je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

dimanche 1 décembre 2013

Karine Tuil : L'invention de nos vies

Samir Tahar est d'origine musulmane et a fait de brillantes études d'avocat. C'est sur un malentendu autour de son prénom qu'il se fait embaucher dans l'un des plus prestigieux cabinets d'avocats de Paris.
Il devient Sam,  juif séfarade, orphelin, et commence à construire son passé sur le mensonge et la dissimulation.
Imposture, pour fuir une banlieue pauvre, une vie de misère, une discrimination sociale,  une famille de l'ombre, imposture pour enfin lever la tête, être reconnu pour ses valeurs et voir le soleil.
Sam est prêt à tout pour réussir, tout.
Son patron voit en lui plus qu'un collaborateur et  lui confie la direction de sa succursale new-yorkaise.
Son mariage avec Ruth, héritière richissime d'une famille juive américaine influente et toute puissante, le hissera dans la sphère des nantis et intouchables.
Opportuniste, séducteur,  Sam reste prisonnier de ses mensonges mais il s'en arrange. Il aime le luxe, les femmes, l'argent, la réussite, la gloire. Il est redoutable dans le milieu professionnel et n'a aucun état d'âme.
Mais des personnes venues de son histoire cachée resurgissent. Nina une femme qu'il a paasionnément aimé il y a 20 ans  mais qui lui a préféré Samuel, son ami d'études, auquel il a justement volé son passé et puis un demi-frère oublié.
Karine Tuil écrit un roman intense sur la réussite mais aussi les faux-semblants, sur le succès et la manipulation , sur ces petits arrangements que chacun s'autorise. Elle nous entraîne dans une spirale infernale où l'appartenance à une communauté est condamnable et le racisme social exacerbé.
Elle nous montre la notoriété inhumaine et la déchéance totale sur fond de puritanisme américain poussé à l'extrême où la vie d'un individu est pillée, piétinée sans égard.
Une écriture vive, qui bouscule au début et rend la lecture impérative. Le style est saccadé, original et les notes en bas de page confèrent une authenticité dans le récit.
On est happé par l'intensité de l'histoire, par le rythme incessant et la chute qui n'en finit pas pour ces personnages complexes et attachants dans leurs doutes, leurs rêves.
C'est aussi une histoire sur l'amour, celui que l'on donne ou pas, celui que l'on reçoit ou pas, et sur ceux qui sont aimés ou pas.


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