je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

jeudi 17 novembre 2011

Tristan Egolf : Le seigneur des porcheries

La première phrase de ce livre est hallucinante par sa puissance littéraire et hurlante de vérité. Surtout lire tous les mots pour absorber ce tumulte jusqu'à la lie car tout y est annoncé. Comme une prophétie.
Tristan Egolf avait 24 ans quand il a écrit ce roman. Refusé par de nombreuses maisons d'éditions américaines, c'est en France et d'une façon tout à fait romanesque qu'il trouve un éditeur.
Tristan Egolf est mort, il s'est suicidé en 2005. L'ouvrage prend alors une autre dimension.
C'est dans une Amérique rurale inhumaine et enfermée dans son ignorance profonde que grandit John le héros, surdoué (autiste ?), le Seigneur des Porcheries. Même exclus, il fera tout pour survivre dans ce monde, avec une volonté peu commune. Mais, la petitesse d'esprit, la méchanceté des détenteurs de morale anéantiront la chance qui aurait due lui être donnée.
Le dégoût pour cette Amérique foncièrement injuste qui méprise les plus faibles et ne leur donne aucune possibilité, s'exprime ici de manière acérée et impitoyable.
Le récit se partage en deux périodes. La première relate l'histoire de John, de sa naissance dans un bourg dont le nom a une existence uniquement pour ses habitants, de sa place dans la ville de Baker qui lui sera toujours refusée et de toutes les difficultés rencontrées. Il raconte surtout la solitude d'un enfant devant l'incompréhension et l'horreur de la bêtise humaine quand elle est combinée à l'alcoolisme et la bigoterie du Mid-West américain.
La deuxième partie explique la revanche de John sur ces habitants de Baker, d'abord involontairement, elle sera ensuite organisée et finira dans une explosion d'évènements d'une force spectaculaire incroyable.
Ecrit dans une langue virtuose, chaque mot, chaque phrase percute. C'est drôle très drôle et pourtant c'est le pamphlet le plus audacieux contre l'hypocrisie de la société américaine et le constat de son échec démocratique.
D'une grande qualité littéraire, c'est dans un style vif à l'humour corrosif, au langage cru mais non dénué de finesse que l'auteur nous dépeint le portrait d'une Amérique agonisante qui n'arrive plus à faire croire à son rêve.


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