Avec une écriture toute en retenue et délicatesse, Antoine Choplin nous livre dans un souffle, un texte concis et poignant sur une humanité en souffrance.
Sans jamais nommer la catastrophe, Choplin nous délivre un message saisissant d'amitié.
Sa région natale étant devenue une terre d'horreur, Gouri vit à Kiev où il est devenu un écrivain public. Pour faire plaisir à sa fille malade, il va récupérer un objet dans son ancien appartement situé dans la zone sinistrée et contaminée et revoir ainsi sa ville.
Investi de cette mission, sur une moto à une vieille remorque, il s'enfonce dans la campagne ukrainienne, où petit à petit tout n'est que danger et cauchemar. Voitures et hommes ont déserté et même les arbres rappellent que le mal guette encore.
Il fait une halte le soir, chez des amis, qui malgré l' interdiction n'ont pas voulu quitter leur maison.
Pendant cette soirée où la vodka ravive les souvenirs, le lecteur écoute les mots échangés, les souvenirs rappelés et l'histoire d'une vie qui a basculé.
A travers ces paroles murmurées dans la nuit, le lecteur prend conscience des ravages produits par l'accident, et des vies anéanties.
Avec beaucoup de poésie, il nous montre le quotidien de ces hommes et de ces femmes qui avaient une vie avant.
Ils parlent de cet avant, que les évènements ont balayé. L'absurdité des mesures prises, comme celle d'enterrer la terre contaminée, l'effroyable méconnaissance des conséquences et l'impossible prise en charge des victimes.
Un livre qui se lit d'une traite au bout de cette nuit ukrainienne.
Un road-movie hallucinant nous entraîne dans la fin d'un monde où malgré tout subsistent des souvenirs lumineux, comme une lancinante nostalgie.
1 commentaire:
un petit bijou, comme tous les livres de cet auteur. on accompagne le héros dans sa quête, on vit avec lui ses espoirs, ses désillusions, ses joies et ses peines.
as-tu d'autres bouquins de cet auteur?
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