je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

dimanche 26 mars 2017

Laurent Seksik : Romain Gary s'en va-t-en guerre

     Le dernier ouvrage de Laurent Seksik raconte deux jours dramatiques, les 26 et 27 Janvier 1925, de la vie du petit Roman, qui deviendra Romain Gary.
     Dans l'existence de Roman, il y a la mère. Nina, jeune femme fantasque et libre. Elle a vécu une existence difficile avec la perte d'un premier enfant, la difficulté d'être acceptée par la famille son mari très religieux, et maintenant son mari la quitte.
     Elle vit dans le ghetto de Vilno en Lituanie, avec son fils des jours difficiles. Sa boutique de chapeaux est fermée, elle manque d'argent.
     Nina ne vit que pour son fils, elle est malheureuse, et son rêve, dans une société où  persécution et antisémitisme augmentent, est de vivre à Paris avec lui.
     Et puis il y a le père, Arieh, fourreur comme l'étaient son père et son grand-père. La figure du commandeur pour le petit Roman. 
     Un père volage qui les as quittés pour vivre un amour plus serein avec une nouvelle femme.
     C'est le mensonge et la trahison que Roman découvre, en même temps que sa fascination pour ce père absent.
     Le livre est un roman, pas une biographie. Les amateurs de Romain Gary vont certainement pousser de grands cris.
     L'auteur avec ses mots et son rythme soutenu, raconte les modes de vie  du ghetto juif à Vilno. Seksik en fait un personnage sombre et vivant à la fois, avec ses rues, ses boutiques, ses habitants et l'insupportable haine qui monte.
     Faire d'un personnage réel une fiction audacieuse et pleine de mélancolie est je pense un hommage qu'aurait fort apprécié Romain Gary.
     Seksik nous touche par la justesse du ton, par la précision historique qui entoure l'histoire d'un couple qui se déchire.
     Les dernières pages donnent la parole au boucher nazi qui a liquidé le ghetto de Varsovie (60 000 juifs éliminés, le lecteur n'est plus dans la fiction) dans un dialogue avec Arieh, et cet ultime adieu au père face à l'extermination est très émouvant.
     Une envie de relire Gary, "La promesse de l'aube" pour retrouver Nina et comprendre qu'aimer c'est toujours difficile.
      Ce livre raconte la peur, la trahison et la plus profonde misère humaine, il raconte une époque qui plonge dans la barbarie.
Laurent Seksik - Editions Flammarion - 228 Pages - 19 €

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