Négar Djavadi donne la parole à Kimia, peut-être son double littéraire, et à travers le récit de sa vie, elle nous raconte l'histoire de sa famille.
De la Perse ancienne à l'Iran d'aujourd'hui, elle explique les révolutions qui ont marqué son pays et plongé sa famille dans un exil douloureux. Kimia nous embarque dans l'imaginaire des mille et une nuits. Dans la magie d'un Orient disparu.
Parler, écrire pour conjurer la peur, pour poser des mots sur l'exil et continuer de vivre.
La narratrice se trouve dans une salle d'attente dans un hôpital parisien. Elle vit un tournant important de sa vie puisqu'elle a décidé d'avoir un enfant par GPA. Seule, elle attend le médecin, ce moment sera pour elle l'occasion, de convoquer les souvenirs, les événements du passé qui l'ont conduite ici et les différentes étapes de l'histoire de sa grande famille.
L'histoire commence avec celle de son ancêtre, maître d'un harem aux femmes languissantes et parfumées, dernier survivant d'un Orient aux mille et une saveurs.
Mais c'est aussi la plongée de son pays dans l'implacable dictature du Shah, ne pensant que par les dollars et l'Amérique, pour ensuite subir une révolution religieuse qui va imposer à son peuple un ignorance absolue et l'impossibilité d'un autre monde.
Issue d'une famille d'intellectuels opposants au Shah et à Komehy ensuite, elle dépeint des portraits de parents, grand-parents et sœurs absolument cocasses et extraordinaires.
Avec un parcours hors du commun, elle brosse la lutte pour la liberté et le devoir de mémoire qui s'impose.
L'exil est au au cœur de ce livre dense et généreux, tous les exils vécus par des hommes et des femmes différents aux yeux des autres, à l'instar de Kimia, rebelle mais libre.
Il est bien sûr question de liberté, vue et portée par une Iranienne, et d'identité faite de toutes les différences.
Une très belle écriture, à bout de souffle qui nous emporte et nous perd avec félicité dans une multitude de prénoms et de vies évocateurs de contes orientaux.
A lire, pour comprendre aussi l'Histoire complexe de l'Iran et de ses relations très nouées avec la France.
Négar Djavadi - Désorientale - Editions Liana Levi - Août 2016 - 352 Pages - 22 Euros
2 commentaires:
Je suis dedans, et je rame, je rame... Le charme n'opère pas sur moi :-/
La lecture n'est pas simple, elle reflète le parcours difficile et compliquée de cette jeune femme tant dans la tourmente de l'Histoire avec sa famille, mais son parcours compliqué d'identité personnelle.
Mais je peux comprendre, ce livre m'a beaucoup émue et appris sur les événements survenus dans ce pays.
bon courage alors ! et merci le le mot
Marie
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