je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

dimanche 12 décembre 2010

Hubert Selby Jr : Last exit to Brooklyn

Ce premier roman de l'auteur américain maudit mais désormais mythique est paru dans les années 60, il a d'ailleurs été interdit en Angleterre et dans plusieurs Etats américains pour obscénités.
6 nouvelles, 6 portraits de personnages qui vont se croiser dans et autour d'un bar grec minable de Brooklyn des années 50 près d'une base militaire. Dans le sexe, la violence, l'alcool ces êtres vont essayer de trouver une sortie de secours à leur misérable existence. A travers ces portraits sans aucune lumière d'espoir Selby nous invite dans une traversée des bas-fonds de l'âme.
Travestis, prostitués, homosexuels sont à la dérive dans un univers qui n'offre que la désillusion. Ils cherchent jusqu'au bout de la nuit, des moments d'apaisement. Quand il y arrivent la chute est tellement violente et sordide que le lecteur ne les souhaitent plus.
Les personnages mènent tous la même vie minable, la société est pourrie, aucun dialogue possible, la violence comme distraction, le quotidien sans espoir et les enfants qui seront comme les parents.
Harry, homosexuel refoulé, ignoble avec sa femme, Tralala jeune fille paumée cherchant juste un peu de chaleur et qui finira massacrée, Georgette le travesti poète humilié... tous se retrouvent dans le pitoyable manège d'une vie où la raison a été bannie.
Le lecteur ne peut s'attacher à ces personnages ambigus, pervers et tout au long de la lecture balance entre pitié et dégoût.
On ne peut qu' être fasciné par l'écriture de Selby, directe, sèche, avec des dialogues d'une âpreté extrême amplifiant la sensation de désespoir. Les échanges entre Vinnie et Mary, écrits en majuscules, sont d'une force inouïe. Le lecteur assiste à leurs engueulades. Le manque de ponctuation crée une atmosphère de marginalité.
C'est quand même un livre qui remue, Selby écrivain de talent nous plonge dans une description d'une faune underground assez stupéfiante.



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