Écrit à la première personne, le dernier livre de Yasmina Khadra donne la parole à Kadhafi dans son dernier repaire, l'ancienne école désaffectée de Syrte. Traqué par les rebelles, abandonné par son peuple il est accompagné par une poignée de fidèles et va vivre sa dernière nuit.
Nous l'accompagnons dans ses souvenirs d'enfance, dans son parcours militaire, son pouvoir sanguinaire et son lynchage public.
Un livre qui perturbe parce que le lecteur se trouve plongé dans les pensées les plus intimes et les plus sombres du Raïs.
On sait l'homme mégalomane, violent et violeur, n'ayant aucune compassion pour le peuple lybien, pour ses proches.
Imbu de lui-même, tyran assoiffé de pouvoir, exécutant toutes ses vengeances, il reste lucide sur son rôle et se déclare l'élu de Dieu. D'ailleurs il entend sa voix et agit à sa demande. Kadhafi est investi d'une mission celui de guide suprême.
L'écriture est comme toujours envoûtante, et Khadra ne condamne pas, il nous livre Kadhafi et surtout les pensées d'un homme qui ne se confiait pas.
Sa dernière nuit sera l'occasion pour le Raïs de se souvenir de sa famille, le clan des Ghous, jeune berger du Fezzan, il est devenu ensuite lieutenant colonel et acquiert le rang de Raïs quand il renverse le roi, portant ainsi son pays à la liberté.
Combattu par le monde entier, il rejette la faute à l'Occident, coupable de tuer son peuple.
Intelligent peut être, certainement pas fou, d'ailleurs il savait faire exécuter les plus viles besognes à ses proches.
Un livre qui ne peut laisser indifférent, parce que la voix de Kadhafi nous parle dans son ultime nuit, et que devant nous se tient le Bédouin insolent, l'orphelin domptant le désert, celui qui aurait pu être un vrai guide.
Le livre reste un roman, l'auteur a utilisé l'âme noire du Raïs, mais le lecteur est bousculé dans ses jugements. C'est bien parce que c'est aussi ce que l'on attend d'un livre.
Yasmina Khadra - La dernière nuit du Raïs - Editions Julliard - 220 Pages - 18 Euros
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