je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

vendredi 6 mai 2016

Tahar Ben Jelloun : Le mariage de plaisir

Tahar Ben Jelloun évoque à travers une saga familiale dans les années 50, le Maroc qui vit la fin du protectorat français et qui est confronté au changement du monde.
Même si  certains thèmes comme la religion, le racisme, la différence ainsi que l'amour et la jalousie sont plus que jamais de grande actualité. 
Amir est un négociant prospère, il habite Fès avec sa femme et ses enfants. Un mariage qui reste très traditionnel placé sous le signe de la réussite familiale et professionnelle.
Lors de ses longs séjours pour le travail au Sénégal, Amir a l'habitude de contracter "un mariage de plaisir" à durée limitée, autorisé par l'islam pour éviter aux hommes de fréquenter les prostituées. 
C'est ainsi qu'Amir se marie régulièrement à Nabou, une splendide peule de Dakar. Cette superbe noire non musulmane et très libre, éveille en lui un amour véritable et réciproque.
Amir a choisi de ramener la jeune femme à Fès et d'en faire sa seconde épouse.
Il va se confronter à la colère et à la jalousie de sa première femme et à l'impitoyable opinion publique qui n'accepte pas qu'une noire soit placée sur le même rang que sa famille.
Bien que le Maroc ait aboli l'esclavage au début du 20ème siècle, pour le tout le monde, le Noir reste l'image de l'esclave.
La vie devient vite insupportable pour tous et surtout pour Nabou qui se voit traiter plus bas que les domestiques.
Mais Nabou donne naissance à des jumeaux, un blanc et un noir. La vie continue et la deuxième partie de ce très beau livre s'empare de la vie de ces deux garçons. L'un s'en sortira et réussira sa carrière professionnelle, l'autre prendra vite conscience que la couleur de la peau marquera à jamais sa destinée. 
Tahar Ben Jelloun nous donne une écriture lumineuse et poétique pour raconter Fès, le Maroc.
Son style et le ton de la première partie nous font voir un conte où couleur et douceur côtoient la jalousie et l'amour fou.
Mais très vite l'écriture témoigne du racisme accepté et toléré dans une société marocaine qui va vers l'indépendance.
Les années passent mais la douleur persiste devant l'identité  par la couleur de peau, le constat de la différence et ce besoin de rechercher ses origines pour survivre et transmettre.
Un roman d'une grand lucidité habité par la poésie de l'auteur.
Tahar Ben Jelloun - Le mariage de plaisir - Editions Gallimard - 272 Pages - 19.50 €



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