je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

jeudi 21 juillet 2011

Antoine Blondin : L'humeur Vagabonde

C'est une vraie découverte de lecture. Un petit poche acheté dans une brocante qui m'a interpellé par son titre et sa couverture un peu désuète.
Ecrit en 1955, ce livre fait partie de l'oeuvre assez mince d'un homme de talent pourvu d'une humanité assez rare.
C'est un livre où il est question de départ où la vie se conçoit comme une vaste salle d'attente de trains qui arrivent mais parfois trop tard.
Tel Rastignac du 20ème siècle, le héros Benoît Laborie quitte sa Charente natale, femme et enfants pour "monter" à Paris. Il promènera ses espoirs et son absurdité distante avec une fantaisie désespérée dans un Paris d'après guerre.
Nous le suivons à la découverte de la Ville qui se veut victorieuse alors qu'elle a tout perdu. De la gare aux Tuileries en passant par le Père Lachaise, les stations de métro et une garde à vue au commissariat nous assistons à la triste épopée de cet homme. La fin annonce que la vie n'a pas vraiment d'échappatoire, la solitude est grande comme les nuits. Devenu figurant de cinéma, Benoît, prendra encore des trains mais virtuels.
250 pages de pure délice parce que Blondin donne la parole aux taiseux, aux anti-héros, aux ratés et trouve de la poésie dans le manque et le besoin.
Juste pour le plaisir la dernière phrase : " Un jour, peut-être, nous abattrons les cloisons de notre prison ; nous parlerons à des gens qui nous répondront ; le malentendu se dissipera entre les vivants ; les morts n'auront plus de secret pour nous. Un jour nous prendrons des trains qui partent."

mercredi 20 juillet 2011

Laurent Gaudé : Les oliviers du Négus

Quatre nouvelles composent le dernier livre de Laurent Gaudé. La superbe couverture (merci Actes Sud) invite à un voyage, un voyage très mystérieux.
L'Italie, la mort, la guerre, les mythes, les Enfers, thèmes chers à l'auteur sont servis par un style d'une grande force poétique et emportent le lecteur aux confins du fantastique et du réel.
Ce n'est pas facile de raconter des nouvelles sans risquer de dévoiler une histoire construite d'une manière brève. Les personnages sont des héros hors du commun. Prenant conscience de la fin inéluctable d'un monde, d'une époque ou de leur vie ils font face aux évènements avec parfois une certaine sérénité parfois avec un désespoir infini.
De la Rome antique à nos jours, la mort est déclinée dans chaque texte. Annoncée, refusée ou retardée elle est le fil conducteur des dernières pensées, des regrets, de la nostalgie et des jours heureux à jamais enfuis.
Que ce soit Zio Négus un vieil homme qui vient de mourir dans un village italien, détesté par tous et qui malgré sa vie d'ermite nous raconte avec fièvre l'histoire d'un empereur... Un centurion romain vient prendre la relève d'un autre centurion qui avait défendu pendant trois ans un fort au confins de l'empire romain. Parricide, détresse, peur accompagnent cet homme.
"Le Golem" créature crée par la terre pour se venger de l'homme qui la meurtrit depuis la nuit des temps. L'histoire se passe pendant la guerre 14-18, les hommes contre les hommes, les hommes contre la vie.
Et puis la dernière nouvelle celle d'un juge italien dans un pays gangrené par la mafia. L'histoire s'inspire du meurtre du juge Falcone. La mort est annoncée, et le lecteur vit avec le juge ses derniers jours.
Oeuvre très forte qui donne à réfléchir. C'est impitoyable, violent, dur et tragique. C'est la vie.
Les phrases de Laurent Gaudé portent puissamment peut être d'une façon un peu trop excessive.
Mais le talent littéraire est vrai et l'émotion très grande.
Le talent littéraire est incontestable.




mardi 19 juillet 2011

Martin Suter : Allmen et les libellules

Avec son dernier roman, Martin Suter nous sert les mésaventures de son nouveau héros Allmen, aristocrate ruiné, dévoreur de livres et gentleman cambrioleur à l'occasion.
L'action se passe en Suisse et l'histoire nous entraîne dans l'univers des oeuvres d'art qu'affectionne particulièrement le héros et à la poursuite de cinq coupes Art Déco signées Gallé qu'il aura la chance d'approcher et même de dérober.
Le style balance entre polar et comédie de moeurs aux multiples rebondissements. Une galerie de personnages, allant de truands sans état d'âme dans le milieu des antiquaires à la bourgeoise décalée et très audacieuse en passant par le serviteur guatémaltèque philosophe, détaille une certaine peinture sociale de la bonne société suisse. Suter a l'art et la manière d'égratigner dans ses romans ces richissimes excentriques névrosés et désaxés.
En créant un héros récurrent issu de cette société, il aura l'occasion de poursuivre des aventures aussi palpitantes que rocambolesques.
Le ton est vif, c'est bien mené. Un roman de détente pas désagréable.


lundi 18 juillet 2011

Claire Keegan : Les trois lumières

Avec un récit assez bref (100 pages environ), l'auteur nous offre une jolie balade dans son Irlande natale. A la manière d'une nouvelle, le texte sait rester très poétique et laisse un sentiment très fort sur l'univers rural et social où "la parole n'est une nécessité en aucune circonstance".
Avec un très grande délicatesse Keegan décrit des personnages taiseux et pourtant si lumineux dans leur silence.
C'est l'histoire d'un couple de fermiers irlandais qui pour un été accueille une petite fille. Sa maman à nouveau enceinte ne peut s'en occuper. Le père la dépose le temps d'un café chez les Kinsella et c'est là que la magie de l'écriture opère.
A travers les yeux d'une petite fille, seule et délaissée, nous captons et effleurons l'essence même de ce qui va lier ce couple en souffrance et cette enfant. Une affection sincère, un intérêt immense et un amour profond l' accompagneront dans son apprentissage de la vie.
Le caractère rude des héros dans une Irlande de contes et légendes mais aussi de misère sociale apporte au récit une troublante inquiétude.
L'histoire en elle-même est simple mais la beauté qui s'en dégage et la fin si poignante font de ce livre une véritable découverte de lecture.