je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mercredi 11 février 2015

Marie Sizun : La Maison-Guerre

     Marie Sizun possède une écriture rare, celle qui nous  bouleverse en nous entraînant dans les souvenirs enfouis, les sensations oubliées, les plus belles celles qui ne demandent qu'à resurgir.
     Elle a surtout les mots pour le dire et sait nous faire partager des moments de pure émotion.
     Dans son dernier livre, elle donne la parole à une narratrice, qui dans sa vie d'adulte se réfugie dans un moment de son enfance qui lui est cher. Quand sa solitude et le vide de sa vie prennent trop de place,elle y trouve le réconfort.
     Alors à cet instant si douloureux, elle se souvient et retourne dans sa "maison-guerre".
     Une maison douce à la petite fille de 5 ans qu'elle était.                En1943, Marie vit avec sa maman à Paris où celle-ci exerce en qualité de comédienne. 
     Pour la mettre à l'abri de Paris occupé par les allemands, elle l'accompagne à la campagne dans les maison des "tantes". 
     C'est la famille de son père, prisonnier de guerre en Allemagne, qui va s'occuper de l'enfant pendant cette parenthèse terrible à comprendre pour une petite fille.
     Protégée, choyée, parfois oubliée dans cette maison, elle est  vivante et découvre à travers les chuchotements, les regards, les non-dits et les paroles prononcées dans son dos, les secrets qu'on aimerait bien lui taire.
     Curieux les souvenirs d'un enfant.
     Ce bonheur de jouer dans le jardin, d'arpenter une maison mystérieuse et d'attendre sans fin une maman qui la visite rapidement, trop rapidement et qui un jour ne viendra plus mais  qui laisse derrière elle comme un parfum de mélancolie.
      Marie Sizun qui sans doute donne écho à ses propres souvenirs dans ce livre, a une façon de tutoyer cette petite fille qui touche énormément.
      Le lecteur est pris dans cette spirale de l'enfance où le manque d'une maman unique est terrible et où justement parce que c'est l'enfance la beauté ressort de la vie comme jamais.
      Des années plus tard, les explications viendront, les secrets seront mis à nu mais pas tous, car cette maman magique gardera une part d'ombre.
      Marie Sizun nous livre la brutalité de la guerre que l'on a cachée à une petite fille et les souvenirs en faisant la part de l'intime que chacun doit garder pour soi.
      Un livre très beau à lire absolument.
Marie Sizun - La Maison-Guerre - Editions Arléa - 220 pages - 20 Euros

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