amis, qui malgré l' interdiction n'ont pas  voulu quitter leur maison.
Pendant cette soirée où la vodka ravive les souvenirs, le lecteur écoute les mots échangés, les souvenirs rappelés et  l'histoire d'une vie qui a basculé.
A travers ces paroles murmurées dans la nuit, le lecteur prend conscience des ravages produits par l'accident, et des vies anéanties.
Avec beaucoup de poésie, il nous montre le quotidien de ces hommes et de ces femmes qui avaient une vie avant. 
Ils parlent de cet avant, que les évènements ont balayé. L'absurdité des mesures prises, comme celle  d'enterrer la terre contaminée,  l'effroyable méconnaissance des conséquences et l'impossible prise en charge des victimes.
Un livre qui se lit d'une traite au bout de cette nuit ukrainienne.
Un road-movie hallucinant  nous entraîne dans la fin d'un monde où malgré tout subsistent des souvenirs lumineux, comme une lancinante nostalgie.