je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

lundi 29 août 2016

Mélanie Finn : S'enfuir

     Quittée par son mari, Pilgrim est une femme seule et désespérée, c'est alors qu'elle cause un terrible accident de la route.
     Elle vit en Suisse, et ce drame la poursuit chaque jour, dans le regard des autres,  l'accusant du terrible terme de "Kindermörderin".
     Elle décide de partir, à l'aéroport elle choisit une destination au hasard et se retrouve en Afrique.
     Mais même en Afrique le passé la hante toujours et au fil de ses rencontres, très particulières, des signes bizarres lui apparaissent.
     Une histoire brutale , une intrigue captivante dans une Afrique où persistent toujours magie, croyances et  corruption .
     Beaucoup de choses arrivent à Pilgrim et nous suivons son parcours à la recherche d'une rédemption toujours plus difficile à atteindre. 
      Suivant les traces de l'héroïne en Afrique, elle nous raconte aussi la Suisse, sa vie comment elle a vécu toute sa désespérance à travers les deux drames qui ont marqué sa vie.
     Puis dans le deuxième chapitre la parole est donnée aux différents personnages de l'histoire. Ainsi le lecteur voit l'histoire de Pilgrim se préciser plus nettement.
     Comment échapper au poids et au choc du passé ? Peut-on vraiment y arriver quand la culpabilité hante les journées et les nuits ? 
     Un ouvrage plaisant à lire, une découverte de lecture qui sert une histoire habilement construite et intéressante.
     Le style est facile, les chapitres clairs. 
Mélanie Finn - S'enfuir - Editions les Escales - Traduit de l'anglais par Rose Labourie - 352 Pages - 21.90 €

dimanche 28 août 2016

Fabrice Humbert : L'origine de la violence

Alors qu'il visite le camp de Buchenwald avec ses élèves, le narrateur qui est un jeune professeur se retrouve dans le musée du camp, devant la photo d'un homme qui ressemble étrangement à son père.
Ce regard qui traverse le temps et l'observe, va continuer de l'obséder à son retour en France, et il mènera une enquête pour découvrir l'histoire de cet homme.
Il apprend alors qu'il s'agit en fait de son véritable grand-père.
Appartenant à une famille très bourgeoise, cette vérité bouleverse toutes les certitudes et lève le voile sur un secret familial .
Habilement fouillé et bien documenté, le roman pose la question de la violence et de son origine.
La connaissance de ce secret familial mêlé à la barbarie de la seconde guerre mondiale, va aider le narrateur à comprendre et à expliquer la violence qui l'habite depuis si longtemps.
A la recherche de la vérité, le jeune homme va marcher sur les traces de ce grand-père méconnu, juif et déporté, dans une histoire d'amour qui aurait pu être banale si le vent de l'histoire n'avait pas soufflé.
C'est le destin de deux familles qui se croisent et se déchirent, l'une juive et pauvre, l'autre riche et qui se veut bien pensante.
A travers l'histoire de cet homme, l'auteur mêle histoire personnelle et universelle et à travers le destin de ce juif torturé par la folie nazie, rend hommage à toutes les victimes.
Dans ce livre, l'auteur explore les thèmes de la violence, de la Shoah au secret de famille en passant par la violence dans les lycées et l'ignoble affaire du gang des barbares; il interroge la sombre jalousie qui condamne un innocent, la vengeance que l'on est tenté de faire, les situations où l'homme n'est pas vraiment brillant.
En forme d'enquête policière et d'interrogations, Fabrice Humbert écrit un récit clair et haletant et rappelle qu'au XXème siècle, celui de la peur disait Camus, il ne faut jamais oublier qu'à un moment des hommes se sont transformés en bourreaux.
Fabrice Humbert - L'Origine de la violence - Le Livre de Poche - 352 Pages - 7.10 €

samedi 27 août 2016

Colum McCann : Treize façons de voir

   
      Dans son dernier recueil de 5 nouvelles, dont un très court roman de 150 pages, Colum Mc Cann nous entraîne au bout de la violence en étudiant ses conséquences psychologiques et traumatiques sur ses personnages.
     Faisant écho à sa propre expérience, l'auteur a été victime d'une très violente agression, il arrive à mettre assez de distance pour transformer le lecteur en témoin.
     Le résultat est froid et implacable comme les coups qui sont donnés sans raison allant jusqu'à une sauvagerie hallucinée.
     La violence donc,  comme fil rouge et une lecture qui se veut sans concession.
     "Treize façons de voir", la première nouvelle éponyme, plutôt une novella, raconte la dernière journée d'un vieux magistrat, ses dernières heures aussi. Vus par les yeux des caméras, que ce soit chez lui, dans la rue ou au restaurant, ces ultimes moments de  vie volée  sont poignants.
     Nous regardons le vieil homme revivre ses années de travail, ses relations difficiles avec son fils, ses ambitions, à toute une vie qui est passée et nous assistons aux coups qui lui sont portés.
     Dans la nouvelle, "Sh'Kohl", qui veut dire en hébreu, les parents qui ont perdu un enfant, l'auteur sonde l'angoisse incommensurable d'une mère adoptive divorcée face à la disparition de son fils. 
     "Le traité", met en scène une religieuse qui revient 30 ans en arrière après avoir reconnu à la télévision l'homme qui l'avait enlevée, séquestrée et violée. Les mots parlent d'une difficile résilience et l'émotion est forte.
     Beaucoup de style et une certaine poésie, malgré la thématique de la violence, se dégagent de ce recueil. L'auteur raconte l'intime et son vécu apporte une réalité confrontée à la fiction.
     Il n'en reste pas moins, une inégalité dans les textes. Mais c'est normal quand on lit des nouvelles.
     Deux nouvelles sont ultra brèves, il faut du talent aussi, mais je les considère plus comme des réflexions personnelles de l'auteur sur la création littéraire.
     C'est un livre qu'il faut découvrir parce que sa construction littéraire est très étonnante et trouve peut être sa source dans la douloureuse expérience de l'écrivain. 
Colum McCann - Treize façons de voir -  Traduit de l'anglais (Irlande) par Jean-Luc Piningre - Editions Belfond - 308 Pages - 20.50 €

mardi 16 août 2016

Jean-Michel Guenassia : La valse des arbres et du ciel

     C'est l'histoire magnifiée du dernier amour de Vincent Van Gogh pour la fille du docteur Gachet pendant un bel et ultime été, celui de 1890 à Auvers sur Oise.
     Un roman porté par une voix amoureuse, celle de Marguerite, jeune fille un peu trop fantasque, élevée dans une famille bourgeoise d'une époque qui destinait les femmes à beaucoup de choses hormis la liberté.
     Le peintre vient de quitter Arles après une hospitalisation en psychiatrie, il a besoin de repos, d'un suivi médical et d'un cadre qui le porte à la création artistique.
     Son frère, Théo, le met en contact avec le Docteur Gachet qui l'accueille chez lui. Sa fille, Marguerite, tombe amoureuse de cet homme plus âgé qu'elle, qui promène sur la vie un regard illuminé et vivant et  peint les paysages que lui seul voit de cette manière.
     A travers son récit, le lecteur plonge dans le quotidien de la bourgeoisie provinciale, et suit les chemins empruntés par le maître à la recherche de la couleur absolue.
     C'est aussi le côté sombre de la famille Gachet qui est détaillé, et particulièrement du docteur, strict, austère, meilleur négociateur opportuniste d'art que médecin .
     Jean-Michel Guenassia imagine une romanesque histoire d'amour entre Marguerite et Vincent et en profite pour questionner les derniers jours du maître avant son suicide.
     Avec des "si", il rappelle la polémique autour de la légitimité des œuvres attribuées à Van Gogh ainsi que de sa mort, essaie de donner des explications et nous plonge dans l'univers des impressionnistes novateurs et critiqués.
     Un très beau roman qui nous mène sur les pas d'un artiste hors norme à la fois solaire et sombre, vigoureux et fragile.
     L'auteur nous fait pénétrer dans son univers et les toiles de l'artiste nous accompagnent.
Jean-Michel Guenassia - La valse des arbres et du ciel - Editions Albin Michel - 304 Pages - 
19.50 €