je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

samedi 5 décembre 2009

Philip Roth : La tache

Accusé de propos racistes par deux élèves noirs de l'Université d'Athéna, Coleman Silk brillant professeur de grec, ancien directeur de département puis recteur de l'université donne sa démission. Il vivra les deux années suivant sa démission dans une profonde colère et un incroyable sentiment d'injustice. Nathan, un ami , tentera à sa demande d'écrire son histoire avec l'université et les combats qu'il a menés pour la sortir de l'immobilisme des habitudes. Mais Coleman a vécu toute son existence avec un secret et Nathan nous fera découvrir les sacrifices de cet homme pour vivre sa vie et l'intolérance subie face à la liberté de disposer de soi. A travers la dernière liaison de Coleman, 71 ans, avec une jeune femme illettrée de 34 ans, Nathan essaie de comprendre cet homme qui est resté finalement fermé aux autres pour vivre sa vie.
Roth nous entraîne dans 60 ans d'une épopée américaine toujours capable du pire pour croire au meilleur, où la fureur de vivre fait oublier les lendemains angoissés, les scandales politiques occultent les revendications minoritaires, où les leçons de morale relèvent de la pudibonderie hypocrite et où le rêve américain rencontre la réalité sordide.
La tache c'est le secret. Tous les personnages de Roth ont des secrets. Face à une société toujours demandeuse d'une certaine image, les héros se fendillent pour rester humains. Personne n'est vraiment ce que l'on croit. La difficulté est de s'arrêter et savoir regarder.
L'intolérance est le fil conducteur de ce livre écrit d'une densité et d'une subtilité d'une grande qualité. Avec Roth il y a toujours de l'humour pour le sexe et de la dérision pour le reste. Pourtant il sait quitter la satire pour nous plonger dans la tristesse, l'amertume, la désillusion.
Sur fond d'affaire Clinton-Lewinsky Roth nous explique les destinées des personnages en fonction du contexte social. Des années 20 qui ont construit Coleman aux années 90 qui le détruisent, ce sont les combats pour la liberté, la lutte des minorités, le racisme, tous les problèmes engendrés par cette société américaine qui sont ici soulevés.

J'ai moins accroché au portrait de Delphine, la jeune prof française diplômée d'Ulm dont Roth s'acharne à en faire une caricature dont les secrets sont pitoyables.
Le livre est quand même remarquable et Roth sait jouer avec maîtrise avec les mots pour nous inciter à la réflexion dans un univers complexe.




1 commentaire:

Stephie a dit…

Je l'ai lu il y a quelques années et mon sentiment était assez partagé sur ce roman très particulier, je trouve.