je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mardi 29 août 2017

Ron Rash : Par le vent pleuré

Le dernier roman de Ron Rash promène le lecteur entre passé et présent, 1969 et 2015 entre souvenirs du dernier été de l'enfance et l'actuelle réalité qui demande des comptes.
La plongée dans la fin des années 60, nous fait découvrir l'expérience que vont vivre deux frères, Bill l'aîné et Eugène le cadet, celle du vent de liberté et de rébellion qui souffle et de la jeunesse éclatante.
1969, l'année folle où les hippies croient encore au pouvoir des fleurs mais comptent aussi sur l'aide de la drogue,de l'alcool et des médicaments.
C'est dans cette ambiance nouvelle dans une Amérique très puritaine que nous entraîne le récit.
Eugène et Bill prennent leurs premières bières au bord de la rivière tout en pêchant la truite. Ils vivent avec leur mère sous l'autorité du grand-père paternel, seul médecin de la petite ville de Sylva en Caroline du Nord.
Bill est promis à un brillant avenir dans la médecine, son grand-père surveille de près ses études et les finance. Tout comme Eugène, mais lui est plus rêveur même s'il admire son frère.
Lors de leur partie dominicale habituelle, ils font la connaissance de Ligea, jeune fille très libérée, elle connaît le sexe, boit de l'alcool, fume de l'herbe et aime ça; elle aime aussi prendre quelques médicaments pour planer.
Fascinées par elle, ils succomberont tous les deux à leur façon et braveront, pendant l'été ultime de leur enfance, tous les interdits.
L'été se termine par une séparation au goût amer pour chacun puis la vie continue.
Mais 45 ans plus tard, resurgit l'ombre de ce dernier été au bord de la rivière. Les restes d'une jeune fille disparue et que les pluies incessantes ont fait remonté à la surface.
Ligea revient cette fois hanter la vie de Bill et Eugène.
Que s'est-il vraiment passé ? Ligeia devait quitter la petite ville de Sylva. Pourquoi la police pose-t-elle toutes ces questions à Eugène ? 
Les deux frères, fâchés, vont se confronter une dernière fois à la vérité et découvrir les secrets que chacun a enfouis.
Ron Rash signe là un roman noir court et intense sur l'adolescence et le cours que prend la vie malgré soi. Il interroge sur la cruauté de nos actes, sur la recherche du pardon, sur les jeux de l'enfance et sur l'éternelle rédemption.
Pour Bill, l'été 1969 sera noyé par les études et la réussite professionnelle. Pour Eugène, toujours futur écrivain, c'est dans l'alcool qu'il a noyé ses douleurs et se fêlures.
Le roman est très prenant, parce que le lecteur sait que le narrateur, Eugène, va nous raconter une histoire dont on connaît la triste fin.
C'est étouffant comme cet été et on ne lâche pas ce roman à l'écriture soignée et à la lenteur dont Ron Rash signe son oeuvre.
Ron Rash - Par le vent pleuré - Editions le Seuil - Parution le 17 Août 2017- Traduit de l'américain par Isabelle Reinharez - 208 Pages - 19.50 €


jeudi 24 août 2017

Denis Jeambar : Où cours-tu William....

     Une atmosphère de pré-élection présidentielle flotte à Paris où le parti de l'extrême droite est sur le point de remporter la victoire.
     Dans un climat tendu, le célèbre journaliste William Kenfcet, qui a toujours marqué et écrit sa farouche désapprobation au parti de la haine, participe à une émission politique.
      A la sortie du studio il se fait agresser près du jardin du Luxembourg par des inconnus.  Un jeune couple d'étudiants, lui américain et elle française, lui porte secours. Ils sont abattus et lui laissé pour mort.
     Physiquement et psychologiquement très diminué, William vit l'agression comme le détonateur de sa vie familiale compliquée et fait le bilan d'une existence trop vite passée et remplie d'actes manqués.
    William quitte alors Paris, dans une fuite qui va revêtir les allures de quête ultime, pour les Etats-Unis afin de rendre un hommage au jeune homme mort pour le sauver.
     L'arrivée à New-York le fait sombrer, et c'est à travers un triste et terrifiant fait divers qu'il lit dans le journal, qu'il va trouver la force d'écrire. L'écriture du roman l'aidera à combler ses failles.
     Il y raconte la réussite flamboyante d'un golden boy, Harvey, comme sait si bien en créer l'Amérique , qui se retrouve broyé par ceux là même qui l'ont hissé au plus haut. La chute sera vertigineuse et les valeurs prônées par une société en décadence bafouée.
      L'auteur, Denis Jeambar, nous dresse un très beau et très sombre portrait d'un homme en errance. Il nous raconte une histoire dans l'histoire et dépeint une société qui brûle ses derniers feux.
      Un roman poignant et prenant, les récits des personnages comme celui de Harvey écrit à la première personne, donne une véracité glaçante au récit.
     Mara, la petite fille aimante de William reprend le récit et devient la narratrice et le témoin.
     Il est question de politique, de société, de transmission et d'amour aussi. Les références musicales sont teintées de douce nostalgie et c'est toujours intéressant quand se glisse dans un roman une réflexion sur l'impact de la littérature et de l'écriture.
     Denis Jeambar est un journaliste politique, il a fait de son livre une fiction très actuelle qui donne aux lecteurs matière à introspection.
Denis Jeambar - Où cours-tu William ? Editions Calmann Levy - Parution 16 Août 2017 - 379 Pages - 14.99 €