je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

lundi 24 février 2020

Régis Jauffret : Papa

     Avec "Papa", Régis Jauffret se sert une fois de plus, comme il l'annonce ici de la "réalité pour justifier la fiction".
     En 2008, la diffusion d'un documentaire sur la police de Vichy montre très fugitivement son père. Ce dernier, terrorisé,  apparaît menotté entre deux gestapistes et sortant de l'immeuble marseillais où habite la famille, le film est daté de 1943.
     Jamais cet épisode de la vie de son père n'a été évoqué dans la famille, aucune trace de cette arrestation.
     Son père, Alfred, disparu en 1977 était un homme effacé, inconsistant selon les souvenirs de l'auteur.
     La vision de l'homme sur l'écran déclenche, le désir d'idéaliser son père et d'en faire un héros, et de faire certaines recherches. 
     Son père sourd, dépressif, bourré de médicaments, s'enfonçant dans le silence et la solitude, vivant reclus chez lui.
     Alfred si peu présent, si peu père.
     Les souvenirs de l'auteur aidés par les confessions de la mère montrent un homme à qui manquaient tous les possibles.
     Il aimait la musique mais devenait sourd, il aimait marcher, écrire des poèmes mais rien n'est resté de lui dans l'histoire familiale. Comme une honte.
     J'ai été très gênée par la lecture de cette histoire d'homme. Bien sûr Jauffret manie les mots et même très bien. Il est dans l'épure brutale et là on sent qu'il reste au bord mais se retient.
     Entre réalité et fiction, il mêle et emmêle et je n'arrive pas à comprendre ce qu'il veut.
     Chercher une image de père idéal, le "papa" rêvé, mon père ce héros mais cet homme était malade et l'auteur dit lui-même qu'il était un enfant choyé.
     Je suis perturbée par ce manque d'amour et cette recherche d'amour désespérément, ce vide que l'on veut à tout prix remplir.
     Les histoires de famille sont compliquées et touchent au plus profond de nous, c'est un livre qui m'a longtemps ébranlée par le jugement fait à un homme qui n'est plus là.
     Même si les dernières lignes sont fortes et très belles, elles restent ce que le père n'a jamais été.
     Une lecture déroutante mais à lire.
Régis Jauffret - Papa - Editions Seuil - Parution Janvier 2020 - 208 Pages - 19 €

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