je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mercredi 29 décembre 2010

Jérôme Ferrari : Où j'ai laissé mon âme

"Aucune victime n'a jamais eu le moindre mal à se transformer en bourreau, au plus petit changement de circonstances", c'est la confession du lieutenant Andreani à son capitaine Degorce, mais c'est surtout la confession d'un homme à un autre.
Le dernier livre de Jérôme Ferrari pour lequel il a obtenu le Prix France Télévision, sert une histoire profonde et émouvante. Ecrit en trois chapitres faisant référence à la passion du Christ, il raconte trois jours, les 27, 28 et 29 mars 1957 pendant la guerre d'Algérie. Réunis dans une villa d' Alger, les deux hommes mettent en place les moyens pour neutraliser l'armée de libération de l'Algérie. Tous les moyens nécessaires afin d'obtenir les renseignements, même la torture, la gégène.
Dans cette maison d'Alger va se jouer une partie de leur histoire. Le chef des rebelles surnommé Tahar est arrêté. Terroriste responsable d'atrocités et de sang français versé, c'est l'occasion pour Andreani de remplir son devoir.
Les souvenirs tourmentent Degorce . Déporté à 19 ans au camp de Buchenwald, combattant pendant la guerre d'Indochine, survivant des terribles combats de Dien Bien Phu il a survécu au camp de rééducation où il a rencontré Andreani. Degorce, rempli de contradictions, n'y croit plus, culpabilise, s'interroge, cherche la rédemption et trouve dans ses visites à Tahar dans sa cellule un peu de lumière, peut être des explications ou une certaine sérénité.
Quarante ans plus tard, face à lui dans un appel muet puisque sans réponse, Andreani lui rappelle l'admiration qu'il lui portait. Dans un monologue lancinant et puissant il interpelle son capitaine sur l'honneur de la France, la fidélité, lui rappelle les années de fraternité dans le combat mais aussi ses manquements.
Un livre d'une grande force où le monologue d'Andreani sans date ni lieu souligne l'intemporalité des questions posées. Mémoire et oubli. Prendre part ou pas, empêcher ou commettre, voir et ne rien dire.
Dans une écriture forte, l'auteur nous offre un texte d'une grande beauté qui appelle à la réflexion sur le sens de l'honneur et du devoir, la honte de soi dans une morale sans issue.

2 commentaires:

Dominique a dit…

un de mes livres préférés de la rentrée littéraire
Un très bon récit mener avec beaucoup de finesse, un roman qui pose des questions cruciales

Jocelyne a dit…

Questions posées par le livre:
-qu'est'ce que l'héroîsme? la vérité, l'humanisme, l'inhumain, la liberté, le Devoir, l'amour, l'Amour, la fidélité? La vie serait-elle une succession de parenthèses? Où sont les limites du Pouvoir et de celui qui le détient?
Deux phrases choc :
- "Il faut vraiment la rhabiller, mon capitaine? C'est con pour les bicots, là,(montrant du doigt les harkis),ça les changerait des chèvres qu'ils niquent" (la bêtise humaine à l'état pur, qui dépasse la méchanceté!)
- "les frontières du bien et du mal sont brouillées"
En RESUME : un livre que je n'ai pu lire qu'à petites doses tant il est intense et interpelle au plus profond de soi-même.