je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

jeudi 17 novembre 2011

Norma Huidobro : Le lieu perdu

Norma Huidobro, écrivain argentin, place son roman vers les années 70, dans une Argentine meurtrie par sa plus dramatique histoire. Le lieu perdu, c'est un village, Villa del Carmen, écrasé par le soleil, figé dans une chaleur étouffante. Beaucoup de ses habitants l'ont quitté pour tenter leur chance , vivre une autre vie dans la grande ville si attirante de Buenos Aires. Comme Matilda.
Rien ne se passe dans le village, le temps est arrêté, la parole est rare. Certains n'ont jamais voulu le quitter. Comme Marita. Ses journées sont rythmées par son travail au restaurant de sa grand-mère, ses visites à Nativita , vieille femme qui cuisine des tamales et surtout les lettres qu'elle reçoit de Matilda. Les lettres de la ville, de la vie.
C'est la raison pour laquelle, Ferroni agent travaillant pour les militaires, arrive au village. Il veut récupérer ces lettres, pour savoir où se trouvent Matilda et son fiancé, tous deux recherchés par la dictature.
Dans un lieu perdu, au confins de tout, sous une chaleur que rien n'atténue la tension monte. Ferroni est un tortionnaire cruel et implacable. L'immobilisme de ce village le rend impatient, méchant. Des visions d'enfance le hantent face aux maisons, aux portes fermées dans une sorte de souvenir hallucinatoire.
Marita sent aussi le danger et tient tête au policier dans un dialogue réduit au minimum.
A sa naissance, sa mère est retournée au village. Mais la grand-mère l'a chassée et élève sa petite fille la mettant face à l'absence de sa mère.
Les personnages se racontent dans des monologues (surtout pour Ferroni) et une narration en boucle accentuant ainsi le temps qui n'arrive pas à s'écouler et les secrets douloureux.
C'est un roman très poignant, très fort comme ses femmes déterminées, luttant pour vivre, dans un lieu d'une très grande solitude où les âmes se perdent .
Mémoire, temps, secret de famille, silence donnent à ce livre écrit dans un style épuré une force surprenante.



1 commentaire:

Fabienne F. a dit…

Ferroni, un monstre ? Sans doute... Peut-il imaginer la souffrance de l'autre ? La sienne ? Vraisemblablement mais...trop tard.
J'ai été emportée par ce livre dont certains passages se savourent comme de l'ambroisie. Merci à mon amie, Djohra qui me l'a fait découvrir.