je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

lundi 19 décembre 2011

Colum McCann : Les saisons de la nuit

Colum Mc Cann est un écrivain irlandais, établi désormais à New-York. Dans ce roman il raconte l'histoire d'une famille afro-américaine à travers le 20ème siècle.
Dans les années 1910, des travaux gigantesques sont menés dans la Grosse Pomme. Nathan Walker, jeune noir de 19 ans, fait partie de ces travailleurs qui creusent sous l'East River le métro qui reliera Manhattan à Brooklyn. Avec d'autres immigrés italiens, irlandais venus tenter leur chance dans le pays de la liberté, il se retrouve confronté à la dure réalité de ceux qui ne seront jamais reconnus socialement.
Dans les années 1990, Treefog vit dans les sous-sols, tunnels et autres trous de New-York avec d'autres sans abris, compagnons de galère, exclus d'une humanité qui leur hurle sa plus totale indifférence. Exclus de leur passé, de leur vie parfois pour rien, juste un mauvais pas dans une ville qui les oublie dans ses entrailles.
Sous terre, dans un froid glacial ils mènent une vie dont les codes sont impitoyables où l'alcoolisme, la drogue, le racisme, la violence, la misère sociale sont les seules valeurs que la très démocratique Amérique leur concèdent.
Ce sont les histoires de deux bâtisseurs, Nathan et Treefog. D'abord parallèles elles vont d'une façon prévisible se rejoindre donnant au roman une intense profondeur. Nous suivons les traces de ces hommes et femmes, dans un univers où les règles sont dures, qui conservent une authenticité lumineuse.
A ces exclus, ces sans abris, foule anonyme d'un New-York clinquant qui s'aveugle de toutes ses utopies, l'auteur donne la parole en leur dédiant ce roman.
A toutes ses vies mises au ban de la bonne société, entre parenthèses d'une certaine morale et d'une dignité bafouée, à ces hommes et ces femmes de l'ombre, ce livre est leur reconnaissance.
C'est l'épopée d'un siècle finissant bâti sur les ruines d'une liberté en faillite.
Un roman d'une grande puissance qui à travers les vies de ces hommes constate l'essoufflement de ce rêve américain.


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