je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

lundi 9 juin 2014

J. Robert Lennon : Mailman

Avec son premier roman traduit en France, J. Robert Lennon nous invite à suivre les péripéties très ordinaires mais très perturbées d'Albert Lippincott, un anti-héros pour qui l'insignifiant est source d'une véritable inquiétude et qui passe à côté de la quintessence de la vie.
Il avait pourtant bien commencé, Albert. Alors qu'il devenait un brillant étudiant en chimie, il est pris d'une envie brûlante et psychologique grave, de mordre l’œil de son  professeur.
Interné en psychiatrie, ce grand malade atteint  de névrose galopante va épouser l'infirmière et se reconvertir en facteur à sa sortie de l'hôpital.
En 2000, devenu Mailman, il est divorcé, vit seul, fait quelques rencontres et aime avant tout se plonger dans la lecture du courrier qu'il subtilise à la distribution lors de sa tournée de facteur.
A 57 ans, il plonge inéluctablement dans une débâcle profonde tant sur le plan professionnel que personnel et médical. Le lecteur va ainsi le suivre dans sa dernière et mémorable tournée.
Dans des flash-backs surprenants, Mailman nous dévoile sa vie remplie de vide et d'obsessions, où ses tentatives sociales, par eemple une aide dans l'humanitaire ou un rapprochement avec ses parents,  échouent lamentablement.
Il passe à côté de tout, insignifiant, transparent, inintéressant.
Lennon nous raconte avant tout une petite ville de Louisiane, Nestor, semblable à beaucoup d'autres aux Etats-Unis, sublime et pathétique où les habitants s'abîment dans un superflu dérisoire.
Une ville où la solitude et l'apparence ravagent les êtres quand ils sont trop fragiles, ne leur donnant aucune chance de s'en sortir. Une certaine image de l'Amérique.
Une écriture savoureuse qui réussit à nous rendre sympathique cet homme  vide de tout, qui attire les ennuis et qui tout au long du livre, cache son mal être et reste au bord de sa folie.
Utilisant un ton noir humoristique, nous comprenons les fêlures de cet homme et le plaignons.
Un livre qui choque par la démence qui rode, par la folie ordinaire de ce facteur, par la solitude de cet homme qui n'a fait que rater sa vie.
Malgré ses presque 700 pages, ce livre ne se lâche pas et l'on souhaite tendre la main à ce héros décalé dans sa vie.


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