Isabelle Bunisset nous livre un premier roman très original et fouillé. Spécialiste de Céline, elle plonge le lecteur dans l'âme noire et funeste de l'auteur le plus décrié de son temps, pour son dernier voyage au bout de sa plus longue nuit, celle de sa mort.
Dans sa chambre à Meudon , le 30 juin 1961, Céline termine son "Rigodon", testament littétaire pour Gallimard.
Entouré de son amour de danseuse, Lucette, de ses chats et de ses chiens, il entame un long monologue intérieur pour raconter la dérision d'une vie, l'amour de la littérature et surtout du style.
On retrouve cette fameuse petite musique que le style sait nous faire entendre.
Acculé dans ses convictions les plus haineuses, il interpelle et règle ses comptes avec les hommes, tous les hommes qui n'ont pas reconnu son talent.
Vivant à peine de son travail de médecin, il reste pourtant fier de ses opinions, des combats menés même si l'innocence a été perdue.
Le lecteur se partage entre compassion pour cet homme qui a connu son heure de gloire et qui ensuite s'est retrouvé conspué et qui maintenant est seul et aversion devant l'auteur illustre pour son discours et ses positions antisémites qu'il proclame toujours.
L'auteur nous fait lire du Céline, à la première personne, on entend sa voix, ses mots en excès, sa rancoeur, son ton geignard. Oui l'homme avait du style et il s'anime quand il en parle.
Isabelle Bunisset a écrit du Céline, c'était osé pour un premier roman, et au début la lecture nous surprend. On doute, et puis on lit.
Très réussi, très érudit. La lecture est alerte et nous fait découvrir les grands moments de la vie de Louis Ferdinand.
Isabelle Bunisset - Vers la nuit - Editions Flammarion - 15 Euros - 144 Pages
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