Dans le New-York des années 1980, les jeunes traders éclaboussent Wall Street de leur réussite professionnelle et financière. Ils sont les maîtres du monde, arrogants et conquérants.
Leur journée est chargée de stress intense pour décrocher des marchés financiers de plus en plus importants, ils manipulent hommes et fric sans scrupules et construisent un empire, jouant avec le vide d'un abîme sans fin.
Derrière une image de réussite époustouflante, ils brûlent la vie dans une course effrénée vers tous les possibles : argent, alcool, drogue et sexe.
Le sida et la crise financière frapperont de plein fouet cette décennie débridée folle de fric et de luxe et où l'on pouvait s'amuser de tout et tout le temps, en tout cas quand on avait beaucoup d'argent.
C'est la chute d'un de ces princes que Goolrick met en scène dans une écriture fluide et flamboyante comme ces golden boys qui font rêver.
Le héros a réussi, il a tout possédé, tout consommé et consumé.
Après 10 ans de travail acharné dans la Firme, Rooney a perdu son âme mais le monde où il évolue l'entraîne davantage plus loin de ses limites. Miné par l'angoisse, la dépression et le vide total, il ira jusqu'au bout de la nuit, dans un excès qui lui sera fatal.
Sa boîte le licencie et sa femme, le jour même demande le divorce et il se retrouve à la rue, dieu déchu, viré de son appartement, un des plus beaux lofts de la ville
C'est dans sa nouvelle vie, faite d'un quotidien médiocre et ordinaire, que nous le retrouvons 20 ans après.
Sans atermoiements et doté d'un regard d'une grande acuité, il fait le bilan de ce qui s'est passé et nous raconte la spirale infernale d'où il ne pouvait pas sortir indemne.
Alternent les souvenirs flamboyants des fêtes grandioses où tout était à volonté, alcool, drogue et femmes mais aussi overdose, suicide, dépression et où l'argent gagné était dépensé dans la plus totale démesure.
Goolrick fouille et montre le mal que la société engendre avec la chute d'un homme mais aussi et ça c'est tout le talent de Goolrick, cette rédemption, cette recherche du soi perdu.
La référence à Proust est élégante et quand le salut vient de la lecture, alors là c'est grandiose.
A lire absolument pour trouver dans le noir le plus profond et le plus âpre, la beauté.
Robert Goollrick : La chute des princes - Edition Anne Carrière - 231 pages - 21 Euros
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