Dans ce très beau texte, G. Aubry rend un hommage digne et touchant à son père : François-Xavier Aubry décédé récemment.
Brillant avocat, auteur d'essais et spécialiste de la décentralisation, c'était un homme atteint d'une grave psychose maniaco-dépressive. Il a sombré dans la folie, la solitude, le néant. Il en est mort. Homme toujours éloigné de lui-même, morcelé par cette maladie et connaissant son mal il a tenu un journal notant son évolution, ses angoisses, cet abîme qui le saisissait et l'empêchait de revenir de l'autre côté.
L'auteur ne fait pas un bilan médical. Elle dresse un portrait de son père, à travers les lettres de l'alphabet. 26 chapitres pour raconter et 26 lettres pour essayer de comprendre pourquoi cet universitaire brillant, ce père de famille n'a jamais pu guérir. 26 portraits d'un homme habité par d'autres jamais par lui dans une réalité absolue.
Elle raconte les séjours psychiatriques, la famille dans une souffrance éperdue face à un déni de la maladie, les errances de son pères au bout de la nuit et la déchéance sans lendemain.
Dans une écriture sobre, serrée, elle analyse la petite fille qu'elle était et comment elle a pu être au côté d'un père à jamais absent de lui-même.
Enfin l'écriture rend à cet homme l'enveloppe qu'il aurait aimée avoir et obtenir enfin le néant sans aucune peur, aucune angoisse.
C'est un très beau texte, peut être dur parfois, mais toujours très respectueux de ce mélancolique qui "depuis toujours cherchait le droit, enfin, de ne plus être quelqu'un".
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