je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

samedi 21 août 2010

Claudie GALLAY : L'amour est une île

Le dernier roman de Claudie Gallay entraîne le lecteur dans l'été du festival d'Avignon en 2003, l'année de la canicule et de la grève des artistes. La ville, les touristes, les artistes et surtout les protagonistes de ce roman nous envoûtent tandis que la chaleur nous écrase.
C'est l'histoire d'un texte, celui de Paul un jeune auteur mort quelques années plus tôt et qui tient le rôle de poète maudit. Odon, directeur de théâtre, le monte sur scène. Nous rencontrons aussi Mathilde, l'ancienne mais toujours présente passion d'Odon devenue une comédienne célèbre, Marie la jeune soeur de Paul qui vit pour et dans sa mémoire.
Les personnages sont durs, parlent peu, avancent dans la vie avec leur fardeau. Le lecteur sent que la vérité n'apportera pas l'espoir. C'est une tragédie que l'on sent venir. L'avenir est sans couleur. Ils vont se croiser sans rien lâcher de leur passé.
Mais le récit nous sert surtout la passion, celle des mots, du théâtre, de l'amour fou.
Ecrit à la manière de petites scènes, l'écriture est sèche vive et pourtant fournie.
Nous déambulons dans Avignon, les détails sont magiques et l'atmosphère du festival vraie.
La chaleur devient vite étouffante comme le suspens que Claudie Gallay distille finement tout au long de l'histoire.
J'ai aimé la rencontre avec ces personnages très attachants mais aussi les hommages rendus à Gérard Philippe, Jean Vilar et ces autres artistes connus.
Une très belle histoire d'hommes et de femmes remplis par la passion mais qui n'arrivent pas à être heureux.

vendredi 20 août 2010

Laurent Gaudé : Ouragan

Le dernier roman de Laurent Gaudé emporte le lecteur en plein coeur du cyclone Katrina qui a dévasté la Louisiane en 2005. Sans jamais le nommer, il nous décrit des scènes apocalyptiques et touche par touche met en scène les personnages de cette histoire. Ils vont se croiser, se déchirer, se reconnaître, mourir. Une chose est sûre, plus rien ne sera pareil.
Les protagonistes de cette aventure nous plongent dans le chaos et le désespoir. Laurent Gaudé insiste sur la défaillance des systèmes de sauvetage, cette population oubliée, humiliée, souillée qui porte le Noir comme couleur de désespoir et de fierté.
Joséphine, 100ans et plus, a fait de sa négritude son emblème d'existence et de résistance, Rose jeune mère peu aimante et que la vie et les hommes ont maltraitée, Kenau son ancien amour qui revient lui dire les mots oubliés, des prisonniers abandonnés qui s'évadent, un révérend mystique complètement allumé qui voit dans cette catastrophe la main de Dieu et d'autres encore.
Tous au sein de ce cataclysme de la nature, vont montrer leur part cachée. Dans une nuit d'enfer, ils vont chercher le chemin de la vérité, à travers la violence, les regrets, les chagrins ultimes, ils essaieront de donner un sens à leur existence, des réponses aux questionnements de la vie.
Comme le dit Sandor Marai en exergue du livre : "Les questions sont : Qui es-tu ?, qu'as-tu fait ?...A qui es tu resté fidèle ?", ces pauvres héros essaieront à leur manière d'y répondre.
Laurent Gaudé avec une plume magnifique nous fait entrer, au rythme des éléments qui se déchaînent, dans une profonde analyse humaine. Le lecteur est pris par cette écriture forte, même si au début la mise en place des personnages peut sembler difficile. Le roman reste très puissant.



jeudi 12 août 2010

Erri de Luca : Le jour d'avant le bonheur

Dans son dernier roman, l'auteur nous entraîne à Naples, sa ville natale et nous la décrit aussi sensuelle et caressante que violente et impitoyable. Le narrateur, un petit garçon de 13 ans, nous raconte son histoire. Celle d'un petit orphelin de l'après-guerre, dans une ville qui n'a pas toujours été glorieuse mais qui a su garder sa fierté. Elevé par un concierge, Don Gaetano, qui lui apprendra la vie plus que les livres qu'il dévore, plus que l'école. La vie avec des mots simples, voilà ce que lui donne cet homme si attaché à lui.
Passant du conte initiatique au roman d'une vie, nous sommes touchés par les mots, remplis de lumière et d'absolu. L'auteur évoque les tourments de l'amour, les doutes de l'adolescence et le besoin de connaître ses origines. Nous suivons avec beaucoup d'émotion, ce petit garçon dans l'apprentissage des codes d'honneur et de vie. Depuis la loge de concierge il observe le monde, et les rencontres qu'il fera marqueront sa vie d'homme. Aidé par Don Gaetano qui voit tout, il apprendra. Sa rencontre avec une veuve et ensuite une jeune fille très particulière le conduira sur les chemins du plaisir et de l'amour.
Erri de Luca nous décrit les paysages napolitains avec beaucoup de magie, à la manière d'une confession il nous émeut sur ce récit initiatique d'un homme qui essaie de panser la blessure d'être fils de personne.