je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

lundi 20 janvier 2014

Bergsveinn Birgisson : La Lettre à Helga

Dans son premier roman, Birgisson nous entraîne à la découverte de l'Islande et la vie à la campagne auprès des éleveurs de moutons dans les années 40.
Roman épistolaire émouvant et prenant,  fin et puissant, il nous raconte une vie remplie de passion et de désir, de choix de vie voulu ou inéluctable dans une lettre confession. Une lettre unique et sacrée, celle écrite trop tard à la femme de sa vie.
Bjarni, l'auteur de cette longue lettre (130 pages) est un vieil homme de 90 ans, et il  vient d'enterrer sa femme.
C'est l'occasion pour lui, une dernière fois, de raconter à celle qu'il a toujours aimée, Helga, ce que fut sa vie sans elle mais aussi ce qu'elle a représenté dans son existence
Contrôleur cantonal des réserves de fourrage,  il a pour voisine la belle Helga dont le mari, dresseur de chevaux, est souvent absent.
Pendant une saison qui restera à jamais dans sa mémoire, la saison de l'amour, ils vont s'aimer, avec passion et violence au risque de voir leur quotidien chamboulé à jamais.
Pendant que sa femme devient aigrie et distante, il s'abandonne dans les bras de la belle et voluptueuse Helga.
Quand elle lui annonce qu'elle est enceinte de lui et qu'elle veut vivre avec lui en ville, Bjarni ne peut se résoudre à quitter sa femme, sa terre, ses bêtes, à abandonner sa vie d'avant.
Elle rompt et reste avec son mari , faisant taire les rumeurs. 
C'est de loin désormais qu'il observe Helga et sa fille, éperdu au spectacle de cette famille qui aurait pu être la sienne.
Un hommage vibrant est rendu ici à la terre transmise de génération en génération, à la nature sauvage, au climat dur dans ces contrées.
Il reste l'éleveur de moutons passionné par son travail et par le devoir accompli, l'amoureux des livres et des poètes qui illuminent son récit, l'éternel malheureux de l'absence de sa Belle.  Barjni n'aura jamais le courage de partir pour elle.
Tout au long de sa lettre, émouvante mais aussi drôle, nous assistons à la force de cet amour qui a traversé le temps, toute une vie, sans être vécu pleinement ou peut être parce qu'il n'a pas été vécu pleinement.
Ce roman intense, interroge sur la passion charnelle, et des choix faits dans une vie et surtout de leurs conséquences.
Bjarni a tout simplement été trop lâche, il aurait pu aimer sa belle, ailleurs, mais sans doute l'aurait-il moins aimé.
Une véritable pépite littéraire islandaise !




1 commentaire:

Jo a dit…

Bouleversée! Je viens de terminer ce roman, et je ne trouve pas d'autre mot : je suis bouleversée, par sa force , sa brutalité par moments, alors que ce n'est qu'un long cri d'amour : pour son aimée, pour son pays, pour son travail, pour la vie. De la poésie pure bien que parfois abrupte et, ce qui ne gâche rien, j'ai eu quelques éclats de rire!!!!
Et que dire de ce style fluide, rocailleux. ADMIRABLE.
Merci, Marie, de ma l'avoir conseillé.

Maintenant que je t'ai mis ce que j'en pense, je vais lire ton analyse.