Laurent Seksik se saisit pour écrire son dernier roman d'un drame intime et familial, celui de la maladie mentale d'Eduard Einstein, fils d'Albert Einstein.
En laissant la parole à trois personnages, Albert Einstein, le père, Mileva, la mère et Eduard le fils, il retrace les liens d'amour, de haine et de solitude qu'ils ont vécus.
En 1930, déjà divorcée de son mari, Miléva laisse son fils, diagnostiqué très tôt schizophrène, à l'asile psychiatrique de Zurich où il finira ses jours.
"Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution" a écrit Albert Einstein. Le génie, prix Nobel de Physique en 1905, ne peut comprendre et n'assumera jamais la déficience mentale de son enfant.
Exilé en Amérique en 1933, en raison des menaces qui pèsent sur lui dans une Allemagne qui bascule progressivement dans le nazisme et la haine des Juifs, il ne reverra jamais son fils et éprouvera pour lui incompréhension et douleur.
Mileva, ne se remettra jamais de la séparation et de l'abandon de son mari, ce savant reconnu dans le monde entier. Seule, elle élèvera ses deux fils dans une rancoeur constante contre leur père. Dévouée entièrement à Eduard, elle s'en occupera toute sa vie.
Eduard est un pianiste doué et un étudiant en médecine prometteur. Mais il est schizophrène et atteint de troubles de la personnalité, il va subir des traitements douloureux à une époque où la médecine ne savait pas soigner cette maladie.
Il alternera jusqu'à la fin de sa vie réclusion psychiatrique et électrochocs avec les sorties autorisées chez sa mère.
Il nous livre ses pensées, sombrant parfois dans une certaine lucidité bien vite rattrapée par sa psychose.
Avec une infinie maîtrise, l'auteur fait part des réflexions les plus intimes des trois protagonistes à travers le biais des journaux, des lettres et de la radio.
Trois destins face à la folie.
C'est un livre bouleversant, sur la filiation,sur le génie et ses faiblesses, sur toute une époque qui a vu l'avènement de la barbarie en Europe, sur l'image écornée d'une Amérique plongée dans le Maccarthysme.
Mais c'est aussi la face cachée d'un grand homme, engagé dans toutes les luttes, vénéré dans ses recherches scientifiques qui se retrouve dans un effroi le plus total devant la folie de son fils.
Le style est précis, les phrases courtes ajoutent de l'intensité au récit.
L'auteur ne juge pas même si le lecteur se laisse tenter de le faire.
1 commentaire:
je viens juste de finir le roman.
Je suis bouleversée. C'est le genre de style qui vous prend aux tripes.
PASSIONNANT.
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