je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

samedi 19 décembre 2009

Karel Schoeman : Cette vie

Tout au long d'une nuit qu'elle espère la dernière de sa vie, une vieille femme remonte le temps et égrène les souvenirs, les images. Elle se souvient et tente d'obtenir des réponses à des questions depuis longtemps posées. Dans un long et haletant monologue elle nous raconte l'histoire de sa famille, premiers hollandais installés en Afrique du Sud au 19è siècle. Le Karoo, ce désert d'une saisissante beauté offrant tous les contrastes. Dans ce paysage dur, les hommes travaillent, subissent et font subir, pour vivre et continuer. C'est l'histoire de ce pays avec ses guerres, ses clans, ses humiliations, son apartheid. C'est l'histoire d'une petite fille délaissée qui n'a jamais été aimée dans une famille de taiseux, de besogneux. Toujours ignorée et mise à l'écart , elle voue pourtant un profond amour à ses deux frères et une lumineuse admiration pour sa belle sœur Sofie. Témoin de passions secrètes, cachées mais si présentes et violentes, elle comprend les gestes, les regards mais aussi les mots qu'on ne dit pas. Elle entendra les conversations tenues en oubliant sa présence. De cette absence d'existence aux yeux des autres, elle gardera en mémoire tout ce qui la frôlera. A la fin de sa vie, elle nous dit simplement comment la sienne a été remplie uniquement en regardant, en écoutant vivre les autres et en s'imprégnant de sa terre, de son pays. Une vie de solitude et de non amour passée à attendre ceux qui sont partis parfois pour toujours.
Karel Schoeman dans un texte admirable nous offre une saga familiale chez les Afrikaners. Partisan de la cause des Noirs dans son pays, il nous fait vivre par son écriture poétique une histoire étrange, forte entre souvenirs et passions qui nous tient en haleine jusqu'au bout.
L'émotion est là, pesante, on la sent comme ce vent qui balaie ce désert.
Pour ce livre K. Schoeman a reçu le Prix Hertzog, la plus prestigieuse récompense littéraire en Afrique du Sud. C'est un livre d'une grande beauté.

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